GENEVE : LES EGLISES ISSUES DE LA MIGRATION PARTICIPENT AU JEUNE FÉDÉRAL


L'Eglise protestante de Genève (EPG) a célébré le 8 septembre un Jeûne genevois «international», en conviant les communautés protestantes étrangères du canton. A cette occasion, Roswitha Golder, pasteure chargée de mission par l'EPG auprès du mouvement Témoigner ensemble, a été installée dans ce ministère. Jusqu’ici Roswitha Golder était la pasteure de la communauté latinoaméricaine de Genève (église méthodiste). Témoigner ensemble fédère 70 de ces «Eglises de la migration» dont l'essor n'a cessé de croître en quelques décennies. Propos recueillis par Rachad Armanios pour le compte du quotidien suisse Le Courrier . 


Quelle est la nature de votre tâche?

Roswitha Golder: Le but est d'apprendre à connaître ces Eglises ou communautés protestantes (au sens large) installées à Genève, ainsi qu'à être pour elles un interlocuteur de l'Eglise. Ma tâche a une dimension de coordination puisque ces Eglises louent souvent des locaux de nos paroisses pour célébrer le culte. Mais au-delà, il s'agit de favoriser un échange et l'enrichissement mutuel. Par exemple, la façon africaine de célébrer le culte, avec des chants et des danses qui contrastent avec nos célébrations plus austères, nous inspire beaucoup. Des paroisses organisent plusieurs fois par an des cultes communs. 

Ces Eglises issues de la migration, quelles sont-elles?

Elles viennent du monde entier – Afrique, Amérique latine, Asie, Europe. Certaines sont historiquement plus anciennes, telles que les anglicans ou les luthériens, mais la plupart sont de tendance évangélique ou pentecôtiste. Elles comptent de vingt à trente fidèles à plusieurs centaines. En tout, ce sont des milliers de pratiquants. Il y a huit ans, mon prédécesseur Lukas Vischer s'est rendu compte de l'essor de ces communautés à Genève et a fondé le mouvement Témoigner ensemble comme un des programmes du Centre international réformé John Knox. La Fédération des Eglises protestantes de Suisse et ses Eglises membres s'intéressent aussi à ce phénomène. Il y a vingt ans, on comptait quarante de ces communautés en Suisse, elles sont estimées à trois cents aujourd'hui. Cela ne comprend pas les missions catholiques étrangères, installées plus tôt lors des vagues de migration d'Europe du Sud. Ceci dit, Témoigner ensemble s'inscrit dans une dimension oecuménique. 

Ces Eglises jouent-elles un rôle d'intégration?

C'est un enjeu primordial. Nous devons réaliser que l'Eglise est universelle. Nous devons trouver un moyen de célébrer notre foi avec ces frères et soeurs qui débarquent chez nous. Les migrants trouvent auprès de leur communauté religieuse un soutien, des repères, une solidarité pour affronter les difficultés. C'est vrai pour un cadre d'une société internationale, mais c'est encore plus important pour des gens avec peu de ressources, comme des requérants d'asile ou des travailleurs du secteur domestique. Ainsi, l'Eglise protestante collabore avec l'EPER, qui effectue des permanences volantes dans ces communautés, y prodiguant des conseils, par exemple sur la prévention du sida ou sur les questions de planning familial. 

A l'inverse, certaines de ces Eglises favorisent-elles le repli communautaire?

Le risque existe, mais je ne l'ai pas vraiment constaté. 


Le fait que pentecôtistes ou évangéliques peuvent être très conservateurs sur des questions de morale ou théologiques complique-t-il le dialogue?

Même à l'intérieur de l'EPG, l'homosexualité, par exemple, divise. Dans une famille, il est normal d'avoir des désaccords. Et s'il y a des sectaires partout, la plupart de ces Eglises sont ouvertes au dialogue. 

LE COURRIER