Etats Unis, Washington: le silence de l'Église sur le SIDA provoque la mort, avertissement de responsables

Par Melissa Lauber*


Plus de 200 membres d'Eglises Evangéliques Méthodistes noires se sont réunies dans la capitale Washington pour discuter de quelle manière le silence de l'Eglise sur la question du SIDA tue des personnes.


"Si nous restons silencieux, nous tuons des gens. Le silence sur le SIDA signifie la mort," a dit Noemi Fuentes, responsable de la Commission pour la Diaconie et la Mission. La Commission a parrainé la discussion ouverte sur le SIDA, avec la Conférence Annuelle (CA) de Washington / Baltimore, ainsi que l'Église Noire à l'Hôtel de Plaza de Washington les 6-7 décembre.


La docteresse Joycelyn Elders, ancienne chirurgiennne américaine, a décrit dans son exposé la crise déclenchée par la maladie au cours des trois décennies passées décennies.


Les Afroaméricains représentent 12 % de la population aux Etats-Unis, mais 59 % de femmes malades du sida sont Noires américaines et 65 % d'adolescents frappés par le sida sont Noirs américains. D'ici 2005, les selon Elders, 60 % de tous les malades du SIDA seront Noirs américains.


"Et dans l'Eglise, nous en sommes toujours à hésiter à en parler ou non," ajoute Elders. "Le jour où vous voyez la vérité et cessez de parler, c'est le jour vous commencez à mourir."


Fuentes a reconnu que la Conférence de Washington / Baltimore est une des Conférences Annuelles (CA) les plus franches, les plus actives dans le domaine du SIDA. Cependant, l'Évêque Felton Edwin May met en garde contre toute suffisance et contre les simples bonnes intentions.


"Dans l'Eglise, nous identifions, traitons, débattons, codifions, imprimons et croyons ce qui se doit. Nous avons parlé," a dit l'Évêque May. "A l'heure où l'encre est sèche, nous sommes épuisés."


Il craint qu'il n'y ait un déni dans l'Eglise du SIDA. Il a noté que les actions parlent plus fort que les mots.


"Les paroles n'ont pas de valeur tant qu'elles ne sont traduites dans la chair et le sang," a dit l'évêque. Il a encouragé les participants à devenir "des prières vivantes" dans la bataille contre le SIDA.


Elders a aussi pressé l'Eglise d'agir avec "une foi déplaçant les montagnes." Elle a témoigné de la manière dont l'Église Evangélique Méthodiste (EEM) a changé sa vie en lui donnant une bourse lui permettant de partir des champs de coton de l'Arkansas jusqu'à un campus universitaire. 


Elle a servi comme chirurgienne dans l'administration Clinton, mais n'avait jamais vu de docteur avant son entrée à l'université.


"Vous ne pouvez pas être ce que vous ne pouvez pas voir," disait Elders. "Vous êtes les visionnaires de notre société. Vous devez exprimer une vision en faveur des pauvres et des faibles."


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Dans une étude biblique proposée lors de cette session sur le SIDA, Randy Bailey, professeur au Centre Théologique Interconfessionnel à Atlanta, a souligné l'importance de discussions honnêtes sur la sexualité dans l'Eglise, particulièrement du haut de la chaire.


Les chrétiens pratiquent une foi incarnée, a-t-il dit. "Nous devons démontrer la présence de Dieu," et trouver Dieu dans "l'inacceptable."



Pour le pasteur Joseph Daniels de l'Église Evangélique Méthodiste (EEM) Emory à Washington, les églises locales ne peuvent plus se permettre d'être silencieuses ou inactives au sujet du SIDA. "Nous devons juste le faire," a-t-il dit. "Nous devons ouvrir nos portes et nous y mettre."


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*Lauber est rédactrice adjointe du journal UMCONNECTION de la Conférence de Washington / Baltimore.

Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)