France: déclaration de l’évêque catholique d’Auxerre estimant la foi de Monsieur Bush mal éclairée et représentative d'une religion subjective, du courant évangélique, méthodiste...

Le quotidien de l'Yonne républicaine a interrogé le 21 mars 2003 le responsable de la Mission de France, Mgr Gilson, évêque d'Auxerre, à la veille de la déclaration de la guerre contre l'Irak, lequel redit son refus de la guerre, qui est loin d'être "un chemin de résolution vraie des conflits" et son refus obstiné de voir Dieu instrumentalisé par les pouvoirs: "Mon deuxième sentiment fut la prière: Seigneur, faites que vous ne soyez pas récupéré, instrumentalisé."


L’homme d’Eglise dit aussi ce qu'il pense des réminiscences divines apparaisant fréquemment dans le discours du président américain fier de son méthodisme: "Face au risque, à l’aventure, à la mort possible, il y a la tentation de s’accrocher à l’absolu. Et donc de faire intervenir Dieu de son côté, pour se protéger, pour la victoire. C’est une déviance, car on ne peut pas instrumentaliser Dieu. C’est de la récupération, et aussi un signe de faiblesse. Monsieur Bush a une religion subjective, c’est le grand courant évangéliste et méthodiste de l’Amérique, où il n’y a pas d’instance qui amène à chercher la vérité sur Dieu.


Nous nous permettons dans le cadre d'EEMNI de rappeler à nos lecteurs que l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM), comme toute autre Eglise de la Réforme, ne se donne pas, contrairement aux idées reçues, dont témoignent les propos de cet homme d'Eglise, comme une instance anarchiste où toute forme de pensée aurait sa place, le vrai et son contraire, mais comme une assemblée soucieuse de se soumettre en permanence à la Parole de Dieu reconnue comme l'ultime autorité en matière de foi et de vie (ecclesia semper reformata et reformanda). Sur cette base, l'EEM a formulé dans ses documents de référence (les principes sociaux) son opposition radicale à la guerre pour résoudre les conflits; à ce titre, ses instances dirigeantes ne cessent de s'opposer aux menées guerrières du président Bush. Aussi serait-il judicieux que les religieux et les journalistes évitent tout amalgame entre telle politique partisane et la position officielle d'une Eglise, entre les thèses avancées par le gouvernement Bush et les convictions affichées par l'EEM.


Relevons enfin comme note positive l'importance que le prélat reconnaît à la prière en ces temps troublés: "Certes, il faut prier Dieu, mais pas en lui disant: on ne peut plus rien faire, alors viens nous sauver. Il faut prier pour que chacun soit éclairé dans sa conscience et renonce à la tentation du mal, dans la conversion du cœur. Le drame, c’est que ce temps de recul, de «reposance», nous avons beaucoup de mal à le prendre. Alors, il faut faire jouer notre rationalité, notre raison. Ne pas se contenter de regarder les seules actualités à la télévision, mais se faire une opinion, entendre des avis et des points de vue différents. Mais la guerre est là, et il faut déjà s’interroger sur notre responsabilité à construire la paix. Construire la paix dans les cœurs et dans l’action. Et aux Etats-Unis aussi, car ils sont en guerre et devront réapprendre à offrir la paix. Ils auront un immense travail à accomplir pour retisser les liens avec l’ONU et rebâtir une paix juste avec les Irakiens.

Source: EEMNI