<17.11.99 Macédoine: un membre laïc engagé, méthodiste devient le président de cet Etat balkanique

Trajkovski, vice-ministre des Affaires étrangères âgé de 43 ans, a battu le néo-communiste Tito Petkovski, candidat de l'Union sociale-démocrate de Macédoine (SDSM), grâce au soutien de dernière minute de la forte minorité albanaise du pays - un tiers de la population.

Tarjkovski, le candidat de la majorité gouvernementale de centre-droit, Boris Trajkovski, a remporté dimanche l'élection présidentielle en Macédoine, mais l'opposition a également revendiqué la victoire en criant à la fraude électorale. Il est membre de l'Organisation révolutionnaire interne de Macédoine-Parti démocratique pour l'unité nationale macédonienne (VMRO-DPMNE), la principale formation de la coalition gouvernementale.

Boris Trajkovski, le candidat du camp gouvernemental, a été élu président de la Macédoine à la surprise générale. Au premier tour, il avait 130'000 voix en moins que son rival Tito Petkovski. Fort de l'appoint des voix albanaises, Trajkovski a obtenu cette fois environ 77.000 voix de plus que son rival. Le taux de participation a tourné autour de 70%.

De leur côté, les observateurs internationaux de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont estimé dans un communiqué que les résultats des élections ont été quelque peu entâchés d'irrégularités dans 5 cantons sur 85. Les observateurs de l'OSCE ont parlé d'«élections en général satisfaisantes». Les deux tours ont été à leurs yeux grosso modo équitables. Ils ont néanmoins invité le pouvoir à examiner un certain nombre de cas d'irrégularités, concernant pour la plupart des circonscriptions à majorité albanaise. L'OSCE parle d'irrégularités à l'Ouest du pays, en majorité albanaise, mais aussi dans la région de Skopje. Une participation très forte (97%) est annoncée dans quelques circonscriptions, ce qui donne à penser qu'il y a eu là-bas manipulation. Un taux si élevé de participation n'est pas vraisemblable. Le SDSM -parti d'opposition- a également dénoncé cette fraude grave et massive et parallèlement annoncé qu'il allait saisir la commission électorale ainsi que les observateurs internationaux.

Le successeur du fondateur de l'Etat (81 ans) Kiro Gligorov et actuel Vice-Ministre des Affaires Etrangères est décrit dans la presse comme un pro-occidental, un pragmatique attaché à sa nation.

Ses talons d'Achille, son âge, 43 ans, et sa récente entrée sur la scène politique ont été relégués au deuxième plan par une campagne électorale dans laquelle il s'est présenté comme un gage d'espoir dans la voie vers l'Europe. L'intégration de son pays à l'Union Européenne et à l'OTAN constitue en effet son objectif le plus important en matière de politique étrangère. Le Premier ministre Ljubco Georgievski est persuadé que la victoire de Trajkovski permettrait à la Macédoine de poursuivre les réformes et la rapprocherait de l'Union Européenne. Mais il a surtout souligné l'importance du consensus inter-ethnique dégagé autour de la personnalité de Trajkovski. Preuve de son ouverture d'esprit, Trajkovski s'est dit favorable pendant les élections à des concessions vis-à-vis des Macédoniens albanais et à l'indépendance de la province du Kosovo voisine, qui n'appartient déjà plus que formellement à la Serbie.

Trajovski est devenu populaire grâce aux positions qu'il a prises durant la crise au Kosovo, quand il a invité la communauté internationale à aider la Macédoine à accueillir les réfugiés plutôt qu'à la critiquer.

Mais Trajovski, alors responsable de l'accueil des 300'000 réfugiés en Macédoine pendant la guerre au Kosovo, n'aura pas la faveur des oeuvres humanitaires étrangères; ces organismes lui reprocheront les nombreuses tracasseries administratives qu'il leur imposera.

Quant à ses adversaires, ils lui reprocheront son manque d'expérience, et lui feront, eux, grief de son image de novice et "de bon petit soldat" de son parti, qui avait besoin d'un homme jeune et neuf pour mettre la Macédoine sur la voie du modernisme.

Né le 25 juin 1956, à Strumica en Macédoine centrale, près de la frontière de la Bulgarie et de la Grèce, Trajovski termine à 24 ans des études de droit avant de rejoindre une entreprise du bâtiment de Skopje où il occupera jusqu'en 1997 le poste de responsable du bureau des contentieux. Entré en 1992 dans les rangs du VMRO-DPMNE, il dirige jusqu'en 1998 la commission des relations étrangères de son parti et accède au poste de principal conseiller politique du Premier ministre et leader de l'Organisation révolutionnaire interne de Macédoine-Parti démocratique pour l'unité nationale macédonienne (VMRO-DPMNE), Ljubco Georgievski.

Quelques mois après les élections législatives de novembre 1998 et l'arrivée au pouvoir de son parti, le VMRO-DPMNE, M. Trajkovski se voit proposer la fonction de vice-ministre des Affaires étrangères, poste qu'il occupe encore aujourd'hui.

Il est marié et père de deux enfants, une fille de dix ans et un garçon de six ans.

Trajkovski n'est pas de foi orthodoxe comme la majorité des Macédoniens mais un méthodiste pratiquant, un homme de foi, qui n'achevait pas ses meetings électoraux sans une prière; à peine élu, il prononcera un discours et... une prière. Ce chrétien convaincu s'occupe activement de son Eglise et fait partie du comité exécutif de l'Eglise Evangélique Méthodiste de Macédoine. Sous l'ex-Yougoslavie, il a dirigé pendant 12 ans les groupes de jeunes fidèles. Il a aussi été responsable laïc dans un district et délégué officiel yougoslave à la «Conférence Centrale de l'EEM du Centre et du Sud de l'Europe». A ce titre, il a déjà effectué divers séjours en Suisse.

>Source: EEMNI/EMKNI