Côte d’Ivoire : un collectif de femmes fait campagne pour la paix et l’unité nationale

Des croyantes vont faire le tour des temples et mosquées pour prêcher


L'heure est grave. Les espoirs d'une stabilisation de la situation en Côte d'Ivoire s'amenuisent de plus en plus, faisant place à l'inquiétude accentuée par le non-respect des échéances électorales. Face à cette situation, les femmes croyantes, des chrétiennes catholiques, évangéliques méthodistes, Eglise Baptiste Oeuvres et mission, christianistes célestes, musulmanes engagées dans leurs communautés respectives, ont décidé de se mettre ensemble pour créer une organisation dénommée : Collectif des femmes croyantes pour la paix et l'unité en Côte d'Ivoire (Cofeci-ci). Leur slogan : " la paix ne se décrète pas, elle ne se proclame pas, mais se construit, s'enracine et se vit ".


L'assemblée générale constitutive du collectif a eu lieu lundi après-midi au Palais de la culture Treichville. Sous la présidence de maître Offoumou Kaudjhis. Celle qui a été choisie et élue par acclamation présidente du Collectif pour cinq ans, est Mme Madeleine Yao, présidente de l'Association des cadres catholiques.


Combattantes de la paix, les femmes ont préparé depuis deux mois cette rencontre. On les a vues s'embrasser avec émotion, danser ensemble sur le podium du Palais de la culture. Pour être sincères dans leur action, elles vont apprendre à mieux se connaître et à s'aimer à travers des temps de restauration spirituelle. Elles seront également formées aux techniques de médiation. Il est prévu dans leur programme d'action des prières œcuméniques, ainsi que des prédications dans les temples et mosquées pour appeler à la paix.


Dans son allocution Mme Madeleine Yao a indiqué que ce symbole d'unité que ses sœurs et elle affichent débouchera certainement sur l'amour nécessaire à la Côte d'Ivoire pour se refaire moralement, politiquement, économiquement et est le gage de la réconciliation sincère qui se profile à l'horizon. "Tout comme nous avons un seul créateur, Dieu, un seul père, une seule mère, nous n'avons qu'un seul pays, et une seule patrie, Dieu est amour, unité et paix?». La spécificité de ce collectif réside selon elle dans le fait qu'il est non sectaire, apolitique, asyndical et respecte le droit à la différence. L'imam Koudous qui était représenté par l'imam Dosso, a apporté son soutien au Cofec-ci pour la paix en Côte d'Ivoire. Emu, l'imam Kaffou Bamba a dit aux femmes des différentes communautés que si elles avaient commencé à se mettre ensemble depuis 1993, année du décès de Félix Houphouët Boigny, il n'y aurait pas eu de guerre en Côte d'Ivoire. Quant à l'Abbé Siméon Okrou, aumônier des cadres catholiques, il a déclaré que ces femmes viennent de poser un acte prophétique. " Plus tard vous saurez qu'en l'an 2005, des femmes unies ont apporté leur obole pour la paix". Pour sa part, le révérend Djoua Théodore de l'Eglise Evangélique Méthodiste, a souligné que les Eglises temple et mosquées sont pleins les grands jours de prières. Mais que cela ne sert à rien si les croyants ne sont pas capables de s'aimer.


L'idée de voir les femmes de toutes tendances et confessions religieuse ensemble, s'inscrit dans la vision du Père Nicolas Buttet, prêtre suisse de la communauté eucharistein. Lors d'une tournée d'évangélisation en Côte d'Ivoire il les a exhortées à mener des actions concrètes visant à instaurer la paix. Il leur avait dit dans un message qu'avec les femmes Dieu fera de ce pays, un pays phare pour le monde entier. 


08/10/05


Source: Fraternité Matin