France: Les questions de laïcité au sein de la FPF

Il ne se passe pas une journée sans que les médias n'évoquent les questions de la laïcité, que ce soit à propos de la future constitution européenne, ou des questions relancées par l'organisation de l'Islam en France, ou du financement des cultes, ou encore du débat sur le port de signes religieux ostentatoires.


Sur l'initiative de Jean-Arnold de Clermont, président de la Fédération protestante de France (FPF), le conseil de la FPF, réuni le 21 juin, a débattu, dans un climat fraternel et confiant, de la manière dont la FPF voit la question du statut des cultes en France. En effet, les Églises d'Alsace et de Moselle avaient vivement reproché au président de la FPF de s'être laissé aller à s'exprimer sur le statut des cultes dans leur région, dans une interview parue dans l'hebdomadaire Réforme.


Le conseil de la FPF s'exprimera clairement, dans sa prochaine session d'octobre, sur sa «compréhension d'une laïcité ouverte»


Redéfinir la laïcité


Le jeudi 3 juillet, le président de la République a nommé officiellement une commission d'experts qui est chargée de réfléchir à la question de la laïcité. Présidée par Bernard Stasi, médiateur de la République, cette commission comprend une quinzaine de membres de la société civile, choisis en fonction de la réflexion qu'ils ont engagée sur ce sujet ou de leur expérience professionnelle.


Interrogé par le journal Le Monde, Bernard Stasi affirme: «J'aborde cette mission sans préjugé. Je suis chrétien mais profondément laïc. On aime Dieu, mais les religions quelles qu'elles soient doivent nous aider à aimer les autres à travers leurs différences. La laïcité ne doit pas conduire à la méfiance envers les religions, mais doit au contraire leur permettre de vivre ensemble, dans le respect réciproque. Je ne vivrais pas à l'aise dans un pays qui ne reconnaîtrait qu'une seule religion. Et je ne pense pas que la mienne soit supérieure aux autres. Les religions apportent beaucoup à la société, culturellement et moralement. Encore faut-il qu'elles ne soient pas portées par la haine ou l'enfermement»


De son côté, le président de la République, Jacques Chirac, a précisé ce qui était en jeu: «c'est notre capacité à concilier l'unité nationale et la neutralité de la République, avec la reconnaissance de la diversité, notamment religieuse». Il a invité la commission à réfléchir aux «difficultés d'application» que pose l'avis du conseil d'État de 1989 sur le voile, car il ne donne «pas toujours aux enseignants, le cadre nécessaire pour exercer leur mission».


Pour les 20 membres de la commission, la tâche est vaste. Le rapporteur, Rémy Schwartz, conseiller d'État, doit rendre les conclusions de cette commission avant la fin de l'année.


La commission sur «la laïcité dans la République» comprend des universitaires spécialistes des religions, Mohamed Arkoun, Jean Baubérot, Gilles Kepel, Patrick Weil, des philosophes, Régis Debray et Henri Péna-Ruiz, le politologue René Rémond, le sociologue Alain Touraine, le président d'Altédia Raymond Soubie, le recteur de Paris, Maurice Quenet, un proviseur Ghislain Hudson, la médiatrice de l'Éducation nationale sur le voile, Hanifa Chérifi, la juriste Jacqueline Costa-Lascoux, l'avocate Nicole Guedj, la présidente de l'association Ellele, Gaye Petek, Marcel Long, un élu de gauche Michel Oelebarre (PS) et une élue de droite, Nelly Ollin (UMP).

Source: BIA - N° 262 - JUILLET 2003