A l'origine du méthodisme: Wesley, l'un des Britanniques les plus célèbres

Par John Singleton*


En 2003, une vaste enquête de la BBC visant à identifier "les plus grands Britanniques" de tous les temps a placé Wesley en 50e position parmi les100 noms les plus cités.


Cela indique que la réputation de Wesley comme grand leader religieux est en réalité bien plus grande que nombre d'entre nous ne l'avaient pensé.


Né à Epworth, Lincolnshire, le 17 juin 1703, Wesley était le 15e enfant de Susannah et du révérend Samuel Wesley, pasteur de l'Eglise anglicane comme l'avaient été son père et son grand-père avant lui. Susannah était la fille de Samuel Annesley, un puritain chassé de l'Eglise et souvent appelé le "St Paul du non-conformisme".


En 1709, encore enfant, John fut sauvé de l'incendie qui détruisit le presbytère d'Epworth. Ce sauvetage dramatique convainquit sa mère que Dieu devait avoir en réserve une tâche très spéciale pour lui. Elle décrivit son fils, en termes bibliques, comme "un tison retiré du feu".


Durant sa prime enfance, il fut instruit à domicile par sa mère, une femme remarquable et intellectuellement douée qui, selon de nombreux témoignages, était plutôt adepte d'une stricte discipline. Et bien qu'il ait grandi pendant des années difficiles - son père fut même emprisonné une fois pour dettes - on rapporte que le jeune John vécut au sein d'une atmosphère familiale heureuse.


A 10 ans, il quitte le Lincolnshire pour entrer dans un internat de Londres, l'école Charterhouse, qui lui accorde une bourse. Il quitte Londres à 17 ans, pour se rendre à Oxford, où il étudie pendant 6 ans. Suivant la voie de son père, il décide de devenir pasteur anglican et est ordonné en 1728.


Alors qu'il était à Oxford, lui et son frère Charles s'engagèrent dans ce qui était connu de certains camarades étudiants sous le sobriquet de "Club saint", "mites bibliques" ou …"les méthodistes". Il s'agissait d'un petit groupe d'étudiants partageant les mêmes idées et qui se rencontrait régulièrement pour lire la Bible et prier. Faisant preuve de compassion pratique pour les pauvres, ils commencèrent à visiter des prisonniers et distribuer des secours à des familles sans ressources.


En 1735, John et Charles se rendirent en Géorgie, en Amérique, où John œuvra en qualité de pasteur de paroisse à Savannah, tout en souhaitant passionnément travailler comme missionnaire auprès des Indiens. Mais suite à une liaison sentimentale désastreuse (la première d'au moins trois au cours de sa vie) s'ajoutant à l'échec de son projet, il retourna en Angleterre en 1738. Des années plus tard, il devait pourtant avoir une profonde influence sur l'expansion du méthodisme en l'Amérique.


Sa rencontre avec le groupe religieux connu sous le nom de Frères Moraves pendant son séjour américain eut des conséquences importantes et durables. Le premier contact eut lieu lors de son voyage d'aller sur le "Simmonds"; au cours d'une terrible tempête, Wesley fut profondément impressionné par le courage et la fermeté dans la foi de ces familles allemandes, tandis qu'alentour tout le monde craignait pour sa vie.


Après son retour à Londres, il participa à diverses réunions moraves. Durant l'une d'elles, le 24 mai 1738, il eut une expérience de conversion. "Je sentais mon cœur étrangement chaud", écrivit-il. "Je sentais que j'avais confiance en Christ, Christ le seul sauveur; et je reçus l'assurance qu'il avait ôté mes péchés, même les miens et qu'il m'avait libéré de la loi du péché et de la mort". A ce moment-là, il était âgé de 35 ans. Cette expérience eut un tel effet sur lui qu'il consacra le reste de sa longue vie à apporter ce même message de salut à d'autres. 


Acceptant l'invitation de George Whitefield de parler en plein air aux mineurs de Kingswood, Bristol, il se lança et devint ainsi un "prédicateur itinérant" - quelque chose d'impensable aux yeux de l'Eglise établie. Pendant sa vie, Wesley a parcouru (essentiellement à cheval) environ 250'000 miles en Angleterre et en Irlande, annonçant la bonne nouvelle de Jésus partout où des gens se rassemblaient pour l'écouter (souvent à 5 heures du matin).


Lorsqu'il y était invité, il prêchait également dans des églises paroissiales locales. Un jour mémorable, on lui refusa cette possibilité à Epworth, son village natal; il attendit alors que le culte se termine dans l'église puis se mit à prêcher dans le cimetière du haut de la tombe de son père. Au cours d'une tournée de neuf semaines en Irlande, alors qu'il avait 86 ans, il prêcha 100 fois dans 60 villes et villages. 


Bristol, où il construisit la chapelle historique du New Room, devint le siège de Wesley pour l'est de l'Angleterre et l'une des trois bases de départ de ses nombreux voyages, les deux autres étant Newcastle et Londres. 


En 1739, il acheta les murs d'une ancienne fonderie royale de canons située au nord de Londres. Il la restaura pour en faire une chapelle et son siège londonien, que l'on appela la Fonderie. Celle-ci fut remplacée en 1778 par une nouvelle chapelle située, dans le voisinage, à City Road; une maison pour Wesley et ses prêcheurs y était accolée. Des pèlerins du monde entier visitent maintenant la chapelle de Wesley et sa maison, entourées du terrain où John Wesley et d'autres pionniers du méthodisme sont inhumés.


La Fonderie devint en quelque sorte le centre névralgique de la conscience sociale du mouvement méthodiste naissant. Elle comprenait la première clinique gratuite de Londres, complétée par un dispensaire, ouverts en 1745. On y trouvait également une école, bien dotée en enseignants, pour les enfants de familles pauvres et un hospice pour les pauvres sans logis


C'est à la Fonderie qu'en 1740, Thomas Maxfield devint, presque par accident, le premier prédicateur laïc méthodiste; il avait pris sur lui de prêcher pendant une absence de Wesley, qui était alors à Bristol. D'abord irrité, Wesley réalisa finalement que c'était la volonté de Dieu - une approbation qui amena les laïques (y compris des femmes) à prendre des responsabilités et à jouer un rôle capital dans l'épanouissement rapide du mouvement. 


Wesley a toujours estimé qu'il n'était pas nécessaire de quitter l'Eglise d'Angleterre. Il se voyait plutôt comme le catalyseur d'une réforme par l'intérieur de l'église établie. Il resta pasteur de son Eglise jusqu'à sa mort en 1791. Encore en 1787, il écrivit: "Je continue à penser que si les méthodistes quittent l'Eglise, Dieu les quittera". Néanmoins, ses relations avec l'Eglise d'Angleterre ont dû sérieusement s'altérer lorsqu'en 1784, il ordonna trois de ses prêcheurs afin de donner des ministres du culte aux méthodistes américains. 


En Grande-Bretagne, le jeune réseau méthodiste, avec ses milliers de croyants et leurs lieux de rencontre locaux, dut faire face pendant les premières années à une forte opposition, de la part de l'Eglise comme de l'Etat. Cet antagonisme culmina dans les années 1740; les mentions du journal de Wesley montrent qu'il a lui-même subi passablement d'actes de violence, notamment du fait de sa détermination à se tenir aux côtés de méthodistes locaux qui étaient pourchassés et persécutés à cause de leur foi.


Il n'est dès lors pas étonnant que nombre de personnes estiment que Wesley est parfaitement qualifié pour figurer parmi "plus grands Britanniques". La lecture de son journal donne de lui une image fascinante et, en cette année du 300e anniversaire*, il est bon de nous souvenir de tout ce qu'il a mené à chef. 


16/01/2003

  • L’article a été rédigé en 2003

Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)