L'église, le président doivent dire "Non" à la torture

Un commentaire du pasteur Mike Macdonald*


Comme le prophète Nathan s'est confronté un jour au Roi David, il est temps maintenant pour l'Eglise d'élever sa voix et de dire au président Bush qu'au nom de Dieu, de l'humanité et de l'intégrité nationale, il doit impérativement renoncer à l'usage de la torture.

Comme pasteur servant une congrégation locale comprenant à la fois des Démocrates et des Républicains, des libéraux et des conservateurs, j'évite toute politique partisane. La torture n'est pas une question de parti. 46 sénateurs Républicains sur 55 ont voté en faveur de l’interdiction de toute forme de torture au niveau de toutes les agences gouvernementales américaines. Le projet de loi a été parrainé par John McCain, R-Ariz., un véritable patriote, un véritable conservateur et partisan de la guerre en Irak ainsi que par Lindsey Graham, R-S.C., un ancien avocat militaire et colonel de Réserve de l'Armée de l'air, qu'il sert toujours en tant que juge militaire. L'ancien Secrétaire d'Etat Colin Powell et un grand nombre d'autres personnalités de haut rang, des officiers militaires à la retraite, ont appelé à une telle interdiction.

Il y a eu deux arguments primaires avancés pour justifier une telle interdiction. 

Premièrement, l'utilisation de la torture, pour quelle que raison que ce soit, va à l'encontre de tout ce que nous sommes en tant que nation. Nous prétendons croire en la justice pour tous; mais la torture et la justice s'excluent mutuellement. Nous prétendons croire en la dignité de chaque être humain; mais la torture viole la dignité humaine du torturé. Dans un sens, le tortionnaire - et le pays qui approuve l’usage de la torture - viole sa propre dignité humaine encore plus profondément que la dignité de la personne qu'il torture.

Le deuxième argument consiste à dire que non seulement la torture est inefficace, mais qu'elle est aussi contreproductive. .... Au mieux, elle produit des résultats douteux; l'utilisation de la torture suscite des réactions de haine à notre encontre dans le reste du monde et on ne s’interroge pas là-dessus. Quand l'administration veut autoriser exceptionnellement la CIA à faire usage de la torture, elle sape complètement toute forme de revendication morale. Il est difficile de comprendre pourquoi le président refuse de légiférer sur l'interdiction de la torture si nous n'avons pas l'intention d'employer la torture. 

Ces deux arguments sont complètement valables. Comme c'est très souvent le cas, la chose morale à faire est aussi la chose sage à faire à long terme. La torture est à la fois immorale et imprudente. 

Il y a une troisième raison qui justifie le renoncement à la torture et qui tient l'Eglise pour le Nathan moderne. Dans un débat qu'il a eu avec des candidats aux présidentielles Républicains le 13 décembre 1999, le Président Bush a nommé Jésus Christ comme son "philosophe politique" favori. Dès lors, il a invoqué le nom de Dieu dans la bataille qu'il mène contre le terrorisme et permis à Franklin Graham de conclure sa prière inaugurale avec un "au nom de Jésus." Pour cette raison, il nous paraît tout indiqué de demander au président s'il croit vraiment que Jésus approuverait la torture, même au nom de la sécurité nationale.

L'ironie de l'histoire, c'est que ce Jésus lui-même a été torturé à mort au nom de la sécurité nationale. Les Romains n'ont pas crucifié Jésus à cause de ses croyances religieuses. Ils ont également méprisé toute la théologie Juive. La crucifixion du Christ était une exécution politique. Et la crucifixion a été intentionnellement conçue pour être employée comme une forme de torture. Il est impossible de réconcilier le désir de suivre Jésus comme"un philosophe politique" et de justifier la torture. Ces deux idées s'excluent mutuellement - il faut renoncer à l'une ou à l'autre. 

C'est le devoir de l'Eglise de dire au président et à tous ceux qui toléreraient la torture tout en prétendant être disciples du Christ, qu'ils doivent faire un choix : suivre le Christ ou abandonner le Christ.

L'utilisation de la torture n'est pas moralement ambiguë. Rejeter la torture n'est pas une politique partisane.


*Macdonald est le pasteur de l'Église Evangélique Méthodiste Broad Street de Mooresville, N.C.


Le 15 décembre 2005 

Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)