Plus de 40 responsables d'Eglises de l'Est et de l'Ouest comme d'Amérique du Nord se sont rencontrés les 26 et 27 mai derniers à Budapest (Hongrie) pour discuter de leurs divergences de vue en tant qu'Eglises à propos de la crise des Balkans et de l'intervention de l'Otan. Les divergences n'ont pas pu être balayées. «Mais c'est important, d'autant plus maintenant, de veiller à garder de bons rapports avec l'Europe de l'Est et avec les Orthodoxes», disait Thomas Wipf, le président du Conseil de la FEPS (Fédération des Eglises Protestantes de Suisse), qui a été à Budapest au nom de la Suisse. C'est immédiatement après que le «Conseil Oecuménique des Eglises» (COE) ait pris position que l'invitation pour Budapest est partie vers les Eglises de l'Europe et d'Amérique -le COE avait appelé très clairement l'Otan à arrêter immédiatement le bombardement de la Yougoslavie-. Cet appel avait déclenché de vives réactions au sein des Eglises anglaises, américaines et canadiennes. Plusieurs organisations d'Eglises avaient invité à cette rencontre, à savoir le COE, la 'Conférence des Eglises Européennes' (KEK) de même que les Fédérations Mondiales Luthérienne et Réformée. L'Eglise Catholique Romaine fut représentée par la personne du Secrétaire Général de la Conférence épiscopale européenne (CEE) en qualité d'observateur.
Les Réformés hongrois de la Voïvodine et les Orthodoxes Serbes ont souhaité faire adopter une résolution qui réclame de la part de l'Oran un arrêt immédiat et inconditionnel des bombardements. Mais il n'y eut pas d'accord entre les parties. Toujours est-il que dans un texte commun, les différentes parties ont entre autres cité quelques principes partagés par les Eglises:
- la priorité et l'urgence à privilégier les négociations pour parvenir à la paix;
- défendre un seul et même droit pour toutes les nations et groupes ethniques à vivre ensemble sur un seul et même territoire;
- défendre le droit pour tous les réfugiés et les personnes déplacées par la guerre de revenir dans leur patrie;
- le rôle central de l'ONU et de l'OSCE pour tout règlement négocié;
- la nécessité impérieuse de mettre en place après la guerre un processus de réconciliation et un programme de reconstruction comme
- de garantir la justice pour toutes les victimes de ce conflit.
Thomas Wipf croit avoir mieux compris avec les autres représentants des Eglises occidentales l'attitude des Orthodoxes et des autres Eglises de l'Europe du Sud-Est, tout en ne la partageant pas. «Je crois, disait-il, qu'il est très important pour l'Europe de nous préparer d'ores et déjà à reconstruire ce qui est détruit maintenant. Toute l'Europe du Sud-Est est déstabilisée, pour des générations, les relations à l'Europe sont rompues, non seulement en raison des dommages matériels subis, mais avant tout pour des raisons mentales. L'Europe de l'Est s'imagine que l'Europe de l'Ouest veut se fermer ses frontières là même où commence l'espace de l'orthodoxie. Aussi devons-nous rester maintenant spécialement en discussion de façon durable. Nous ne pourrons prendre part au processus de guérison et de réconciliation que si nous le faisons.»
Les Eglises Méthodistes sont aussi bien membres du COE que de la KEK. De plus, l'Eglise Evangélique Méthodiste de Suisse est aussi membre de la FEPS.
>Source: Reformierter Pressedienst - Ulrich Frei