S’arrachant les sacs de toile remplis de documentation, les milliers de participants du XVIe Congrès international sur le SIDA quittent aujourd’hui Toronto en ayant fait la promesse de traduire les engagements par des actes.
Les organisations d’inspiration religieuse se préparent déjà à accroître leur visibilité pour le XVIIe Congrès international sur le SIDA, qui se tiendra à Mexico en 2008.
Une présence toujours plus importante
Pour ceux qui ont assisté aux précédents Congrès sur le SIDA, le niveau et la qualité de la participation des organisations d’inspiration religieuse a atteint son plus haut point à Toronto.
James Cairns, de la Conférence mondiale des religions pour la paix, affirme que les deux années de préparation au Congrès de Toronto ont été payantes. « Nous avons eu un meilleur accès aux structures de planification, à la communauté ainsi qu’aux comités de direction, et nous y avons été plus présents », souligne-t-il.
Cependant, d’autres personnes se sont demandés si la présence de la communauté religieuse avait été suffisante à Toronto étant donné les efforts qu’elle déploie dans le monde. Ginwell Yooma, coordinateur VIH/SIDA pour l’Eglise « Brethren in Christ » de Zambie, affirme que le niveau des soins offerts par les Eglises et d’autres communautés religieuses en Zambie n’a pas été reconnu à sa juste valeur lors du Congrès.
« En toute honnêteté, je pense que je suis déçu. Je pense que la voix des organisations d’inspiration religieuse ne s’est pas fait entendre », a déclaré Ginwell Yooma.
James Cairns admet que l’objectif de « représenter plus justement la part de ce que font les communautés religieuses en réponse à la pandémie de SIDA » reste à atteindre.
Une Eglise plus ouverte dans le futur
Certains participants d’organisations d’inspiration religieuse ont estimé que le Congrès lui-même était un genre d’espace religieux. Se tenant à la limite du Village mondial, qui exposait les travaux des participants du monde entier, Lisandro Orlov, de l’organisation argentine « Pastoral Ecumenica VIH-SIDA », a évoqué l’importance de l’ouverture.
« Je veux une Eglise qui soit comme ce Congrès », a-t-il déclaré. « C’est tellement accueillant. Tellement ouvert ».
Le traitement n’a toutefois pas été le même pour tout le monde. Rukia Cornelius, une bénévole de l’organisation sud-africaine « Positive Muslims », tout en se félicitant de la stratégie dont a fait preuve la communauté religieuse lors des réunions avec les entreprises pharmaceutiques et l’International AIDS Society, a déploré le manque de représentation de la communauté musulmane lors du Congrès. « Ils sont absents. Je n’ai pas senti leur présence. Je ne les ai pas vus », a-t-elle déclaré. « Les musulmans séropositifs ne souhaitent toujours pas s’exprimer en public. Ils ne se sentent malheureusement pas assez protégés pour parler ».
Somchit Phomthavong, un moine bouddhiste laotien qui assistait à son premier Congrès sur le SIDA, a fait plusieurs discours sur la réponse des bouddhistes au VIH et au SIDA. Pour le Congrès de Mexico, son objectif est d’accroître la présence bouddhiste.
« Si je peux participer à la prochaine conférence, j’espère vraiment que je pourrai apporter plus d’éléments concernant notre tradition pour les partager avec les gens du monde entier », a-t-il déclaré.
L’implication des jeunes a été l’un des thèmes principaux du Congrès. Plus de 1 000 jeunes y ont participé, soit deux fois plus que lors du dernier Congrès international sur le SIDA, qui avait eu lieu à Bangkok en 2004.
Pourtant, Daniel Pieper, de New York, a encouragé une plus grande participation des jeunes pour 2008. « Le fait étant qu’un quart des personnes qui sont nouvellement contaminées sont des jeunes de moins de 25 ans, je pense qu’il est temps que l’Eglise prenne ses responsabilités pour cette situation et qu’elle fasse venir les jeunes au prochain Congrès », a-t-il déclaré.
Regarder vers l’avenir
Andy Seale, responsable des partenariats avec la société civile pour l’ONUSIDA, a souligné que le Congrès de Bangkok, en 2004, avait mis l’accent sur la réduction des risques, alors que le Congrès de cette année a plus insisté sur l’intensification des activités de prévention autour du monde. Les activités de prévention nécessitent une démarche multisectorielle ainsi qu’un apport important de la part de la société civile et des organisations d’inspiration religieuse, selon lui
.
Richard Fee, Secrétaire général de l’Eglise presbytérienne au Canada, a reconnu que le fait que le Congrès a eu lieu à Toronto a réaffirmé les défis que doivent surmonter les Eglises canadiennes. Pour lui, la question est de savoir si elles en font suffisamment pour atteindre le grand public.
« Nous devons nous rendre compte que nous ne travaillons pas pour nous-mêmes : nous travaillons pour la communauté élargie », a-t-il déclaré.
Bernard Kadasia, qui travaille pour le secrétariat de l’International AIDS Society, qui a organisé le Congrès, a félicité les groupes religieux pour s’être réunis sur le thème de « Tenir sa promesse », déclarant que les organisateurs du Congrès souhaitaient reprendre ce thème à Mexico. « Nous avons très bien réussi à montrer ce que nous avions fait et moins bien réussi à dire ce que nous devions faire et à nous assurer que ce serait fait ».
Linda Hartke, coordinatrice de l’Alliance œcuménique « agir ensemble », conclut : « S’il faut tirer une chose de ce Congrès, c’est que nous devons travailler ensemble. Nous devons trouver des moyens de renforcer notre collaboration, y compris avec les communautés religieuses ».
Le 18 août 2006
Source: Alliance œcuménique « agir ensemble »