Suisse: message de Pentecôte

La tradition du message de Pentecôte des présidents du Conseil Oecuménique des Eglises (COE) remonte à 1950. Le message est un effort commun des huit présidents du COE, qui représentent les différentes régions où vivent les membres du COE. Le projet de message de cette année a été préparé par Son Eminence le métropolite Chrysostomos d'Ephèse. «Dans ce monde de violence, dit le métropolite Chrysostomos, nous nous souvenons du Saint Esprit qui descendit sur les apôtres comme un violent coup de vent accompagné de langues de feu, mais qui apporta la paix au monde.» 


«Tout à coup il y eut un bruit qui venait du ciel

comme le souffle d'un violent coup de vent...» (Actes 2,2 ; TOB)


L'Ecriture sainte décrit avec simplicité la manifestation de la première Pentecôte dans la vie de l'Eglise du Christ: «C'est aux apôtres qu'il s'était présenté vivant après sa Passion: ils en avaient eu plus d'une preuve alors que, pendant quarante jours, il s'était fait voir d'eux et les avait entretenus du Règne de Dieu. Au cours d'un repas avec eux, il leur recommanda de ne pas quitter Jérusalem, mais d'y attendre la promesse du Père» (Ac 1, 3-4). 


Les apôtres, avec Marie la mère de Jésus et d'autres femmes, «tous, unanimes, étaient assidus à la prière» (Ac 1, 14). Le cheminement de l'Ascension à la Pentecôte est un temps d'attente, d'espérance et de foi. Il reflète le mystère que tout être humain ressent lorsqu'il attend la venue du Paraclet, l'effusion de l'Esprit Saint, ce grand jour de la Pentecôte personnelle où l'être humain, par l'Eglise et dans l'Eglise, devient soudain «temple de Dieu» et «temple du Saint Esprit» (1 Co 3,16 ; 6,19). Le monde, lui aussi, par l'Eglise et dans l'Eglise, devient soudain le lieu où le Règne de Dieu est révélé «sur la terre à l'image au ciel» (Mt 6,10). 


Le Paraclet, ou conseiller, est présent dans l'Eglise et dans le monde. La présence du conseiller est vécue à jamais comme elle le fut par les disciples à la première Pentecôte, lorsque «tout à coup il y eut un bruit qui venait du ciel comme le souffle d'un violent coup de vent: la maison où ils se tenaient en fut toute remplie» (Ac 2,2). 


«Comme le souffle d'un violent coup de vent»! Il est évident que ce phénomène n'était pas «violent» au sens de mauvais, au sens que la violence revêt dans le monde d'aujourd'hui. D'ordinaire, la violence inattendue fait irruption dans nos vies de manière particulièrement destructrice: que ce soit par la brutalité, le terrorisme, l'oppression de la pensée, la violence physique contre les jeunes enfants, les passions criminelles, les guerres, la cruauté, la transgression des valeurs morales et sociales, l'humiliation, la négation de la dignité et de la personnalité, ou toute autre manifestation du mal. 


«Comme le souffle d'un violent coup de vent»! Pendant la décennie que le Conseil Oecuménique des Eglises (COE) consacre à la lutte contre la violence, nous sommes amenés à considérer et à mieux comprendre ce que la présence de l'Esprit Saint signifie pour nous. Le «souffle violent» de la venue de l'Esprit diffère fondamentalement de l'irruption agressive et brutale de la violence et du terrorisme dans le monde. L'irruption soudaine de l'Esprit frappe les témoins par sa violence, et pourtant elle ne viole ni les consciences ni les vies. Elle est violente, mais elle n'est ni brutale ni destructrice. Elle est violente, et pourtant elle honore l'image de Dieu dans l'être humain. Elle est violente au sens où elle contient l'Esprit de Dieu, un Esprit qui nous donne de l'enthousiasme et nous élève, qui nous communique joie et courage, qui nous offre une inspiration et une force toujours nouvelles. L'Esprit Saint nous insuffle l'espérance, la foi et l'amour, surtout l'amour de Dieu et de nos frères et soeurs, un amour qui «jette dehors la crainte» (1 Jn 4,18). 


Seule l'irruption violente du Paraclet peut triompher du déchaînement brutal du mal et de la violence dans nos vies et dans le monde. 


«Celui qui a des oreilles, qu'il entende ce que l'Esprit dit aux Eglises» (Ap 2, 7. 11. 29 ; 3, 6. 13. 22). 



Présidents du COE :


Mme Agnes Abuom, Nairobi, Kenya

La pasteure Kathryn K. Bannister, Bison, KS, Etats-Unis 

L'évêque Jabez L. Bryce, Suva, Fidji

S. E. Chrysostomos, métropolite du siège d'Ephèse, Istanbul, Turquie

S.S. Ignatius Zakka Ier Iwas, Damas, Syrie

M. Kang Moon-Kyu, Séoul, Corée

L'évêque Federico J. Pagura, Rosario, Argentine

L'évêque Eberhardt Renz, Stuttgart, Allemagne


Le 16 avril 2002

Source: Conseil oecuménique des Eglises (COE)