Nigéria: le Nigéria n'est plus sous la coupe des militaires, le pays s'en remet lentement, déclare un responsable d'Eglise

Après des années de régimes militaires successifs qui ont détruit l'infrastructure et l'économie du Nigéria, le retour à la démocratie s'y avère lent, selon un responsable méthodiste local. ...


Le pasteur M. Kehinde Stéphane a parlé de la situation de son pays pendant sa visite le 6 août dernier au quartier général de la Commission pour la mission et la diaconie de l'EEM (General Board of Global Ministries) (GBGM). Il avait suivi la Conférence Méthodiste Mondiale du 26-31 juillet à Brighton, Angleterre, où le chef de l'Église Méthodiste au Nigéria, Son Éminence Sunday Mbang, a été élu pour cinq ans à la présidence du Conseil Méthodiste Mondial.


Stéphane est lui-même un des 39 évêques - l'équivalent d'un surintendant au sein de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) - dans l'Église Méthodiste autonome du Nigéria forte d'1.5-millions de membres et basée à Lagos.


120 millions de personnes vivent dans ce pays composé de 36 états de 360,000 m2. Bien que le Nigéria ait obtenu son indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne en 1960, des officiers militaires ont pris le contrôle du gouvernement civil le 15 janvier 1966. "Dès alors, nous nous sommes coltinés les militaires," a dit Stéphane.


Bien qu'il y ait eu une administration civile assez brève dans les années 70, le Nigéria n'a connu depuis l'indépendance de régime civil que durant 10 ans contre plus de 30 ans de régime militaire. "C'est ainsi que le Nigéria n'a pas eu beaucoup de temps pour parfaire sa culture politique," a-t-il expliqué.


Les premiers dictateurs militaires ont favorisé un certain développement et jusque dans les années 1976, "nous avions une classe moyenne très active," a dit Stéphane. Mais les gouvernements militaires postérieurs, intéressés seulement à faire fortune, ont réussi seulement à anéantir l'économie tenue à bout de bras par les classes moyennes: seuls, les militaires devenaient riches, quant à la population civile, elle devenait toujours plus pauvre.


L'irresponsabilité et la corruption effrénée des représentants gouvernementaux a plongé l'ensemble du pays, sa structure économique et sociale, dans une profonde décrépitude. "Le pays a consacré toujours moins de ressources, toujours moins ses ressources à répondre aux besoins des gens," a-t-il déclaré.


"L'Eglise n'a survécu que par la grâce de Dieu," a dit Stéphane, ajoutant que le chômage massif a signifié moins de revenus pour l'Eglise. "Nous avons employé l'essentiel de nos ressources à nous occuper des gens, dont nous ne pouvions pas nous détourner."


Malgré la brutalité des gouvernements militaires vis-à-vis des opposants, les Eglises ainsi que d'autres ont travaillé dur pour promouvoir les droits de l'homme au Nigéria. Il a particulièrement salué les efforts de journalistes. "La presse nigériane, pendant cette époque, s'est battue contre les différents régimes militaires en menant de vigoureuses campagnes," a-t-il dit.


Aux temps du Président Olusegun Obasanjo, la société nigériane a tendance vit l'ouverture, selon Stéphane. La liberté de la presse est de retour, il est mis fin à la détention de prisonniers politiques et voilà que débutent les auditions de témoins sur les violations des droits de l'homme commises par les militaires, dans la lignée de la Commission Vérité/Réconciliation d'Afrique du Sud.


Mais les tensions ethniques et religieuses demeurent - y compris les heurts entre Chrétiens et Musulmans -. Aux yeux de Stéphane, la situation ne s'améliorera pas, tant que subsisteront les problèmes de santé, les problèmes d'éducation de même que les problèmes intercommunautaires, sans compter la question de l'injustice économique.


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07/08/2001

Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)