Alliance évangélique mondiale: comment faire face à la situation difficile des réfugiés en Europe

Communiqué de la Commission pour la Liberté religieuse de l’Alliance évangélique mondiale

Les universitaires parlent de crise « migratoire » en Europe, et certains médias parlent non sans sympathie de la crise des «réfugiés» sur le continent, les deux se concentrant simultanément sur le «problème» auquel l’Europe doit faire face. 

Perdues dans ces analyses, les quelque 600.000 personnes, en grande souffrance, certaines d'entre elles sont chrétiennes, fuient la guerre, la persécution et l'oppression, traversent la mer Méditerranée au péril de leurs vies pour atteindre une région qui ne veut pas leur donner asile.

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime qu'au moins 3.100 personnes ont perdu la vie dans la Méditerranée depuis le début de l'année, en raison de mauvaises conditions météorologiques et de la surcharge des bateaux que passeurs et trafiquants d'êtres humains ont utilisés pour traverser la mer. Et la plupart de ceux qui ont fait cette traversée pour rejoindre l’Europe (ils étaient des dizaines de milliers, y compris des femmes et des enfants), ont été détenus sans eau ni nourriture. D’autres, totalement démunis et désespérés, ont été victimes de violence ou d'exploitation.

Les gouvernements des Etats qui sont en première ligne (la Grèce et l’Italie) ainsi que l'Union européenne sont confrontés à une situation inhabituelle, ne sachant pas quoi faire de ces gens qui arrivent non seulement de Syrie, mais aussi d'Afghanistan, de l'Érythrée, du Nigeria, de la Somalie, du Soudan et de l'Irak.

Plus de 450.000 personnes sont arrivées par la mer en Grèce, dont au moins 277 899 sont originaires de Syrie, 76 620 de l'Afghanistan, 21 552 de l'Irak, et 14 323 en provenance du Pakistan. En Italie, le nombre d'arrivées s’élève au moins à 137 313 personnes, dont 35 938 sont originaires de l'Érythrée, 17 886 proviennent du Nigeria, 10 050 de la Somalie, 8370 du Soudan, 7072 de Syrie.

Ces migrants sont traités suivant la façon dont nous les voyons. En droit international, ceux qui fuient les persécutions ou un conflit ont droit à l’assistance et à la protection, un demandeur d'asile est une personne dont la demande doit encore être examinée, après quoi il peut être appelé réfugié. Un migrant économique, d'autre part, c’est quelqu'un qui arrive dans un pays étranger à des fins lucratives.

Étant donné la nationalité de ces personnes, ils semblent tous être des demandeurs d'asile légitimes, et doivent donc être traités en conséquence.

L’État islamique, aussi connu comme sous EI ou Daesh, tue de manière plutôtirréfléchie des civils en Syrie au milieu d'une guerre civile sanglante contre le régime du président Bachar al-Assad, et s’est emparé de grands territoires en Irak. Les assassinats ciblés et les persécutions des chrétiens en Syrie et en Irak ne sont rien de moins qu'un génocide. 1,1 million d’habitants de Syrie ont été déplacées en raison d'attaques de la part de l’EI et sur ce nombre 700 000 sont chrétiens. Et en Irak, ils sont au moins 125.000 chrétiens à avoir fui leurs maisons dans les plaines de Ninive pour rejoindre la région autonome du Kurdistan.

Les Afghans fuient les attaques des Talibans et des partenaires locaux de l'État islamique. Les Érythréens fuient la conscription à vie imposée par leur gouvernement autoritaire.

Les Nigérians craignent pour leur vie au milieu des attaques de plus en plus nombreuses du groupe terroriste islamiste Boko Haram, qui a déjà tué des milliers de chrétiens et multiplié des attentats dans des églises.

En Somalie, le groupe terroriste islamiste Al-Shabaab est une menace majeure pour la vie des civils. Dans le nord-ouest du Pakistan, les insurrections ont tué des dizaines de milliers de personnes. Les guerres civiles dans les régions du Darfour et du Kordofan au Soudan ont également tué de nombreux civils.

Le pire dans tout ça, c’est qu’aucun de ces pays n’est susceptible de connaître la paix dans un proche avenir, et, par conséquent, le nombre de réfugiés en Europe ne va pas cesser d’augmenter, en particulier les chrétiens de tout le Moyen-Orient et les Yézidis d'Irak - principales cibles parmi les civils.

Toutefois, comme Amnesty International l’a noté, « Fermant les yeux sur les raisons qui poussent ces gens vers l'UE – conflits et violations des droits humains notamment – les dirigeants européens s'attachent à bloquer leur entrée sur le territoire, en renforçant les contrôles aux frontières ou en mettant en œuvre des pratiques et des lois qui les privent dans les faits du droit de solliciter l’asile ».

Selon le règlement de Dublin, une loi de l'Union européenne, le premier pays qui accueille un migrant est tenu de demander au migrant, demandeur d’asile, de rester dans ce premier pays européen et d’y faire sa demande d'asile. Ceux qui traversent d’autres pays de l’UE peuvent être expulsés vers le pays où ils sont entrés à l'origine.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a proposé que 120.000 demandeurs d'asile soient relocalisés dans différentes nations de l'UE, en plus des 40.000 réfugiés reçus en Grèce et en Italie. Mais cela ne représente qu’une fraction du nombre total de demandeurs d'asile et la proposition a encore d'autres défauts. Cela dit, les dirigeants du monde entier ont intérêt à reprendre à leur compte le principe de cette proposition.

Cette proposition vise en effet à réduire la pression sur les pays de l'UE qui sont en première ligne et l'Union européenne doit faire beaucoup plus,. Quant aux dirigeants du monde entier, ils pourraient faire des efforts pour accepter dans leur pays des demandeurs d'asile pour montrer leur solidarité à la fois avec l'Europe et les demandeurs d'asile.

Le Congrès américain devrait également faire aboutir un projet de loi en attente, HR 1568, pour « protéger les minorités religieuses persécutées par l’ Act de 2015 EI» qui pourrait permettre de sauver la vie de chrétiens en Irak et en Syrie.

Le projet de loi mandate le Secrétaire d'État de mettre en place ou d'utiliser des filières existantes en Irak et dans d’autres pays pour exfiltrer d’Irak ou de Syrie des réfugiés qui sont persécutés ou en train de courir  de la part de l’EI ou d’un groupe similaire un risque crédible de persécution fondée sur le sexe ou l'appartenance religieuse ou ethnique. Dans un tel cas de figure s’appliquerait directement le programme d’admission prioritaire de réfugiés aux États-Unis.

WEA-RLC Research and Analysis Report --- 05/2015

Traduction eemni

16 octobre 2015

Commission pour la liberté religieuse de l’Alliance évangélique mondiale