John Wesley et l'esprit oecuménique

Au XVIIIe siècle, l'Église Anglicane était une Église d'État. John WESLEY y appartenait de pleine conviction et le réveil méthodiste se répandit en son sein tout au long de la vie de WESLEY, même si beaucoup d'ouvrages populaires font croire que WESLEY fut exclu de son Église. WESLEY demeura prêtre de l'Église Anglicane et fut même reçu chaleureusement dans beaucoup d'Églises locales, vers la fin de sa vie. L'Église Anglicane avait une position dominante dans la société, autant en Angleterre qu'en Irlande où elle était appelée Église d'Irlande. Sur cette île elle était minoritaire, car la majorité de la population était restée catholique. Lorsque le réveil méthodiste se répandit dans des régions fortement catholiques de l'île autour de 1748/49, des émeutes graves se produisirent à Cork.


Deux écrits d'importance capitale


Peu après les premières émeutes, John WESLEY fit une nouvelle tournée de prédication en Irlande. Il y publia une lettre ouverte à un catholique romain et rédigea le sermon L'esprit catholique (catholique dans le sens initial d'oecuménique). Les deux écrits de 1749 témoignèrent d'une ouverture étonnante envers les catholiques. Il faut se souvenir de la situation de l'époque. WESLEY héritait les craintes de tous les protestants anglais face au papisme (NDLR: c'est ainsi qu'ils appelaient le catholicisme) et à son influence politique. Cette crainte fut ranimée par le soulèvement militaire et l'invasion de ceux qui favorisèrent la lignée catholique sur le trône anglais en 1745. Mais au niveau des droits civiques en faveur des catholiques, WESLEY resta méfiant et défavorable dans plusieurs de ses traités.


Du catholicisme déguisé?


Au début du réveil, un évêque anglican soupçonna le méthodisme de n'être autre chose que du papisme déguisé. WESLEY publia les deux écrits mentionnés ci-dessus, qui étaient néanmoins étonnamment conciliants envers les catholiques. Dans les deux, WESLEY en resta au niveau théologique et n'aborda pas le domaine politique. Il souligna ce qui unit tous les chrétiens en se référant à la Bible et à la confession de foi qui date du temps du christianisme non-divisé. Ainsi il essaya de montrer ce qui est commun au niveau doctrinal et moral. Toutes les doctrines essentielles qui ont été fixées lors des premiers conciles de l'Église sont professées par tous les chrétiens.


WESLEY distingua les doctrines essentielles, qui devaient être communes, et les opinions, qui pouvaient diverger. Il jugeait important d'avoir des convictions claires quant à ces opinions mais elles ne devaient pas affaiblir l'amour réciproque. C'est là le but du sermon «L'esprit catholique»: il y a certes des différences d'opinions entre nous, mais celles-ci n'empêchent pas d'aimer. Dans la mesure du possible, c'est-à-dire en restant fidèle à son Église et à ses caractéristiques, il faut collaborer pour faire avancer le règne de Dieu. L'esprit oecuménique est un esprit d'amour.


Après John WESLEY


Au XIXe siècle, cet esprit oecuménique a puissamment stimulé des chrétiens méthodistes à s'engager dans le cadre de l'Alliance Évangélique ainsi que pour unir les différents courants du méthodisme. Au XXe siècle, des méthodistes se sont engagés pour promouvoir également le mouvement oecuménique. Ils étaient animés de ce même esprit qui garde ses convictions, mais agit autant que possible en accord avec des chrétiens d'autres Églises.


Patrick STREIFF

Source: LE MESSAGER CHRÉTIEN - JUIN 2003