Afrique de l'Ouest: l’Église méthodiste unie joue la carte de la communication pour combattre l’épidémie d’Ebola

Photo de Mike DuBose, UMNS.

Les Méthodistes Unis, y compris Béatrice Gbanga (assise à table), coordinatrice médicale et sanitaire pour la Conférence annuelle de l’Église au Sierra Leone, aider à passer le message de prévention sur l’Ebola pendant le coup d'envoi de la Semaine nationale de la mère et de l'enfant au stade de football de Bo, en Sierra Leone, en Juin.

par Kathy L. Gilbert

Des messages confus et de la désinformation ont compliqué les efforts pour contenir l'épidémie Ebola en Afrique de l'Ouest. L'Église méthodiste unie répond par une stratégie de communication visant à sauver des vies et à rassurer les gens quant à la présence de Dieu.

L'effort a commencé lorsque des cas de virus sont apparus au Sierra Leone en juin, après le déclenchement initial de cette épidémie dans la Guinée voisine. Les responsables de l'Église au Sierra Leone et, peu de temps après, au Libéria, ont commencé à faire circuler le message de prévention contre la maladie.

En dépit de ces efforts initiaux, les gouvernements des pays touchés ont mis du temps à répondre sérieusement à cette crise. Un manque d'information et d'éducation dans les communautés locales, aggravé par la méfiance et le refus, ont aggravé le problème. Cela a permis au virus de se répandre et d’affecter près de 1000 vies dans quatre pays.

Pour répondre au besoin d'information, le département Communications de l’EMU au niveau mondial, s’est mis à travailler avec les évêques du Sierra Leone et du Libéria, et a été en contact avec d'autres au Nigeria et en Côte d'Ivoire. La stratégie de messagerie de l'Église comprend l'utilisation des médias traditionnels ainsi que les technologies émergentes telles que les SMS.

« Dans la crise de l'Ébola, la communication précède la prévention et le traitement», a déclaré le révérend Larry Hollon, haut dirigeant du département Communications de l’EMU, sur un blog. « La contagion ne peut pas être maîtrisée sans de plus grands efforts sanitaires, sans l'isolement des malades, sans la manipulation adéquate et l'inhumation des défunts. Et cela doit être communiqué efficacement et sur une large échelle. Dans ces circonstances, un message clair sauve des vies ».

Le Sierra Leone et le Libéria reçoivent chacun une subvention de $ 10,000  pour leur communication de crise de la part du département Communicaitons de l’EMU. Les fonds seront utilisés pour:

• Des bannières, des affiches et des photocopies des messages qui aident dans la prévention, le diagnostic et le traitement.

• Des temps d'antenne de Radio pour les messages visant la prévention et les soins, ainsi que les besoins pastoraux des communautés touchées.

• Accès aux données par les opérateurs mobiles pour partager des messages sanitaires et pastoraux.

Les SMS peuvent atteindre un grand nombre de personnes pour lesquelles les téléphones cellulaires sont les principaux moyens de communication. Au Libéria, par exemple, le marché des télécommunications est presque entièrement sans fil, avec 69 % des utilisateurs de téléphones mobiles contre seulement 7,4 % de pénétration par les ordinateurs, selon BuddeComm.

Au Sierra Leone, 67 % des gens ont des téléphones cellulaires, comparativement à 1,6 % qui possèdent un ordinateur.

Le département Communications de l’EMU travaille avec des partenaires qui peuvent fournir les moyens pour envoyer des SMS en masse dans les régions où l'infrastructure pourrait être réduite au minimum. En outre, grâce à la technologie mobile basée sur la voix, les messages peuvent être partagés avec des gens qui sont analphabètes.

La subvention pourrait également soutenir l’envoi de « crieurs publics », des jeunes munis de mégaphones pour traverser les villages et de partager des informations importantes.

Approches efficaces

Avant que l’épidémie ne fasse la une de l’actualité, dans certaines parties de l'Afrique de l’Ouest, les méthodistes unis faisaient un travail de sensibilisation à la menace. L'Église avait appelé les travailleurs de la santé à l'hôpital de la Miséricorde près de Bo, au Sierra Leone, à traiter tout le monde qui viendrait à l’hôpital comme s’ils pouvaient avoir le virus Ebola.

Au début de juin, lors d'une célébration pour lancer la distribution de plus de 350 000 moustiquaires traités à l'insecticide à Bo, l'Église a fait passer le message sur le virus Ebola tout en parlant du paludisme.

L'évêque évangélique méthodiste John K. Yambasu, à un autre grand rassemblement à l’occasion de la dédicace d'une église, a souligné à nouveau le message: Ebola est réel. Ebola est ici.

« En l'absence de tout ‘remède connu’ pour Ebola, nous avons mis l'accent sur ​​l'éducation et la prévention à travers des émissions de radio, des bannières et la formation des agents de santé et des dirigeants d'organismes religieux comme un moyen de diffuser le message d'Ebola dans le pays. Jusqu'à présent, cela a été une approche plutôt réussie », a déclaré Yambasu dans un message au département Communications de l’EMU.

Au Libéria, l'Église a commencé la diffusion de messages à travers sa station de radio pour contrer le discours laissant entendre qu’Ebola était une punition divine sur le pays.

Le message de l'Église est que Dieu est là pour donner de l'espoir, a déclaré l’évêque du Liberia John Innis.

« Aucune situation n'est jamais désespérée avec Dieu », a-t-il dit dans un message vidéo. « Dieu est notre créateur. Dieu connaît l'origine de la maladie, et le même Dieu aidera à faire disparaître la maladie aussi rapidement que possible ».

Innis et Yambasu exhortent ensemble la population à prendre toutes les précautions conseillées par les représentants du gouvernement et de la santé. L'Église dans les deux pays a travaillé avec le gouvernement ainsi qu’avec d'autres organisations religieuses dans la communication des messages.

Situation d’urgence sanitaire

La semaine dernière, le 8 août, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest comme étant une urgence sanitaire internationale.

Leticia Linn, responsable de la communication pour le Bureau régional de l'OMS pour les Amériques, a déclaré que la communication interpersonnelle et l’engagement auprès des communautés étaient les clés pour amener les gens à prendre des mesures pour empêcher la propagation du virus Ebola. Engager les chefs locaux, religieux ainsi que traditionnels est également important.

« Voici un exemple de cette stratégie au Libéria, par exemple : les chefs traditionnels de 16 tribus ont enregistré plusieurs messages radio en différentes langues où ils expliquaient à leurs gens les mesures à prendre pour éviter le virus Ebola », a déclaré Linn.

« L'OMS collabore également avec des anthropologues médicaux pour avoir la meilleure approche possible des différentes communautés, pas seulement celles dirigées par les chefs traditionnels, mais aussi les religieuses ».

Aux États-Unis, les Centers for Disease Control and Prevention donne des informations complètes sur le virus Ebola sur son site Internet. Les ressources téléchargeables relative à l’épidémie en Afrique de l'Ouest comprennent des spots radio en langues locales, des affiches et des brochures.

USAID a annoncé la semaine dernière son soutien à des campagnes de sensibilisation - par l'intermédiaire de la radio, des texto (SMS) et des médias locaux - pour fournir des informations sur Ebola aux agents du service public et aux travailleurs de santé qui ne sont pas familiers avec la maladie.

Démystifier la maladie

Préoccupé par la propagation du virus Ebola en Afrique, le Conseil chrétien du Ghana a appelé son ministère de la Santé et les organisations comme l'OMS à «intensifier délibérément » l'éducation du public sur la maladie et à renforcer les systèmes de santé.

« En tant que conseil, nous considérons qu’Ebola est une maladie et non une punition de Dieu comme certaines personnes le prétendent », a écrit le révérend Kwabena Opuni-Frimpong, pasteur presbytérien et haut dirigeant du conseil, sur GhanaWeb.

Pour démystifier le virus Ebola, le conseil commence un «programme de sensibilisation» dans ses Églises membres et sur ​​d'autres plates-formes, a-t-il dit, appelant au soutien « des ressources nécessaires à nos efforts collectifs contre la maladie ».

L'épidémie d'Ebola fait suite à une opération de secours en matière de communications mise en oeuvre par l’EMU dans les mois suivant le typhon Haiyan, qui a frappé les Philippines en novembre 2013. Des équipes dirigées par le département Communications de l’EMU, et avec le soutien des évêques des Philippines, ont contribué à restaurer la connectivité Internet et fourni une aide aux organismes avec des outils pour coordonner les efforts de secours et déterminer les besoins.

Gilbert est reporter multimedia pour le compte de l’Agence de presse de l’Église méthodiste unie (EMU/EEM/UMC).

12 août 2014

Traduction eemni

UMNS