FPF : le pasteur Claude Baty défend la liberté de conscience, la liberté d’expression des croyants dans une société laïque


A deux reprises, d’abord lors des traditionnels vœux de la FPF (12 janvier 2011) et ensuite lors de l’Assemblée générale de la FPF, le pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante de France a placé la liberté de conscience, le droit de changer de religion et la laïcité au centre de son discours.

«Dans le monde globalisé qui est le nôtre, il faut renoncer aux territoires et aux héritages préservés», a-t-il affirmé. «Nos concitoyens entendent faire leur choix personnellement, quitte à délaisser leur ancrage traditionnel. La fluidité des appartenances est un élément que nous devons prendre en compte, sinon joyeusement en tout cas paisiblement». 

Il refuse de cantonner la foi chrétienne à la sphère privée, quoi qu’en pensent les tenants du «laïcisme» dévoiement de la laïcité : sous prétexte de laïcité, il n’est pas juste qu’on veuille «cantonner la religion aux lieux cultuels prévus à cet effet». Le pasteur Claude Baty est d’avis que «la parole des religieux doit être entendue, et même écoutée, comme celle de chacun». Il approuve le Président Nicolas Sarkozy quand ce dernier déclare qu’»il n’était pas question d’enfermer les croyants dans leurs églises, leurs synagogues, leurs temples et leurs mosquées, pour ne les autoriser à en sortir que comme des citoyens indifférenciés ?» Il cite une circulaire du ministère de l'Intérieur selon laquelle «la France est une république laïque qui assure à chacun la liberté de croire ou de ne pas croire et, pour celui qui croit, la liberté de pratiquer son culte, quel qu'il soit, dans le respect des lois et des autres libertés fondamentales».

Sa protestation est vive devant le dévoiement actuel de la laïcité, le glissement progressif vers le laïcisme, «l’éradication du religieux dans l’espace public» 

Le Père Noël préféré à Jésus

A Noël, cette année, «on a remplacé Jésus qui appelle au don de soi, à la paix et à l’amour, ce qui est quand même subversif, par un Père Noël omniprésent, chantre de la consommation tout azimut : la religion de la consommation est le seul culte auquel les citoyens de la République puissent être convoqués, sans que quiconque dénonce ce prosélytisme, pourtant insupportable de mon point de vue !» Il serait interdit de «parler de la naissance de Jésus en dehors des églises, et surtout pas à l’école», déplore-t-il tout comme il déplore «la religion de la consommation», qui est, selon ses dires, «le seul culte auquel les citoyens de la République puissent être convoqués, sans que quiconque dénonce ce prosélytisme».

Suppression en vue de certaines émissions religieuses sur France Culture

«La tension, ici, n'est plus avec des extrémistes religieux mais avec des personnes pour lesquelles la religion est à écarter du débat public. Certains semblent en effet avoir la volonté d'exclure du simple débat public ceux qui cherchent une réponse dans la transcendance divine !» poursuit le pasteur Claude Baty. «Il n'est pas impossible qu'inconsciemment, ceux-là pensent que le citoyen républicain ne peut qu'être sans tache ni attache religieuse». Il se trouve que France Culture annonce ces jours-ci «la suppression de certaines émissions religieuses qui avaient des dizaines d’années d’existences», «au motif qu’elles ne sont pas strictement imposées par son cahier des charges» : par exemple, le Carême protestant, inauguré par le pasteur Boegner et diffusé sans interruption depuis 1928, est menacé de suppression.

Dans son discours d’orientation le jour de l’AG de la FPF, le pasteur Baty propose la lancement d’ateliers pédagogiques sur la laïcité, l’organisation de «journées de formation» sur la laïcité et la législation des cultes initiant le public intéressé à une approche équilibrée de la laïcité : «La société n'est pas laïque», insiste le Président de la FPF, «ce sont les institutions publiques qui doivent l'être. A cause de cela, elles peuvent imposer des règles de comportement, mais tous les acteurs, tous les citoyens ont des convictions qui les font agir et parler, ils n'ont pas à s'en cacher. (...) Sans agressivité, il nous faut trouver la manière de rendre compte de cette espérance qui nous pousse à être des veilleurs actifs».

22 janvier 2011

Réforme/Top Chrétien/La Croix/EEMNI