Arrivée de Meriam Yahia Ibrahim aux USA, mais poursuite de la persécution au Soudan

Meriam Ibrahim arrive à l'Aéroport régional de Manchester-Boston

La chrétienne Meriam Ibrahim Yahia Ishag, qui avait été condamnée à mort au Soudan pour avoir renié l’islam, est arrivée aux États-Unis. Avec son mari Daniel Wani et ses deux enfants, elle a débarqué le 31 Juillet à Manchester (État de New Hamsphire).

A côté de sa nationalité soudanaise, son mari possède aussi la citoyenneté américaine. A l'aéroport de Manchester, la résidence de son mari, ils ont été accueillis par une foule nombreuse. L'endroit est considéré comme un bastion des exilés soudanais. Le sénateur républicain de l'Etat, Kelly Ayotte, a envoyé un comité d'accueil à l'aéroport doublé d’un message personnel à la famille.

Ishag a inspiré le monde entier avec son courage et sa persévérance extraordinaires. Avec son mari et ses deux enfants, le médecin a été autorisée à quitter le Soudan pour l'Italie le 24 juillet. A Rome, elle a été reçue par le pape François, qui a rendu hommage à son témoignage inébranlable de foi. Ishag a été condamnée à mort par pendaison le 15 mai à Khartoum en raison de « son apostasie de l’islam » et à 100 coups de fouet pour fornication présumée. La femme en fin de grossesse avait refusé de renier sa foi chrétienne.

Le 26 mai, elle a donné naissance à une fille en prison sans aide médicale, alors qu'elle était enchaînée. Elle est déjà la mère d'un fils de 22 mois, qui était avec elle. Après les protestations du monde entier et la prière internationales intenses et les appels à la prière lancés aux chrétiens, la Cour d’Appel a infirmé ce jugement le 23 juin et ordonné la libération d’Ishag.

Le lendemain, elle a été arrêtée à l'aéroport de Khartoum, avec son mari et deux petits enfants. On les accusait d’avoir falsifié leurs papiers. Deux jours plus tard, elle a été libérée à la condition de ne pas quitter le pays et de se présenter régulièrement aux autorités. Après des menaces de mort, elle a fui avec sa famille à l'ambassade américaine à Khartoum.

La peine de mort contre Ishag était fondée sur la loi islamique, la charia. La fille d'un père musulman et d'une mère chrétienne était d'un point de vue islamique depuis sa naissance considérée comme musulmane. Depuis qu'elle avait épousé un chrétien, elle a été accusée de fornication. Ishag, qui a depuis rejoint l'Eglise catholique, a commenté son appartenance religieuse: «Je suis chrétienne et n'ai jamais été musulmane ».

La nouvelle de la libération d’Ishag et de son arrivée aux États Unis se présente comme un véritable soulagement pour la communauté chrétienne soudanaise et internationale. Cette nouvelle ne doit pas nous faire oublier la situation de l’Eglise au Soudan qui reste extrêmement délicate aux dires de Portes Ouvertes.

Au courant du mois de juillet, l'archevêque catholique de Khartoum, le cardinal Zubeir Wako, a  déclaré : « Les églises sont confrontées à d’importantes difficultés. Nous devons nous concentrer sur les questions qui sont  graves et  apporter des messages forts ». Les responsables d’églises du Soudan et du Sud-Soudan ont, depuis la déclaration d’indépendance du Sud-Soudan (9 juillet 2011), beaucoup de difficultés à s’entraider dans leurs défis respectifs. Au Soudan, suite à des décès et des départs en retraite, les églises ont besoin de pasteurs. Or, il est très difficile pour les pasteurs Soudanais et Sud-Soudanais d’obtenir les formalités administratives nécessaires pour franchir la frontière qui sépare ces deux pays.

Haro sur les bâtiments d’églises

Par ailleurs, le Ministre des affaires religieuses soudanais Abdullah Shalil n’a pas délivré de nouveau permis de construire aux églises qui le demandaient, en affirmant qu’il y avait suffisamment d’églises dans ce pays. Cette nouvelle a surpris le secrétaire général du Conseil des Eglises du Soudan, le Rev Kori El Ramli qui a affirmé sur la radio BBC vouloir de nouvelles parcelles de terrain pour y construire des lieux de culte. Cette déclaration est intervenue après l’évènement du 1er juillet 2014, où l’église Soudanaise du Christ a été démolie,  bien que 600 personnes fréquentaient cette église. L’Etat Soudanais a souhaité réquisitionner ce terrain pour y construire des logements à faible coût. Le 17 février, une autre église fréquentée par 300 personnes, très proche de l’Eglise soudanaise du Christ, a également été détruite du fait qu’elle se trouvait dans une zone à majorité musulmane.

Rappelons que le Soudan est le 11eme pays au monde où les chrétiens sont le plus persécutés selon l’Index Mondial de Persécution 2014. Le rapport précise qu’en 2013, des chrétiens ont été déportés du Soudan vers le Sud-Soudan mais indique aussi la détention de 55 chrétiens en février 2013. Ces derniers ont été détenus pendant environ deux semaines par le gouvernement soudanais sans qu’aucune charge n’ait été émise contre eux.

La persécution à l’encontre des chrétiens au Soudan est particulièrement accentuée contre ceux qui sont d’origine musulmane.

La Commission américaine sur la liberté religieuse internationale, précise aussi dans un rapport de 2014, que le gouvernement du Soudan « viole la liberté de religion et de croire de manière systémique, continue et flagrante. »

Traduction eemni

IDEA/Portes Ouvertes