France, Montreuil: incident dans une paroisse évangélique et la double réaction de la FPF et de la FEF

 Les faits


Dimanche 6 février, l'Eglise protestante du Rocher, à Montreuil (Seine-Saint-Denis) célébraient le culte, quand, à 10 h 30, le maire (app. PCF) de Montreuil, Jean-Pierre Brard, accompagné d'un adjoint, a interrompu le service en brandissant une carte tricolore.


Coupant net le pasteur Félicien Mas Miangu, l'élu lui a demandé de remettre dans la demi-heure les papiers attestant de la conformité du lieu de culte aux règles de sécurité. M. Brard avait prévenu la préfecture. Une descente de police devait avoir lieu.


"Dans le cadre de ses fonctions le maire est amené à intervenir dans des structures qui provoquent des soucis de voisinage et de sécurité, précise pour sa part un collaborateur du maire. Une pétition de riverains avait mis en cause le bruit excessif fait par ce temple. M. Brard a demandé de baisser le son puis de surseoir à la tenue du culte."


Un membre de la Fédération protestante de France (FPF), témoin de la scène, a immédiatement alerté le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président de la FPF, qui est intervenu directement auprès du maire. Ce dernier a fait machine arrière. Il a juste eu le temps de téléphoner aux policiers pour leur demander de ne pas se déplacer.


L'Eglise du Rocher fait partie des Eglises protestantes d'expression africaine appartenant à la FPF. Elle compte 250 membres de quinze nationalités. Le pasteur Mas, français originaire de RDC, est aumônier à la prison de la Santé, à Paris.


Les réactions de la Fédération Protestante de France (FPF)


Par la voix de son président, le pasteur Jean-Arnold Clermont a parlé de "menaces sur la liberté de culte". "L’incident est extrêmement grave. Le protestantisme apprécie d'être dans un pays où la liberté des cultes est globalement respectée, mais des menaces pèsent aujourd'hui ponctuellement sur cette liberté", estime le président de la Fédération Protestante de France. Il a rappelé que l'article 32 de la loi de 1905 réprime ceux qui empêchent, retardent ou interrompent les exercices d'un culte par des troubles ou désordres causés dans le local servant à ces exercices.


La Fédération Évangélique de France (FEF) dénonce dans un communiqué une atteinte à la liberté de culte


Dimanche 6 février 2005, M. Jean-Pierre Brard, député-maire de Montreuil 93, a fait irruption dans quatre lieux de culte de sa commune, dont le Centre Missionnaire Évangélique membre de la FEF.


M. Brard a déclaré à l’AFP: « J’ai contrôlé dimanche quatre lieux de culte comme je le fais régulièrement, c’est la vie quotidienne d’un maire… »


La FEF, après avoir recueilli le témoignage du pasteur de cette communauté, pose plusieurs questions :

Pourquoi provoquer un contrôle de sécurité aussi « ostensible » ? 

L’irruption pendant 30 à 40 minutes du maire et d’une autre personne pendant le culte ne peut pas être assimilée à une visite de sécurité sereine.

Pourquoi arracher des affiches, réclamer la preuve d’une inscription au registre du commerce ?

Pourquoi affirmer avant de quitter les lieux qu’après tout, « on peut prier dans le cœur » ?


Cette intervention a profondément choqué les personnes présentes à ce culte. Cette église est régulièrement constituée en association 1905.


La FEF dénonce également les faits qui se sont produits dans les trois lieux de culte et rejoint l’évaluation faite par le président de la Fédération Protestante de France qui a déclaré à l’AFP : « C’est un incident extrêmement grave ! » 


Ces intrusions s’ajoutent à une liste de tracasseries administratives qui s’allonge trop rapidement ces derniers mois. Elles démontrent une dérive inquiétante de la compréhension de la laïcité en France.


La FEF réclame une application sereine de la loi de 1905 dont on fête le centenaire cette année et qui garantit le libre exercice des cultes.



Source: EEMNI/Le Monde/TF1/Fédération Evangélique de France