B. Tarjkovski: les réactions aux Etats Unis

Nombreux furent les cercles qui ont admiré Boris Trajkovski, un Evangélique Méthodiste pour ses compétences en matière de conciliation et pour sa capacité à jeter des ponts: le président avait travaillé d'arrache pied à l'unité de son pays, la Macédoine, il est mort le 26 février des suites d'un accident d'avion au sud-est de la Bosnie.


Le président macédonien, 47 ans, avait été en route pour une conférence économique régionale à Mostar quand les contrôleurs de navigation aérienne ont perdu tout contact avec l'avion, les conditions météorologiques étaient très mauvaises. L'épave a été retrouvée plus tard dans les montagnesà quelques 50 milles au sud de Sarajevo. Six des conseillers de Trajkovski et deux pilotes ont aussi été tués; on déplore aucun survivant à cet accident.


Sa femme, Vilma et deux enfants lui survivent.


Pour les Evangéliques Méthodistes, sa mort est doublement tragique. Trajkovski - lauréat du Prix Méthodiste Mindial de la Paix 2002 - a activement travaillé pour la paix et la stabilité politique non seulement de sa petite nation mais aussi de l'ensemble de la région des Balkans. Il a aussi essayé de renforcer les relations entre les divers groupes ethniques et religieux, sa foi chrétienne lui servant de guide.


"C'est une perte tragique pour l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) et la famille Méthodiste dans son entier," déclarait le pasteur R. Randy Dayle auprès de l'Agence de presse évangélique méthodiste (UMNS).


Day, responsable du Conseil Mondial de la Mission (GBGM), a dit que l'église dans son entier était fière de ce qu'a fait Trajkovski, à la fois comme leader politique et responsable laïque fidèle de l'église.


"Il était fier de ses racines religieuses wesleyennes," a dit Day. "Il était un partenaire actif du réseau missionnaire de l'Evangélique Méthodiste. Sa chaleur, son humour et ses sages conseils nous feront défaut."


Le pasteur Wilhelm Nausner, basé en Autriche, avait cultivé des relations étroites avec Trajkovski, en tant que surintendant du district de la Macédoine de l'Eglise Evangélique Méthodiste en Macédoine, qui compte environ 6,000 membres.


Trajkovski, qui intervenait souvent au cours des cultes à son Eglise Evangélique Méthodiste de Skopje, avait été actif dans l'église depuis son enfance à Strumica. Il est même resté le président du comité directeur de l'Eglise après son élection de président de la Macédoine, ajoutait Nausner.


Sa position de chef d'état n'a pas toujours été un avantage pour les membres de l'église comme lui: ils sont parfois devenus les cibles de ses ennemis. "Mais les gens dans l'église l'ont aimé," a-t-il ajouté. "Il était toujours un chrétien prêt à témoigner. Il a essayé d'agir à tous points de vue selon ses convictions."


Trajkovski était sorti diplômé de l'Université de St Cyrille et Méthode de Skopje en 1980 et s'était spécialisé dans le droit commercial et social. Il avait aussi participé à un certain nombre de conférences internationales impliquant la résolution des conflits, la tolérance religieuse et la liberté religieuse.


Ses efforts de médiateur comme ministre adjoint des affaires étrangères pour la Macédoine ont rallié à lui le vote albanais et permis son élection en 1999 comme président. À la fin de son discours d'investiture prononcé le 15 décembre, il a invoqué les paroles d'Abraham Lincoln, qui a voulu "guérir les blessures du pays" après la guerre civile américaine.


Deux ans plus tard, il a employé ses compétences pour tenter de réduire les tensions entre la majorité macédonienne slave et les Albanais de souche et signer un traité de paix mis en application par l'OTAN.


Nausner a dit qu'il avait rencontré le président deux semaines avant sa mort et avait eu une longue conversation avec lui sur le souci qui était le sien après la scission survenu au sein de l'Église Orthodoxe, entre ceux qui veulent rester alignés sur l'Église Orthodoxe Serbe et ceux qui favorisent l'émergence d'une Église Orthodoxe autonome en Macédoine.


"Il essayait toujours de rassembler les gens - parler avec les uns et les autres et non simplement parler des uns aux autres," a dit Nausner. 


Trajkovski a aussi joué un rôle majeur dans la décision du Parlement macédonien d'approuver une nouvelle constitution reconnaissant la minorité albanaise et les principaux groupes religieux non-orthodoxes, y compris les Catholiques Romains, les Protestants, les Juifs et les Musulmans.


Le pasteur Peter Siegfried, un des responsables du Conseil Mondial de la Mission (GBGM), était témoin des efforts du président à améliorer les relations interreligieuses quand il a suivi une conférence liée à cette question en Macédoine. "Là où il y avait des tensions, là se trouvait Boris Trajkovski: il essayait de trouver un terrrain d'entente et de rassembler les gens," a-t-il dit.


Des Evangéliques Méthodistes comme le pasteur Phil Wogaman de Washington, qui a fait la connaisance de Trajkovski comme délégué des Conférences Générales de la dénomination en 1988, 1992 1996, l'ont reconnu comme "une force pour le bien" en Europe.


"Il était parmi les meilleurs hommes d'Etat dans le monde et dans la meilleur des traditions méthodistes en matière de conciliation," a dit Wogaman.


L'église a officiellement reconnu Trajkovski quand il a été lauréat du Prix Mondial Méthodiste de la Paix en 2002, conféré annuellement par le Conseil Méthodiste Mondial. La nomination à ce prix était l'initiative du pasteur Thomas Trainor et du pasteur Ed Carll, pasteurs de la plus grande Conférence Annuelle du New Jersey.


Aucun d'entre eux n'avait rencontré précédemment le président macédonien, mais ils avaient été impressionnés par les dépêches faisant état de ses efforts répétés pour unir ce pays. Plus tard, ils ont eu la chance de saluer Trajkovski à la remise du prix à Oslo, la Norvège.


"Il a parlé de sa foi comme d'une chose naturelle,' c'est ce que je suis, '" s'est rappelé Trainor, un pasteur à la retraite responsable du département des missions à la première Eglise Evangélique Méthodiste de Tuckerton, N.J. "Ce devait être un homme d'une grande foi pour faire ce qu'il a fait. Son décès va être une grande perte là-bas."


Le pasteur George Freeman, autre resposnable du Conseil Méthodiste de la Mission (GBGM), a dit que Trajkovski avait reçu le prix "parce qu'il avait été capable d'utiliser sa foi pour apporter la paix et la stabilité dans une région du monde d'une façon non violente et parce qu'il avait été motivé par sa foi en Dieu. Nous avons été juste impressionnés par sa capacité de persévérer dans ce genre de circonstances."


Freeman s'est rappelé Trajkovski comme d'"une personne authentique et sincère." Comme président de la Macédoine, il a rencontré beaucoup d'autres leaders mondiaux, mais il a dit à Freeman que la rencontre la plus significativede sa vie, c'était celle entre lui et le Président américain George Bush - également un Evangélique Méthodiste - ils ont prié ensemble en privé dans le Bureau Ovale.


"Il avait été un disciple ferme et engagé ainsi qu'un ambassadeur du Christ bien longtemps avant d'être l'ambassadeur d'un autre pays," a dit le pasteur H. Eddie Fox, responsable du département de l'évangélisation mondiale au sein du conseil et un ami de Trajkovski pendant 14 ans.


Fox et le pasteur Maxie Dunnam, président du Séminaire Théologique d'Asbury, avaient projeté de visiter Trajkovski à Pâques prochain et de lui attribuer d'un doctorat honoraire au nom du séminaire.


Comme dénomination, les Evangéliques Méthodistes ont contribué à la réconciliation et à la recontruction des Balkans, en travaillant sur des questions comme le retour des réfugiés et l'aide humanitaire aux personnes déplacées à l'intérieur du pays et à d'autres groupes vulnérables.


Parmi les participants de la conférence que Trajkovski devait rejoindre à Mostar figuraient les représentants de l'organisation non-gouvervementale de l'Evangélique Evangélique (Oeuvre d'entraide de l'EEM - l'UMCOR). 


Zlatan Buljko, le chef du bureau de l'agence à Mostar, a noté que "les habitants de Bosnie lui doivent une grande dette de gratitude" pour ses efforts à établir la paix dans la région.


Robert Garnett, le chef de l'agence de la mission pour les Balkans, a salué Trajkovski pour la stabilité qu'il a aidé à apporter en Macédoine et pour sa contribution à l'église là-bas. "L'UMCOR continuera à travailler partout dans la région Balkanique pour assurer la poursuite de l'oeuvre de paix et de reconstruction qu'a entamée le Président Trajkovski," a-t-il dit.


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Le 26 février 2004

Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)