L'Armée du Salut de Suisse fêtait ces jours-ci le centenaire de son quartier général. Elle a invité l'une des plus anciennes fanfares salutistes, le «Hendon-Band» de Londres, à se produire samedi à Berne et dimanche au collège de Saint-Maurice (VS).
Mouvement religieux protestant, l’Armée du Salut a été fondée à Londres en 1865. Bien connue par ses œuvres sociales auprès des déshérités, l’Armée du Salut est issue du méthodisme. Son apostolat part de la conviction que, pour présenter l’Évangile à des gens dépourvus de tout, il faut d’abord leur assurer le confort minimal d’une bonne nourriture et d’une douche. Ainsi se comprend le slogan salutiste: «Soupe, savon, salut». La philanthropie n’est donc pas le but des activités de l’Armée. Il s’agit pour elle, dans et par ses œuvres charitables, de préparer un terrain favorable à l’évangélisation.
Le fondateur de l’Armée, William Booth (1829-1912), a passé son adolescence dans un quartier pauvre de la ville industrielle de Nottingham. Employé d’un prêteur sur gages dès l’âge de quatorze ans, il trouva dans son métier de nouvelles occasions de contact avec les plus défavorisés. Anglican par sa famille et sa première éducation religieuse, il se rattacha à l’Église Méthodiste à l’âge de treize ans. Quelques années plus tard, il était prédicateur laïc. Devenu pasteur par la suite, il commença à prêcher des campagnes de réveil. Mais, en 1861, il lui fallut quitter cette organisation, qui n’acceptait pas l’idée qu’il se faisait d’un ministère itinérant auprès des classes les moins favorisées. Elle acceptait encore moins que Mrs. Booth prêchât tout comme son mari, et avec autant de succès.
La rupture avec le méthodisme officiel porta le ménage Booth à une activité indépendante, bientôt fixée dans le quartier ouvrier et pauvre de l’East End londonien. Cette mission sous la tente, difficile mais menée selon les meilleures traditions méthodistes primitives (chant, appels à la conversion, témoignages), connut un succès rapide. La question se posa alors de rassembler les convertis et de les organiser pour que, par eux, l’évangélisation pût continuer. De cette idée et de cette nécessité naquit, en 1865, la Mission chrétienne de l’Est de Londres, sur le modèle des dénominations méthodistes déjà existantes. En 1878, la Mission fut transformée en Armée du Salut. Booth en devenait le général.
L'Armée du Salut arrivera à Genève par la France en 1882. Dépendant à l'origine de Paris, l'organisation suisse est devenue territoire indépendant en 1901, avec quartier général à Berne. Implantée avant tout dans les cantons de tradition protestante, l'Armée du Salut joue un rôle important auprès des démunis et des marginaux. En 1904, elle dirigeait 8 centres sociaux en Suisse. Aujourd'hui, elle en gère 59, reconnus par les pouvoirs publics.
L'Armée du Salut emploie quelque mille personnes dans le cadre de son action sociale: soins aux personnes âgées, ateliers protégés, centres de thérapie, centres de traitement pour les personnes toxicomanes ou en difficultés, assistance aux enfants gravement handicapés et à leurs familles. Elle anime également 28 brocantes.
En tant qu'Eglise, elle regroupe 87 postes ou communautés, financés par des dons. Y sont rattachés 4'500 membres bénévoles, les «soldats» portant l'uniforme de l'Armée du Salut. L'Armée du Salut suisse compte aussi 265 officiers. Sorte de diacres, ils ont prononcé des voeux et sont engagés à vie dans la diaconie et l'évangélisation du mouvement.
L'Armée du Salut suisse est membre de la communauté de travail des Eglises en Suisse et de la Fédération des Eglises Protestantes de Suisse (FEPS). Elle a le statut d'observateur au sein du Conseil Oecuménique des Eglises (COE). Elle a été reconnue comme institution religieuse par le Tribunal fédéral en 1889.
Jeudi 11 octobre
Source: EEMNI & SDA-ATS & Encyclopédie Universalis