États-Unis: la Louisiane cherche réconfort dans la prière

 Dans la très catholique Louisiane et le long du religieux et conservateur Golfe du Mexique, les survivants de l'ouragan Katrina se tournent vers Dieu, cherchant dans la prière une aide et un réconfort qu'ils ne trouvent pas ailleurs.


Hier, Kathleen Blanco, gouverneur de Louisiane, a donné le ton. Quasiment officiellement, la patronne de l'État a demandé ses concitoyens à passer la journée en prière... «Ce serait la meilleure chose pour calmer les esprits et remercier Dieu d'avoir survécu. Lentement, progressivement, nous nous en remettrons. Nous survivrons, nous reconstruirons.»


«Quelle que soit votre religion, catholique, vaudoue, baptiste, ou que sais-je d'autre, nous prions. Nous prions», explique Gail Henke, une réfugiée de Louisiane. Car la Nouvelle-Orléans est particulière, un véritable melting-pot d'influences culturelles et religieuses, colons français et esclaves venus d'Afrique, catholicisme, protestantisme noir et religions afro-caraïbes... On y trouve aussi aujourd'hui des «églises spirituelles», principalement noires, exprimant un syncrétisme de ces trois influences, explique Rodger Payne, président du département Philosophie et religion de l'Université de Louisiane à Baton Rouge.


Les protestants noirs des côtes du Golfe du Mexique ont tendance à être très conservateurs, croyant à la nécessité de mener «une vie moralement droite», quelles que soient la pauvreté et les épreuves, estime Melissa Harris-Lacewell, autre spécialiste en religion de l'Université de Chicago. «Ces gens considèrent vraiment que la Bible est littéralement la parole de Dieu», dit-elle.


Pas étonnant donc qu'ils cherchent un secours spirituel pour porter le fardeau de Katrina. Et ils ne sont pas seuls: le reste de l'Amérique religieuse se joint en prière et met la main au portefeuille, envoyant des dons à ceux qui, sur place, peuvent assurer un bénévolat concret sur le terrain.


À Colorado Springs, dans le Colorado, l'Église de la Nouvelle Vie demande à ses 70 000 fidèles de prier pour les régions sinistrées et d'envoyer des dons. La Conférence des évêques catholiques américains a elle aussi appelé toutes les paroisses du pays à prier et recueillir des fonds.


Si certains extrémistes religieux aiment à voir dans la destruction infligée à la Nouvelle-Orléans le signe de la colère divine contre une ville pécheresse, ou celui de la fin des temps, ce n'est pas le cas de la majorité. William Lawrence, doyen de l'École de théologie à l'Université méthodiste du sud de Dallas, Texas, dénonce ce genre d'idéologie apocalyptique. Pour lui, qui a déjà vécu deux ouragans, la foi doit servir à aider les survivants, rien d'autre: «La seule chose qui reste dans une tragédie comme cela, ce sont les éléments les plus fondamentaux de la vie. Quand tout le reste a disparu, nous demandons: 'Vers quelle source de force puis-je me tourner?'» 


01/09/2005

Source: Associated Press (AP)/canoe