Christine Schneider-Oesch rapporte la rencontre qu'elle a faite en marge de la session du 'Programme pour la croissance de l'Eglise et le développement en Afrique', qui rassemblait les représentants de 11 Eglises Méthodistes d'Afrique à Hasliberg, Suisse.
«Aéroport de Zurich, Hall d'arrivée. J'attends l'arrivée des délégués du Sierra Leone. Viennent ensuite deux Africains par les portes. L'homme porte son costume pastoral, la femme est une véritable Mama africaine. Ce sont là 'mes' gens. Tandis que nous poursuivons notre marche, nous commençons à discuter ensemble. 'Comment ça va chez vous, dans votre pays? L'homme fouille dans son bagage, en retire des photos et nous les montre. Je vois un groupe de personnes. 'Votre famille?', demandais-je? Et puis brusquement, à y regarder de plus près, je réalisais ce qu'on voyait sur la photo. A ces gens, il manquait une main, une jambe, à quelques uns, il manquait les deux. Les moignons étaient enroulés dans de grosses bandes. Et là, j'ai commencé à réfléchir. Au Sierra Leone sévit depuis des années une guerre civile. Nos journaux n'en parlent qu'en de courtes manchettes. Ce que je vois sur cette photo, ce sont des victimes de cette guerre. Ils n'ont pas perdu leurs membres par accident en sautant sur des mines, comme je me l'étais d'abord imaginé. L'homme m'apporte l'explication: des rebelles sont entrés dans le village. Tout en vous pointant de leur arme, ils vous exigeaient de couper un membre à quelqu'un, parfois aux membres même de sa propre famille -. 'Si tu ne le fais pas, alors tu es mort', menaçaient les rebelles. D'après les récits de ces deux personnes, il ne s'agit pas de cas isolés; ces cas se sont répétés souvent durant cette guerre. Cela métonne de voir que les gens confrontés à de telles situations ne perdent pas espoir. A moins qu'espérer soit tout simplement une nécessité, parce que sans espoir la vie n'est plus guère possible!»
>Source: Kirche+Welt