Depuis le début de cette année 2005, les dispositions d’application de la laïcité pose problème par endroit en France et le climat en devient climat malsain.
Des durcissements suscitent actuellement des incompréhensions dans bien des milieux religieux et dans quelques villes de France.
A Tours, catholiques et protestants envisageaient, depuis fort longtemps, une initiative oecuménique baptisée les «24 heures de la Bible », pour les 4 et 5 juin. Il ne manquait plus que l'autorisation formelle de la mairie de Tours, le responsable des affaires culturelles ayant donné un accord de principe. Mais, quelques jours avant l'évènement, les organisateurs recevaient une lettre signée de l'adjointe au commerce, Joëlle Monsigny, chargée des places et des marchés, leur annonçant qu'il ne lui «paraissait pas opportun» d'autoriser cette manifestation.
Jointe au téléphone, cette élue précisait avoir pris cette décision «avec le cabinet du maire et d'autres élus pour ne pas encourager le prosélytisme sur la voie publique. Si nous acceptons la Bible, pourquoi pas le Coran ou la Torah ". De son côté, le maire de Tours, Jean Germain, visiblement embarrassé par cette affaire, a évoqué cc une suite de malentendus» et s'est défaussé sur ses adjoints. «J'ai toujours favorisé le dialogue et la tolérance entre les religions et les autres courants de pensée. Les organisateurs n'ont pas frappé à la bonne porte. Ils auraient dû directement s'adresser à moi. Il n'y aurait eu aucun problème».
Toutefois, il y a cinq ans, les responsables des Églises chrétiennes de la ville de Tours avaient déjà dû batailler pour obtenir l'autorisation d'organiser une exposition biblique dans le hall de l'hôtel de ville, à l'instar de ce qui s'était fait, un an plus tôt, pour présenter l'histoire de la francmaçonnerie. Face à une décision qu'ils jugent incompréhensible, les responsables de l'association oecuménique de la Bible pour le Ille millénaire (catholiques, protestants réformés et évangéliques) ne désarment pas. Dans une lettre ouverte au quotidien «La Nouvelle République», ils invoquent la faiblesse de la République française, qui n'assure pas la liberté de conscience, contrairement à l'article premier dé la loi de 1905. Cette affaire rappelle celle de Dijon, en octobre 2003. À l'occasion d'une fête de la Bible, les Églises chrétiennes avaient été contraintes d'annuler, elles aussi, une manifestation oecuménique dans les rues de la ville.
À Angers, l'association «Sport et foi Angers », d'inspiration protestante et liée à AGAPE-France, s'est vu refuser, par la Mairie d'Angers, l'accès à des installations sportives, tant que le mot «foi » figurerait dans les statuts.
Dans un courrier, le maire, Jean-Claude Antonini, affirme: «Il est effectivement difficile, pour la ville, d'enfreindre les règles de droit commun qui interdisent la mise à disposition d'installations municipales à toutes les associations justifiant, dans leur statut, d'actions à finalité religieuse ».
N° 284 Juillet, août 2005
Source: BIA / La Vie