Participants et participantes au colloque du COE et du Conseil des Églises du Soudan du Sud à Addis Abeba. © COE/Marianne Ejdersten
Avec la collaboration du Conseil des Églises du Soudan du Sud, le Conseil œcuménique des Églises (COE) a réuni des responsables d’Église pour un colloque extraordinaire sur le processus de paix au Soudan du Sud les 14 et 15 avril à Addis Abeba, en Éthiopie.
Une vingtaine de responsables et représentants d’Églises du Soudan du Sud et d’Éthiopie se sont réunis avec des représentants d’agences partenaires pendant deux jours pour mener une réflexion sur la situation tragique du conflit au Soudan du Sud – qui en est aujourd’hui à son sixième mois –, sur le récent échec des négociations de paix entre les parties au conflit et sur les nouvelles mesures à prendre.
«L’Église entreprend aujourd’hui de lancer un processus de paix pour résoudre le problème de méfiance entre les parties, et de les réunir autour d’une même table pour discuter des besoins de la population et de l’avenir du pays dans le cadre d’un forum qui serait moins polarisé et moins politiquement chargé que les autres processus», ont promis les responsables d’Église dans leur communiqué, publié à Addis Abeba le 15 avril.
Évoquant la promesse de vie nouvelle et de résurrection propre à la période de Pâques, le communiqué dénonce le conflit absurde que se livrent les belligérants et promet de mener une vaste campagne de plaidoyer avec le concours de toutes les composantes de la société sud-soudanaise.
«Le peuple sud-soudanais continue de souffrir», poursuit la déclaration. «On ravive le traumatisme de décennies de conflit au lieu de le guérir. La primauté du droit est un concept globalement inexistant. Dans de nombreuses régions du pays, c’est à peu de choses près l’anarchie qui règne; l’État y est quasiment absent. La culture de la vendetta est reine, et plus la guerre durera, plus cette culture s’enracinera. On vit dans l’insécurité et la peur; les gens paniquent à la moindre alerte. Le tribalisme est en progression. Les combats et les recrutements forcés continuent.»
«Il est urgent d’apporter la paix juste au Soudan du Sud. Les gens souffrent», a déclaré aux participants le pasteur Olav Fykse Tveit, secrétaire général du COE, à l’ouverture du colloque, soulignant que «les responsables d’Église jouent un rôle essentiel pour apporter la paix au Soudan du Sud.»
Et d’ajouter: «Le COE accompagne les Églises du Soudan du Sud depuis plus de quarante ans. Nous sommes réunis ici pour réfléchir à la façon dont Dieu pourrait guider votre peuple vers la justice et la paix. Nous avons un rôle très important à jouer en tant qu’artisans de la paix. Les Églises représentent le peuple et la société civile et elles pourraient unir le pays.»
Le pasteur Peter Gai Lual, chef de l’Église presbytérienne à Malakal et président du Conseil des Églises du Soudan du Sud, a déclaré: «Nous, les responsables d’Église, avons toujours dit que rien ne saurait justifier moralement ni excuser qu’on continue de combattre et de tuer. Les combats doivent cesser immédiatement et ce n’est qu’à partir de là que ces questions politiques pourront être discutées de façon constructive. Nous sommes des ambassadeurs de la paix, mandatés par Dieu pour réconcilier.»
«Il faut assurer la pérennité de la paix, or ce doit être une paix accompagnée de justice. C’est en notre qualité de personnes de convictions que nous venons et nous apportons une grande espérance au monde. Nous sommes des pèlerins et nous devons travailler, marcher et prier ensemble», a affirmé Agnes Abuom, présidente du Comité central du COE.
Les délégations ont été accueillies par l’abouna Mathias, patriarche de l’Église orthodoxe Tewahedo d’Éthiopie, archevêque d’Axoum et etchégué du Siège de Takla Haïmanot, l’abouna Berhaneyesus, cardinal de l’Église catholique en Éthiopie, et le pasteur Wakseyoum Idosa, président de l’Église évangélique éthiopienne Mekane Yesus. L’ambassadeur Seyoum Mesfin, président des envoyés spéciaux de l’Autorité intergouvernementale pour le développement en Afrique de l’Est, s’est également exprimé lors de la réunion. La délégation sud-soudanaise a par ailleurs rencontré le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn.
Le COE appellera à une journée spéciale de prière pour le processus de paix au Soudan du Sud en mai.
17 avril 2015
COE