<04.03.2000 République Démocratique du Congo: une missionnaire de 80 ans reste dans le pays bien que la situation soit difficile - Des nouvelles des Immer

Malgré la persistance des problèmes dans la République Démocratique du Congo, Louise Werder continue d'y rester. A la date du 2 février, elle a fêté à Lubumbashi son 80e anniversaire. Joyeux anniversaire! Louise Werder a travaillé là-bas de nombreuses années en tant que secrétaire de l'Evêque évangélique méthodiste. Depuis sa retraite, elle est toujours encore très active, entre autres choses comme responsable d'un restaurant dans le bâtiment administratif de l'Eglise Méthodiste.

Voilà à nouveau quelques nouvelles de la famille Immer et de leur travail au Congo. Céline a commencé début janvier à donner quelques cours de musique dans l'école anglophone de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM). Décidément le diplôme d'infirmière peut mener à tout ! Il y a deux classes. Pour les plus jeunes le cours se fait en anglais, pour les plus grands en français. Cela représente une vingtaine d'enfants. C'est peu et donc très sympathique. Eric a eu l'occasion de partir à deux reprises à Kamina. Ces déplacements ne sont pas très faciles à vivre. Ils sont néanmoins encouragés de voir que ce qui a été commencé continue.

Avant de donner plus de détails sur ses activités, voici quelques citations qui éclairent: l'orientation de son activité missionnaire: "Si la mission a changé de visage c'est qu'elle est devenue partenariat! Qu'elle soit dans le domaine de la formation théologique ou sur le plan du développement économique et technique, elle n'est utile que si elle donne une impulsion et favorise les initiatives locales." (Jacques Blandenier, auteur d'"Evangélisation du Monde" ). "Par le passé, nous autres Occidentaux avons appris aux Africains à se tourner vers nous pour résoudre leurs problèmes notamment matériels. Lorsque nous voulons les libérer de la dépendance ainsi créée ils ont de la peine à le comprendre. J'ai pris conscience qu'une partie des solutions à leurs problèmes était chez eux! Il s'agit de mettre à jour des potentialités de ressources, et d'analyser, région par région, les possibilités de développement sur place. Parfois, ce sera un petit projet industriel, ailleurs l'agriculture, l'élevage ou la transformation de produits! Il ne s'agit pas de se couper d'eux, mais de les aider différemment, encourager et former les chrétiens à devenir autonomes financièrement! Il s'agit de réactualiser notre image de la mission" (Charles-André Geiser, coordinateur de la Mission Biblique). Dans sa dernière nouvelle de nouvelles, Eric Immer donne des précisions sur ce qu'il vit sur place, sur la somme de projets dans lesquels il est impliqué.

«Le programme de recyclage des pasteurs dont nous vous parlions en novembre, va pouvoir donner ses premières sessions ce mois-ci. Des livres de théologie ont pu être empruntés à la bibliothèque de Kabongo et mis à la disposition des pasteurs responsables de cette formation. Des vélos ont été achetés pour qu'ils puissent se rendre dans les différents districts pour donner les séminaires. Un container partira prochainement d'Europe et amènera beaucoup de littérature pour ce programme. Jusque là, nous faisons avec les moyens du bord!

Nous saisissons cette occasion pour remercier tous ceux qui s'investissent pour ce container, en dons de toute sorte, temps, argent, livres, matériel, bandages, etc. Sans cette chaîne qui commence chez vous pour venir jusqu'ici, les difficultés seraient plus grandes pour la continuité des projets.

A Kamina, l'élevage de poulets donne de bons résultats. En plus des poulets de chair nous avons pu acheminer des poussins de ponte. Cela permettra de vendre les oeufs qui jusque là viennent en grande partie de Lubumbashi. Les coqs obtenus seront vendus pour améliorer la race locale.

En ce qui concerne les fermes, les activités se poursuivent. Les fermes devraient être autonomes financièrement à partir de juillet. C'est un grand défi que nous espérons pouvoir relever en équipe. Nous venons d'ouvrir un comptoir de vente pour semences, médicaments vétérinaires, outillages, produits de traitements, etc.

Le dispensaire médical a bien changé. Les travaux de réfection ont pu être faits, du nouveau matériel est là et le personnel travaille avec fidélité

Eric continue de superviser l'hôpital de Kabongo. Après avoir constaté de graves erreurs de gestion, il a dû prendre des mesures radicales. Il semble que cela ait porté du fruit, le dernier rapport de l'administrateur était meilleur et plus optimiste. La collaboration entre Eric et l'administrateur est très bonne et cela a grandement aidé. Il y a dans cette région beaucoup de réfugiés de guerre qui ont fui à cause de l'insécurité. Ils se retrouvent très démunis. La Croix Rouge a le projet de les aider, Eric fait le lien entre Kabongo et la Croix Rouge par la phonie. Et d'ajouter: «Nous devons jongler avec tous ces projets en comptant sur bon nombre de difficultés prévisibles ou non. Les fermes ont malheureusement été victimes de vols par des militaires armés. Le stock d'arachides étant vide, ils ont pris de la volaille et du petit bétail. Il est vraiment regrettable de voir les efforts anéantis par ces voyous.» Leur problème actuel et non des moindres est de ne pas disposer de liquidités. Ce qui complique leur vie quotidienne et peut mettre en péril un projet tout entier. «Par exemple au moment où il fallait investir en semences, il a été impossible de trouver auprès de notre trésorier l'argent nécessaire, les poussins ont été achetés mais nous n'avons pas encore obtenu l'argent pour la seconde expédition de nourriture. Nous pourrions vous citer d'autres exemples qui seraient comparables et tout aussi catastrophiques. En ce qui nous concerne, nous apprenons aussi à compter très juste pour nos frais courants. Cette semaine, pour avoir des tomates, carottes et oranges nous avons fait un échange avec des concombres de notre jardin. Nous n'avions plus d'argent à la maison! Pourtant nous ne pouvons pas nous plaindre, nous restons parmi les privilégiés et en sommes bien conscients.» A ce défaut de liquidités, il faut ajouter une pénurie grave de carburant. «Le peu de trafic routier existant à l'intérieur du pays est complètement paralysé. Les gens de Lubumbashi se tournent de plus en plus vers la Zambie d'où ils reviennent le coffre plein de jerricans». Un mot sur la situation politique de la RDC: «La situation politique reste calme sur Lubumbashi même s'il n'est pas rare d'entendre des coups de feu! Les combats continuent plus au Nord......»

>Source: Secrétariat de la Mission EEM + Lettre circulaire d'Eric et Céline Immer