Etats Unis, New York: le combat d'une mère pour son fils mêlé à la mouvance d’Al-Qaida

Don Collier*


Zacarias Moussaoui est jugé actuellement par la cour fédérale de Virginie pour son implication présumée dans la mouvance terroriste d’Al-Qaida.


Sa mère, Aicha el-Wafi, ne peut pas se contenter d'être une mère comme les autres maintenant que son fils est jugé et passible de la peine capitale pour les attentats du 11 septembre.


Au cours d'une rencontre le 12 mars dernier à la Memorial United Methodist Church à White Plains, New York, el-Wafi s'est entretenue avec un groupe de personnes venues lui exprimer tout leur amour et leur soutien comme à une mère craignant pour le sort de son fils.


Comme Joseph Agne, le pasteur de l'église White Plains, le faisait remarquer, "je pense que tout dans le monde est politique, mais ici, ce n'est pas une réunion politique. C'est une réunion d'accueil".


Les personnes présentes ont précisé que sa perception était correcte. Tous partagent son affliction et entendent son appel à la compréhension, aussi l'ont-ils tous embrassée avec leurs mots et leurs bras.


El-Wafi était restée dans le secteur à l'invitation de sympathisants qui lui avaient promis un week-end calme, selon The Journal News. Certains sympathisants sont des membres actifs de l'église. Le journal a annoncé qu'environ 40 pacifistes, militants contre la peine capitale et mères de la congrégation ont suivi la réunion à l'église.


Aicha el-Wafi a parlé de son mariage arrangé pour elle à l'âge de 14 ans et de son divorce par la suite à l'âge de 24 ans. Elle a élevée seule ses quatre fils en France dans un environnement hostile à son arrière-plan et traditions musulmans. Ses enfants ont été rejetés à cause de leur foi Islamique, a-t-elle dit, bien qu'ils soient nés en France.


Elle a beaucoup de mal, a-t-elle ajouté, à comprendre comment et pourquoi la religion est à ce point une telle force de division dans le monde. Zacarias et son fils plus âgé ont rejoint des groupes Islamiques militants. Elle a dit qu'elle sera patiente et priera pour la réunion éventuelle de sa famille.

Non seulement le destin de son fils la fait souffrir, mais elle a révélé aussi comment sa vie a changé quand d'anciens amis se sont refroidis à son égard après son arrestation. En même temps, beaucoup se sont présentés pour la soutenir, même plusieurs personnes aux Etats-Unis incognito.


Parmi les personnes présentes à cette réunion dans l'église, plusieurs qui avaient perdu des membres de leur famille dans l'attaque du World Trade Center. Elles sont venues pour partager leur chagrin avec el-Wafi. El-Wafia a embrassé Connie Taylor, dont le fils Bradley Vadas, est mort dans le Centre Commercial, expliquant: "je ne sais pas si mon fils est coupable ou innocent, mais je veux que vous sachiez que je suis désolé de votre grand malheur".


Aicha el-Wafi avait voulu rencontrer des gens qui avaient perdu des êtres chers au World Trade Center. Six familles qui avaient éprouvé ce grand malheur l'avaient rencontrée en octobre 2002. D'autres étaient présentes à cette réunion de dimanche et elle a fait des commentaires sur ces événements étranges et fatidiques qui rassemblent les gens pour réfléchir à ce qui ne va pas dans le monde.


Si les mères sont venues la soutenir dans sa lutte, beaucoup de pères laissaient entendre qu'ils ne pourraient pas faire ce qu'elle a fait dans sa peine pour son fils, selon el-Wafi. Sa réponse est nette et claire: "c'est parce que vous n'avez jamais porté d'enfant. Une partie de moi est à l'intérieur (de la prison) avec lui, bien que je sois à l'extérieur".


Sans femmes dans le monde, tous seraient perdus, a-t-elle dit. Les femmes sont très près de Dieu dans le Coran, a-t-elle noté.


En se rappelant sa vie passée, elle a relevé que le père de Zacarias n'était pas là au fur et à mesure qu'il grandissait et son fils rêvait de la figure d'un père. Il était naïf, faible et vulnérable à l'appel des extrémistes islamistes. Beaucoup d'éléments, -elle en a le sentiment-, peuvent rendre des enfants fragiles et vulnérables et les mouvements extrémistes profitent de ces points faibles chez les jeunes pour les recruter.


Son but est de provoquer une prise de conscience chez les gens pour son fils. Une fois son épreuve passée, a-t-elle dit, elle se consacrera davantage à faire avancer la cause de la paix dans le monde avec un nombre plus grand de gens.


El-Wafi s'est rendue en France le 13 mars pour attendre le résultat du procès de son fils et la sentence.


Le procès de Zacharias Moussaoui a été suspendu pour 48 heures à la suite d'une violation des droits de la défense. Une avocate travaillant pour le gouvernement - chargée de coordonner sept témoins qui devaient être interrogés sur les activités de l'Administration fédérale du transport aérien avant le 11 septembre - leur avait communiqué des informations sur l'audience, ce qui est strictement interdit.



*Collier est le rédacteur de The Vision, le journal de la Conférence Annuelle de l’EEM / New York.


14 mars 2006

Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)