La Sainte Cène, sujet d'étude pour une nouvelle commission

Sur le chapitre de la Sainte Cène - un des deux sacrements en usage dans l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) - la plupart des membres de l'Eglise "n'ont aucune idée du sens et de la portée de la Cène."


Cette opinion défendue par une personne interrogée dans une enquête récente traduit de façon éclatante l'observation faite par les délégués de la Conférence Générale de l'Eglise en mai 2000, quand ils ont fait remarquer "le défaut de compréhension chez beaucoup d'une théologie et d'une pratique eucharistiques." 


Sur une recommandation de la Commission pour la formation des laïcs (EEM), la Conférence a mandaté une étude sur la Sainte Cène. Treize membres de la nouvelle commission chargée de l'étude se sont rencontrés à Nashville pour la première fois du 4 au 6 septembre pour réaliser un document d'études sur la théologie et la pratique de la Sainte Cène au sein de la dénomination, un sacré défi à relever. Le nouveau groupe est d'accord pour que le document final présenté à la Conférence Générale 2004 soit un document de référence facile à lire.


La Sainte Cène - également mentionnée comme le repas du Seigneur ou sous le nom d'eucharistie - est un de deux sacrements en usage dans l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM). L'autre sacrement est le baptême. La plupart des Eglises Evangéliques Méthodistes (EEM) célèbrent la Sainte Cène le premier dimanche de chaque mois dans le cadre du culte dominical. Concernant la façon dont se déroule le repas, d'habitude les croyants reçoivent les éléments, le pain et le jus de raisin à genoux en avant de l'Eglise et sont servis par leur pasteur et ses aides. 


L'Eglise a achevé au bout de huit ans en 1996 une étude sur le baptême qui a abouti à un document intitulé, "Par l'Eau et l'Esprit: le Baptême tel que le comprennent les évangéliques méthodistes." L'étude a aussi préconisé des changements constitutionnels sur les conditions d'admission comme membre à l'EEM, un point sur lequel les Conférences Annuelles (CA) se prononcent cette année. 


La pasteure Gayle Felton, consultante, auteur et oratrice largement connue, était un membre du collectif qui a mené cette étude sur le baptême; elle participe à présent aux travaux de la nouvelle commission chargée de l'étude sur la Sainte Cène. "Beaucoup de gens qui ont participé à l'étude sur le baptême ont d'une manière ou d'une autre commencé à se demander, 'Quand allons-nous faire une étude semblable sur l'autre sacrement de l'Eglise?'" a-t-elle dit.


Felton a partagé avec la nouvelle commission les résultats de l'enquête qu'elle a menée au niveau de plus de 200 pasteurs et laïcs représentatifs de l'église. Et dans les études du baptême et de la Sainte Cène, elle a dit que la crainte existe que l'église ne perde sa ferveur évangélique, si elle suit une ligne liturgique. 


"Certains s'inquiètent que nous dénigrions le rôle de la conversion, si nous renforçons le rôle de la liturgie et des sacrements," a-t-elle dit. Les discussions menées durant ces trois jours de rencontre ont porté sur cette crainte, elles ont culminé dans l'observation que, selon la tradition wesleyenne, on ne doit pas raisonner entre "l'un ou l'autre", mais "tous les deux/et".


De son enquête sur la Sainte Cène, Felton a identifié huit points de consensus:

· un sens fort que l'Eucharistie est importante dans la vie de l'Église. "Personne n'a dit, 'Pourquoi nous donnons-nous de la peine pour cela?'" a-t-elle dit.

· une méconnaissance généralisée du sens et de la portée de la Sainte Cène.

· un enthousiasme à l'idée d'être conseillé sur la question et le désir de quelque interprétation autorisée.

· le besoin exprimé par les pasteurs d'être mieux instruit en matière de théologie et de pratique sacramentelles.

· un appel à la responsabilité, spécialement pour que les évêques et les surintendants s'assurent de la théologie , de la pratique et de l'enseignement sacramentels des pasteurs.

· le désir exprimé par des laïcs en faveur d'une spiritualité eucharistique basée sur une compréhension plus étendue et sur une pratique plus significative.

· le besoin d'établir le lien qui existe entre l'eucharistie et le témoignage social, décrit par une personne interrogée comme étant une "sainteté de militants."

· le besoin exprimé à la fois par les pasteurs et les laïcs, d'avoir une théologie et une pratique eucharistique fermement fondées sur l'Ecriture Sainte, la théologie et la tradition wesleyenne.


Voici les questions relevées à la fois par les membres de la commission lors de la réunion et dans l'enquête menée par Felton:

· la fréquence de la Sainte Cène;

· l'accès à la Cène aux petits enfants comme au non baptisés;

· le sens "de l'indignité" qui empêche certains de participer à la Cène;

· la nature des éléments;

· les différentes méthodes de distribuer la communion;

· qui a l'autorité pour administrer les sacrements;

· la longueur du culte dominical, qui incite certains à voir dans l'Eucharistie un simple "appendice au véritable culte";

· la gestuelle, le langage du corps et la présentation efficace de la liturgie; et

· le souci d'éviter que le culte soit "trop sombre."


Le pasteur Ed Phillips, un enseignant au Séminaire Théologique Evangélique de Garrett à Evanston, Illinois, est le président de la nouvelle commission.


D'autres membres nommés par la Conférence Générale (CG), incluent deux évêques, deux représentants extérieur aux Etats-Unis et les responsables de la Commission pour la formation des laïcs comme ceux de la Commission pour la formation supérieure et le ministère comme enfin les membres de la Commission pour l'Unité chrétienne et le dialogue interreligieux. Des laïcs en font partie aussi bien que des pasteurs.


Après avoir réclamé cette étude à la Conférence Générale (CG), la Commission pour la formation des laïcs, basée à Nashville, gère maintenant ce travail pour les quatre prochaines années 2001-2004. L'agence projette de tenir cinq réunions avant l'envoi de son rapport final aux responsables de la Commission à l'automne 2003. La Conférence Générale (CG) se tiendra au printemps 2004 à Pittsburgh.


Les membres de la Commission ont passé en revue un article sur la signification de la Sainte Cène dans l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) rédigé par le pasteur. E. Byron Anderson, un enseignant au Séminaire Théologique Chrétien d'Indianapolis. Ils ont aussi discuté des "Articles de Religion" liés au repas du Seigneur et deux sermons écrits par le fondateur du méthodisme, John Wesley, l'un d'entre eux portant sur "le Devoir de Communion Constante" et l'autre sur "les Moyens de Grâce."

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La pasteure Karen Westerfield Tucker, enseignante à la "Duke's Divinity School", a partagé quelques éléments de son nouveau livre, l'"American Methodist Worship", publié cette année par l'"Oxford University Press".


Dès les débuts du méthodisme américain, il a existé des tensions entre la liberté et la forme, explique Tucker. "D'un côté, il y a eu le désir de textes standard qui soient reconnus et autorisés par la dénomination, mais aussi le désir de se libérer de ces textes," a-t-elle dit. En accord avec l'enquête de Felton, elle a dit qu'il y avait une tension entre l'objectivité sacramentelle et la subjectivité personnelle, "l'oeuvre de Dieu et notre oeuvre." Elle a conseillé à la commission d'identifier cette tension, mais de résister à l'envie de la résoudre. 


Tucker a aussi noté que les Méthodistes se sont bâtis une ecclésiologie en réaction à d'autres Eglises. "Nos pratiques et nos théologies actuelles se sont élaborées en réaction aux Baptistes du 19ème siècle," a-t-elle observé. "Par exemple, nous n'avons jamais créé de théologie systématique." Certains membres de la Commission ont suggéré que les choses se sont passées ainsi, parce que le méthodisme a commencé comme un mouvement de renouveau au sein de l'Église Anglicane et qu’il se perçoit plus comme un mouvement que comme une Eglise.


Arturo L. Razon Jr., un vétérinaire des Philippines a dit, "C'est très intéressant de savoir qui nous sommes et qui nous allons suivre." Dans son propre pays, il a dit que les membres d'autres dénominations disent parfois que l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) est "juste une petite Église Catholique." Tucker a observé que les Baptistes ont lancé la même accusation vis-à-vis des premiers Méthodistes en Amérique. 


Dans son intervention devant la Commission, Tucker a abordé la question du repas du Seigneur dans la perspective des 14 "mythes" engendrés par l'histoire méthodiste ou par John Wesley. L'un des mythes laisse entendre que Wesley a suggéré l'usage du jus de raisin pour la Cène. S'il est établi d'un point de vue historique et oecuménique qu'on a employé du vin pour la Cène, il n'en demeure pas moins qu'on doit à des Méthodistes l'utilisation du jus de raisin non fermenté. On explique cet usage au 19ème siècle par un souci pastoral déclaré pour les alcooliques en sevrage d’alcool, pour la participation des enfants et des jeunes et pour appuyer le témoignage de l'Eglise prônant l'abstinence de boissons alcoolisées. 


Un autre mythe cité par Tucker, c'est que Wesley a insisté qu'un jeune effectue d'abord la confirmation, avant de pouvoir prendre la communion. Elle a noté que le premier rite officiel de confirmation a été produit en 1965. 


Deux questions principales ont été discutées tout au long de la réunion, à savoir le besoin de mieux comprendre ce qu'est un sacrement et de comprendre l'Eucharistie comme "un signe de la grâce de Dieu." Une troisième question à traiter, c'est l'expérience de "la présence réelle" du Christ, pour reprendre la formulation des théologiens du groupe, en contraste avec une participation à la Cène comme une simple "commémoration" intellectuelle du repas du Seigneur.


L'héritage wesleyen souligne "la présence réelle," mais il a été noté que bien des Méthodistes de nos jours ont tendance à tomber dans le dernier groupe de "commémoralistes"


Les membres de la Commission ont reconnu que leur document final aurait une large audience et serait écrit en un langage simple. Vu que le lectorat visé par cette publication inclura des pasteurs, des savants et des académiciens, le comité a répondu positivement à la suggestion du pasteur Hans Vaxby de Finlande que tout doit "commencer au banc et à l'autel, et non au bureau."


A la fin de leur réunion, les membres de la commission ont cerné les questions à traiter ou à ne pas traiter. Il a été reconnu que la signification du sacrement et la tension entre le sacramentel et l'évangélique était "sur la table," mais que la révision des textes et de la liturgie relatifs à la Sainte Cène n’étaient pas d’actualité ni tout changement législatif apporté au Règlement de l'Eglise.


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L’auteur de l’article, Tom McAnally, est le directeur de l’Agence de presse Evangélique Méthodiste (EEM), l'agence de presse officielle de l'Eglise, basée à Nashville, Tennesse. 


9 septembre 2001

Source: umns