Une femme pourrait être élue Evêque en décembre et l'Eglise Evangélique Méthodiste pourrait décider par un vote de devenir indépendante et autonome.
C'es le moment pour les responsables de l'Eglise de veiller à l'intégration des femmes, déclare Pricilla R. Atuel, présidente nationale de l'«United Methodist Women Society for Christian Service», lors d'un interview qu'elle a accordé en août dernier à Manille. «Nous voulons casser cette idée selon laquelle les plus hautes responsabilités dans l'Eglises ne sont réservées qu'aux hommes,» déclare-t-elle. «Nous souhaitons faire en sorte que nos responsables hommes prennent davantage conscience de la nécessité du partenariat et de la capacité des femmes à des fonctions de direction.»
La Conférence Centrale de Philippines de l'Eglise Evangélique Méthodiste prévoit l'élection de trois nouveaux Evêques lors de sa rencontre à venir (14 au 17 décembre). Deux de ses Evêques à la tête de la Conférence, l'Evêque Emerito P. Nacpil du diocèse de Manille et l'Evêque Daniel C. Arichea Jr. du diocèse de Baguio, partent à la retraite. Le diocèse de Mindanao avait été placé sous la supervision épiscopale d'un Evêque à la retraite, Paul Locke A. Granadosin.
Sur les 484 délégués de la Conférence Centrale des Philippines 2000, 170 sont des femmes. La «Methodist Women's Society for Christian Service «a avancé officiellement dès 1999 le nom de la pasteure Elizabeth S. Tapia pour occuper cette fonction épiscopale, initiative sans précédent jusqu'ici. Tapia, professeur de théologie et doyen académique de l'«Union Theological Seminary» à Cavite, est une prédicatrice, un responsable oecuménique et une enseignante de grand renom. Elle a été responsable des Etudes Bibliques au «Carrefour des Femmes» de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) à Orlando en mai 1998. Elle a aussi été une des oratrices de la consultation globale sur l'évangélisation organisée par l'«United Methodist Board of Global Ministries» à Atlanta en juin 1999. Les femmes ont choisi Tapia en fonction de sa préparation académique, de son expérience du ministère au sein de l'Eglise comme diacre et pasteure de campagne. Autres critères expliquant le choix des femmes: la nature inclusive de sa théologie et de son mode de direction comme sa position favorable à l'autonomie et à l'indépendance de l'Eglise, déclare Atuel.
Tout en connaissant le lien de l'Eglise philippine avec l'ensemble de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM), Atuel estime qu'«il est temps pour l'Eglise Evangélique Méthodiste aux Philippines de devenir davantage une Eglise autonome qui puisse se développer à partir de ses propres ressources et montrer à ses relations locales et internationales que nous sommes en mesure de subsister de façon autonome.»
Elle se déclare convaincue du fait que l'Eglise des Philippines dispose d'assez de ressources humaines et autres pour prétendre à l'autosuffisance. Plus de cent ans de présence méthodiste aux Philippines ont permis à l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) des Philippines d'être prête à l'indépendance et capable de définir sa propre identité, ajoute-t-elle.
Le 29 juillet dernier, un groupe de l'EEM a formé un comité, le «Philippines Caucus 2000», qui appelle tous les méthodistes de l'EEM des Philippines à participer activement à l'élection des trois Evêques et soutenir une méthode de gouvernement démocratique. Le groupe soutient aussi l'idée d'autonomie pour l'Eglise des Philippines, car à ses yeux ses relations suivies avec l'Eglise Evangélique Méthodiste des Etats Unis gênent sa croissance. Le groupe a cité en exemple l'incapacité de l'Eglise à entrer directement en dialogue avec les autres Eglises aux Philipines sur le chapitre de l'unité chrétienne en raison de contraintes disciplinaires: à la base de son mécontentement, le constat que tout dialogue oecuménique, quelque soit le niveau, -au Conseil oecuménique des Eglises, à la Conférence Chrétienne de l'Asie et au Conseil Méthodiste Mondial-, passe obligatoirement par l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) aux Etats Unis.
Le groupe de pression «Philippines Caucus 2000» invite la Conférence Centrale à ne pas concentrer seulement tout le programme sur l'élection des trois Evêques, mais à élaborer aussi un programme missionnaire adapté à son contexte.
« Nous ne sommes pas seulement des Méthodistes EEM des Philippines,» déclare le groupe. « Nous sommes des méthodistes EEM des Philippines, dont le témoignage et l'engagement sont conditionnés par un contexte social, économique, politique, culturelle et religieux donné: en fonction de ce contexte, nous démontrons, manifestons et faisons connaître l'amour, l'oeuvre rédemptrice de Jésus-Christ.»
>Source: site web de l'«United Methodist Board of Global Ministries»