Commentaire: un cadeau de Dieu ne cause pas la honte

Connie D. Rouse*


Que pensait Marie en chemin? Elle était une jeune femme, une vierge, déclare la Bible. Elle était fiancée à Joseph, mais pas encore mariée. Alors un jour, un ange lui apparut et lui dit qu'elle enfanterait un enfant et que cet enfant serait béni. Qu'a dû penser Marie? A-t-elle compris vraiment ce que l'on lui avait dit?


Qu'a dû penser Joseph? Il était issu d'une excellente famille et s'était fiancée à une femme pour vivre la période la plus heureuse de sa vie. Et voici qu'il découvre que Marie était déjà enceinte. L'Évangile de Matthieu dit que Joseph était un homme bon qui ne voulait pas jeter l'opprobre sur Marie. Il a décidé de l'épouser et de se séparer d'elle ensuite le plus discrètement possible. Aussitôt après, l'ange lui apparaît et lui dit de ne pas avoir peur, car l'enfant conçu par Marie provenait de l'Esprit Saint. Qu'a dû penser Joseph? 


Qu'ont pensé les gens? C'était honteux pour une femme d'être une mère célibataire. La joie de Marie et de Joseph devant cette naissance laissait les gens perplexes, car c'était plutôt une honte à leurs yeux. Aucun d'eux n'avait vu ni entendu les anges. 


Un soir récent, mon mari et moi, nous mangions dans un restaurant, quand nous avons repéré une demoiselle qui avait participé à la même classe au lycée que notre fille la plus jeune. Jane (ce n'est pas son nom réel) célébrait le sixième anniversaire de sa fille. C'était une célébration joyeuse pour la famille tout entière. 


Cependant, je me suis rappelée un temps où la joie n'était pas tout à fait de mise. Jane a conçu cet enfant quand elle était encore au lycée. Je me rappelle les méchancetés qui ont été dites sur elle. En outre, je savais que Jane était de l'Eglise Evangélique Méthodiste et qu'elle avait été élevée dans un foyer chrétien. 


Ses parents ont été énormément déçus d'apprendre que leur fille Jane était devenue enceinte, mais ils ont entouré leur fille et leur petit-enfant de leur amour et de leur appui. Au sixième anniversaire de leur petite-fille, Jane avait manifestement mûri pour devenir une belle jeune femme à l'avenir brillant. Son enfant montre déjà une grande confiance en soi. Avec la bénédiction continue de Dieu et l'appui de leur famille, ils réussiront dans la vie.


Je pense aussi à Sally (ce n'est pas non plus son nom réel) qui est venue à l'église un jour pour demander de l'aide financière. Elle n'a reçu aucun appui de sa famille. Ils ont été amèrement déçus de constater que leur fille de 15 ans avait conçu un enfant hors mariage. Puisque les parents ont été incapables de surmonter leur propre douleur et embarras, ils ne pouvaient pas autoriser Sally à parvenir à des sentiments semblables.


Sally est une personne respectable, mais l'environnement actuel de son enfant n'est guère favorable. Elle craint que son enfant se trouve tôt ou tard dans une situation semblable à la sienne et les statistiques prouvent que son inquiétude est justifié. Sally a un travail, mais l'argent ne semble jamais suffire. Pour sûr, elle a fait une erreur, mais son enfant n'est pas une erreur. Son enfant est une bénédiction et la honte est une réponse inopportune à une bénédiction. 


Le monde ne lui permet pas d'oublier son erreur et parfois, cela me peine de le dire, l'église ne le lui permet pas non plus.


Oh, nous les chrétiens, nous achetons un cadeau au bébé et adressons de gentilles paroles à la jeune mère. Cependant, comme dans "Les Misérables" de Victor Hugo, nous prenons rarement en ligne de compte la valeur que cet enfant aura dans le monde de Dieu, parce que nous sommes aveuglés par la manière dont il a été conçu. 


Il faut impérativement se soucier des mères célibataires et de leurs enfants. Mais quand on discute de cette nécessité, je crains la réaction de gens s'imaginant que j'approuve la sexualité en dehors du mariage. Je ne l'approuve pas; de telles pratiques sont mauvaises tant pour les jeunes que pour les adultes. Mais si nous autres chrétiens, nous devons dénoncer le péché, nous devons toujours trouver le moyen d'aimer le pécheur.


Nous sommes tous des pécheurs sauvés par la grâce de Dieu. Nous n'avons pas le droit de juger les autres et nous ne pouvons pas prévoir ce qu'un enfant fera dans l'avenir en fonction de ce que ses parents ont fait dans le passé. Si nous ne réussissons pas à nous soucier de mères célibataires et de leurs enfants, c'est comme si nous posions notre pied sur du charbon sans réaliser que des diamants se cachent dessous.


Alors que nous nous apprêtons à nous tenir près de nos Arbres de Noël ornés de cadeaux, puissions-nous comprendre que tous les enfants, indépendamment de leurs débuts dans la vie, sont des cadeaux de Dieu. 


Puissions-nous le savoir par la naissance d'un Sauveur né d'une femme sans foyer, non mariée. 


Joyeux Noël, paix sur terre et bienveillance à tous les hommes!


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*Rouse est un auteur indépendant et chroniqueuse pour le journal South Carolina United Methodist Advocate" de Greenville, S.C.


Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)