Canada: histoire de l'Eglise Méthodiste (2)

Le site Musée des religions québecquois publie une recherche de Claude Marcil sur le parcours de l'Eglise Méthodiste sur terre canadienne.



LES MÉTHODISTES


C'est dans l'Angleterre du 18e siècle que naït le mouvement méthodiste, sous l'impulsion d'un prêtre anglican nommé John Wesley, prodigieux prédicateur, auteur de nombreux ouvrages théologiques et autres et doté d'un sens de l'organisation hors du commun. 


En 1729, alors qu'il enseigne la théologie à Oxford, toujours en quête de sa voie, il fait partie, avec son frère Charles, du "Club des saints", un petit groupe pratiquant l'ascèse mystique et le ritualisme. Des camarades d'études railleurs les baptisent "méthodistes" à cause de leur façon méthodique de pratiquer et de renouveler leur piété plutôt introvertie. Loin de s'en formaliser, Wesley adopte cette étiquette et s'emploiera désormais à lui conférer ses lettres de noblesse. 


En mai 1738, à la suite d'une révélation, il reçoit l'assurance qu'il a été arraché à "la loi du péché et de la mort". Comme Luther en son temps, il va soudain être capable de déployer une activité formidable. Ses amis et lui commencent à prêcher, utilisant les chaires de l'Église anglicane, dont ils sont et resteront toujours membres, se refusant à tout parti pris sectaire. Mais le clergé en place, se sentant mis en cause, les exclut des églises. C'est donc en plein air, au milieu des mineurs, qu'ils prêchent la bonne nouvelle de la grâce souveraine et mobilisante. Et, irrésistiblement, l'évangélisation des méthodistes fait tache d'huile. Leur zèle prosélytique est tel que bientôt leurs missionnaires essaiment en Afrique, en Amérique latine, dans les Antilles où ils jouent un rôle décisif dans l'émancipation des esclaves, et même en Océanie. Inlassablement, Wesley met en place l'organisation qui reste aujourd'hui encore caractéristique du méthodisme. En effet, dès 1739, il organise les class meetings qui sont la base structurelle du méthodisme. Ce sont des lieux de formation permanente où se regroupent, sous l'autorité de leaders, ceux qui ont été convertis par la prédication. Maintenant que le mouvement est solidement implanté en Angleterre et en Irlande, les frères Wesley entreprennent de nombreux voyages aux États-Unis. C'est en 1784, au cours d'une conférence tenue à Baltimore, au Maryland, que le mouvement méthodiste, malgré les réticences de Wesley, devient officiellement une Église distincte de l'Église anglicane et que le premier évêque méthodiste des États-Unis est élu. Depuis lors, le méthodisme marquera profondément la vie religieuse américaine. Au plan local, les églises méthodistes sont appelées des "charges". Leurs ministres sont désignés par les évêques lors des Conférences Annuelles (CA). Chaque église élit son propre conseil d'administration qui se charge de la planification, établit les politiques locales et les objectifs à atteindre. 


Aujourd'hui, le méthodisme, qui n'a jamais été doctrinaire, est parcouru par tous les courants. C'est d'ailleurs des rangs méthodistes que sont issus des rameaux comme les Perfectionnistes et l'Armée du Salut. Au plan pratique, les méthodistes mettent davantage l'accent sur la droiture dans la conduite de la vie personnelle que sur l'orthodoxie en matière de doctrine. Ils sont surtout implantés dans les petites villes et banlieues, dans le Midwest et dans le Sud des États-Unis où, de toutes les dénominations protestantes, ils sont le mieux répartis sur l'ensemble du territoire. Au 20e siècle, ils ont dû céder aux baptistes la première place parmi les protestants. Mais, contrairement à ceux-ci, ils se sont regroupés. 


Au Canada, leur nombre est proportionnellement moins nombreux principalement en raison de la fusion de 1925 qui a mené à la fondation de l'Église unie. Le méthodisme canadien compte, au total, 72 505 adhérents (dont 5 020 au Québec et près de la moitié de son effectif, soit 35 165 membres, en Ontario). Mais il est divisé en quatre-sous dénominations: les méthodistes évangéliques, les plus nombreux, qui comptent 33 530 membres dont 3 950 au Québec et 9 745 en Alberta, là où ils sont le plus nombreux; les méthodistes libres (14 720 au Canada, 1 845 au Québec et, eux aussi, plus nombreux en Alberta où ils sont 5 245); les méthodistes épiscopaliens (655 dans tout le Canada, dont seulement 15 au Québec et la majorité, 555, en Ontario) et, enfin, les méthodistes sans affiliation (23 600 au Canada dont 15 430 en Ontario et 970 au Québec). 

Source: Musée des Religions