France: mobilisation des associations chrétiennes contre la guerre

«Refuser la guerre, préparer la paix»


Les associations chrétiennes ont publié, le 20 mars, la lettre «Refuser la guerre, préparer la paix».Elles appellent les chrétiens à «dire non à cette guerre», et la déclare «illégale et illégitime»


La guerre, longtemps redoutée, vient d’éclater. Notre pensée se tourne d’abord vers les populations civiles d’Irak, déjà durement opprimées par le régime de Saddam Hussein et par douze ans d’embargo. Une fois encore, ce sont les petits et les pauvres qui sont tués, blessés, jetés sur les chemins de l’exil. 


En janvier dernier, nous nous sommes unis pour appeler les chrétiens à dire non à cette guerre. Un refus que nos mouvements ont redit, avec d’autres, dans les grandes manifestations du 15 février et du 15 mars. Nous le redisons aujourd’hui : cette guerre est illégale et illégitime, car elle n’intervient ni en «légitime défense», ni en «ultime recours». Nous déplorons notamment que les résultats significatifs obtenus par les inspecteurs de l’ONU pour désarmer l’Irak aient été délibérément sous-estimés. 


Même si cette guerre devait rapidement abattre le pouvoir de Saddam Hussein, mettant ainsi fin à un régime haïssable, nous persistons à la juger illégitime, notamment à cause de ses graves conséquences sur le moyen et le long termes : 


- l’atteinte portée au droit international. L’usage de la force armée, en violation des principes de la Charte de l’ONU, affaiblit gravement l’instance qui, en ces temps de mondialisation, devrait au contraire voir son rôle s’affermir pour gérer de manière multilatérale – et non en fonction des intérêts ou des idéologies des plus puissants – les grandes questions de la planète. 


- la déstabilisation de toute la région, avec le risque de voir se déclencher des conflits armés en chaîne. La guerre n’est pas un moyen pour établir la démocratie et pour régler les conflits, lesquels appellent toujours la négociation. Seule, une conférence internationale permettra de rechercher une solution dans la justice et le droit qui soit équitable pour tous les peuples du Proche-Orient, notamment ceux d’Israël et de Palestine. 


- le risque de tensions croissantes entre le monde occidental et le monde arabo-musulman. En alimentant la propagande des islamistes radicaux, cette guerre peut nourrir le terrorisme et exposer nos sœurs et frères chrétiens du Proche-Orient à de grands dangers. Il importe de redire avec force, avec tous les croyants, avec Jean Paul II et tous les responsables des grandes Eglises chrétiennes, qu’aucune guerre n’est «sainte», que personne ne peut identifier sa cause à celle du «bien» contre le «mal». Que la constante opposition de toutes nos Eglises à la guerre ne soit pas masquée par les références isolées et simplistes des actuels responsables politiques américains au message biblique. 


- le risque de disqualifier, dans le monde arabo-musulman, les valeurs que nous souhaiterions au contraire y voir se développer, pour le bien des peuples eux mêmes et de la paix: le respect des droits de l'homme, de la démocratie, du pluralisme religieux, etc. La perception, déjà bien ancrée, que les puissances occidentales usent de «deux poids deux mesures» dans la mise en œuvre de leurs propres principes, selon que leurs intérêts sont ou non en cause, ne pourra que se renforcer. 


- un énorme gâchis économique. Des milliards de dollars vont être détournés des investissements productifs et de la lutte contre la pauvreté. La crise économique et le chômage dont souffrent aujourd’hui les pays industrialisés et, plus encore, les pays en développement seront aggravés. 


Partout dans le monde, les opinions publiques ont refusé cette guerre. C’est un grand signe d’espoir pour demain. Cette opinion publique internationale va continuer à se mobiliser pour exiger le retour, le plus vite possible, à une paix fondée sur la légalité internationale. Chrétiens, notre espérance nous appelle à croire qu’une paix fondée sur le droit, la justice, la solidarité, la résolution non violente des conflits est possible. Nous nous engageons à continuer à y travailler. 


Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) - CIMADE - Communauté Mission de France– Conférence des Supérieures majeures (CSM) - Congrégation du Saint-Esprit - Justice et Paix - Equipes enseignantes – Comité catholique contre la faim et our le développement (CCFD – Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) - Pax Christi – Mouvement international pour la Réconciliation (MIR) – L’Œuvre d’Orient - Nous sommes aussi l’Eglise –- Secours catholique - Vivre ensemble l’Evangile aujourd’hui (VEA). 


Source: Acat France