Visite de solidarité œcuménique en Côte d'Ivoire

Du 28 Novembre au 4 Décembre 2011, une délégation œcuménique s’est rendue en Côte d’Ivoire pour rencontrer les Eglises et les représentants de la Société Civile ivoirienne, à l’initiative de quatre organismes ecclésiastiques internationaux :

  • Le Conseil Œcuménique des Eglises représentées par le pasteur Simon Dossou, Président Africain du COE, Dr Nigussu Leguesse, Responsable du Bureau Afrique au COE à Genève, Père François Tounkara de Guinée Conakry, et Madame Jeannette ANEYE, membre du Comité Central.
    - La Conférence des Eglises de Toute l’Afrique (CETA) représentée par le pasteur Richard Murigandé, du Rwanda,
    - La Cevaa - Communauté d’Eglises en Mission, représentée par le pasteur Etienne Roulet de Suisse,
    - La Fédération Protestante de France (FPF) représentée par le pasteur Daniel Thévenet de la France.

Communiqué final

La délégation a rencontré successivement les responsables de l’Eglise Méthodiste Unie Côte d’Ivoire, de la Fédération des Eglises Evangéliques de Côte d’Ivoire, le Chef de Cabinet du Ministre de l’Intérieur, la Commission Nationale des Droits de l’Homme, le Gouverneur du District d’Abidjan, les responsables des Eglises Baptistes Œuvres et Missions, l’Archevêque Catholique d’Abidjan, et la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation.

A tous les interlocuteurs, le message suivant a été délivré :
1) La Communauté œcuménique a suivi avec attention la crise qui a secoué la Côte d’Ivoire et n’a cessé de prier pour elle.
2) Nous sommes venus effectuer une visite de solidarité avec tous ceux et celles qui ont souffert, de quelque bord qu’ils soient,
3) Nous sommes venus pour voir, écouter et comprendre nos frères et sœurs dans la foi ainsi que les principaux acteurs de la vie publique et politique,
4) Nous sommes venus offrir un accompagnement dans la recherche de solutions permettant à la Côte d’Ivoire de se réconcilier et se reconstruire.

Nous avons entendu de la bouche de nos interlocuteurs un certain nombre d’affirmations fortes que nous résumons ainsi :
1) La Côte d’Ivoire a toujours été un pays hospitalier, accueillant beaucoup de ressortissants de pays voisins ; ce qu’elle vit a des répercussions sur toute la Sous-région.

  1. Le problème qui a amené des violences n’est d’origine ni ethnique ni religieuse mais trouve ses racines aux niveaux politique et économique.
  2. Les valeurs traditionnelles de dialogue et d’entente ont été gaspillées malgré la tradition pacifique de la Côte d’Ivoire.
  3. Beaucoup de gens de tous les bords ont souffert de violences mais la capacité de résilience du peuple ivoirien est forte ; il y a néanmoins un réel besoin de vérité, de pardon et de réconciliation pour reconstituer le tissu social déchiré.
  4. Certains milieux politiques se sont servis des Eglises chrétiennes et ont tenté de les instrumentaliser pour faire glisser le conflit sur le terrain religieux.
  5. Les Eglises chrétiennes ont été dès lors confondues avec quelques mouvements religieux extrémistes et ont été victimes de ces amalgames.
  6. La force des Eglises (Protestantes, Evangéliques et Catholique) c’est leur capacité à s’enrichir mutuellement de leur diversité en la mettant au service de l’unité.

Dès lors, nous recommandons :

1) Que les acteurs politiques reconnaissent les uns envers les autres les torts et les fautes commises dans un esprit d’humilité et de vérité, et en demandent pardon, afin de faire avancer le processus de réconciliation nationale,

  1. Que pour cela on table sur les valeurs traditionnelles de la sagesse ivoirienne de dialogue et d’écoute mutuelle,
  2. Que les autorités politiques n’ignorent pas les Eglises historiques et Instituées mais fassent confiance à leur capacité de participer, par leurs réseaux étendus dans tout le pays, à la réconciliation et à la reconstruction ; et que les milieux religieux extrémistes soient mieux identifiés et contrôlés,
  3. Que les Eglises ne se laissent pas instrumentaliser par les milieux politiques mais jouent pleinement leur rôle dans la proclamation de la Parole de Dieu en toute indépendance,
  4. Que pour cela, les Eglises ne se complaisent pas dans une attitude de victime mais participent résolument à la vie publique sans parti pris politique,
  5. Qu’elles se réunissent en organisation responsable et crédible pour parler d’une seule voix en collaboration avec les autres traditions religieuses.

Au terme de leur mission, les membres de la délégation œcuménique remercient tous leurs interlocuteurs pour leur écoute et leur franchise et particulièrement l’Eglise Méthodiste Unie Côte d’Ivoire pour son accueil et l’accompagnement fraternel de la délégation.

Fait à Abidjan le 03 Décembre 2011

Pour la Délégation Pasteur Simon Kossi DOSSOU Porte-Parole

Communiqué le lundi 5 décembre 2011

CEVAA