France: un pasteur évangélique à la tête de la Fédération protestante

L'élection de Claude Baty, issu d'une Église implantée de longue date en France, est un geste en direction des nouvelles Églises évangéliques.


POUR la deuxième fois depuis sa création en 1905, la Fédération protestante de France (FPF) va être dirigée par un pasteur évangélique. A moins d'un changement de cap imprévu, Claude Baty, pasteur de l'Église évangélique libre de Paris-Alésia, devrait en effet succéder en avril prochain au pasteur réformé Jean-Arnold de Clermont.


Cette nomination n'a rien d'anodin puisque l'histoire de la FPF ne compte que deux présidents qui ne sont pas issus des Églises réformées : Edouard Grüner (1905-1927, Union des Églises évangéliques libres de France) et Jacques Tartier (luthérien, 1997-1999).


La désignation, ce week-end, par le conseil de la FPF, du pasteur Baty – père de famille, président de la Fédération protestante d'Ile-de-France depuis 2004 et de l'Alliance biblique française depuis 1997 – devra être validée par l'assemblée générale de la Fédération, fin mars.


Mais elle manifeste d'ores et déjà la volonté de construire des ponts en direction des mouvances évangéliques en pleine croissance et susceptibles de changer le visage du protestantisme français. Un sondage Réforme/La Croix d'avril 2006 affirme qu'au moins 25% des protestants français appartiennent à la mouvance évangélique.


Tension entre deux pôles


Pour le président sortant, Jean-Arnold de Clermont, ce choix «manifeste la tension qui existe depuis une vingtaine d'années entre le pôle luthéro-réformé et celui des Églises dites «confessantes», évangéliques ou pentecôtistes». Dans cette configuration, «l'élection de Claude Baty peut être considérée comme un pont».


Selon le pasteur de Clermont, qui dirigeait la FPF depuis 1999 et ne se représentait pas, l'Union des Églises évangéliques libres de France, à laquelle appartient Claude Baty, «est située au centre, sans appartenir à l'un ou l'autre des pôles». «Fondée en 1849, elle ne peut en aucun cas être confondue avec les Églises évangéliques nouvelles en provenance des États-Unis par exemple», explique-t-il.


Reste à savoir si ces milieux évangéliques, appartenant ou non à la FPF, accepteront de se reconnaître dans la figure du pasteur Baty, déjà considéré par certains comme «crypto-réformé».


10 octobre 2006


Source: Le Figaro