Tout récemment, en recherchant d'anciens documents sur le méthodisme, nous avons trouvé une petite brochure intitulée «WESLEY d'après son journal». Ce sont des extraits classifiés et traduits par le pasteur W-H.GUITON, édités par les Publications Méthodistes.
Cette brochure de 76 pages est épuisée depuis longtemps. Peut-être vaudrait-il la peine de la rééditer? Citant Matthieu LELIEVRE, le pasteur GUITON commence son introduction par ces lignes:
De toutes les publications de WESLEY, la plus intéressante, celle qui peut le mieux nous faire connaître son oeuvre et sa personnalité, est sans contredit son «Journal», qui constitue «une autobiographie incomparable».
Nous avons sélectionné un chapitre qui nous montre WESLEY sous un jour qui est sans doute moins connu que d'autres.
Bonne lecture
Gladys & Pierre GEISER
WESLEY et les enfants
Lundi 4 juin 1743 et les jours suivants, j'ai eu le temps de terminer les «Instructions for children» (conseils aux enfants).
Jeudi 14 avril. J'ai mis à part une heure chaque semaine pour rencontrer les enfants de nos quatre écoles. Nous avons vite pu nous apercevoir de l'effet produit par ces entretiens sur les enfants.
Quelques-uns d'entre eux ont reçu des impressions profondes et durables.
Dimanche 12 octobre 1760 (Kingswood). Dans le courant de l'après-midi, j'ai demandé aux enfants dont les parents font partie de notre société de se réunir à Bristol. Trente de ces enfants sont venus ce jour-là et environ cinquante autres sont venus le dimanche et le jeudi suivants. J'en ai réparti la moitié en quatre classes, deux pour les garçons et deux pour les filles et j'ai choisi des «conducteurs» qualifiés chargés de s'occuper de chacune de ces classes. Je voyais ces enfants tous ensemble une fois par semaine. Dieu ne tarda pas à toucher le coeur de plusieurs d'entre eux.
Dimanche 5 octobre 1766. J'ai prêché à Bristol plusieurs soirs de suite sur l'éducation des enfants.
Quelques personnes répondirent à cet effort par cette objection ridicule et misérable: «Il n'a pas d'enfants!» Mais plusieurs, animés d'un esprit de droiture, s'inclinèrent devant la vérité et se reconnurent coupables devant Dieu.
Jeudi 31 octobre 1768. J'ai vu les enfants et leur ai parl : Voilà une oeuvre qui mettra à contribution le talent des meilleurs prédicateurs anglais.
Jeudi 4 juin 1772. A cinq heures, je pris congé de ces amis. Je fus surpris, en les regardant attentivement, de remarquer un si grand nombre de belles et nobles figures, telles que je n'en ai jamais vues d'aussi belles dans aucun auditoire. Je fus surtout frappé par les enfants, douze ou quatorze d'entre eux, presque tous des garçons, étaient assis en face de moi. Mais je crois que cette beauté était due à la grâce plus encore qu'à la nature ; elle provenait surtout de la vie céleste qui, agissant dans les coeurs, se révélait sur les visages.
Mardi 8 juin 1784. Je suis allé à Stock upon-Tees. Il s'y fait une oeuvre admirable parmi les enfants. Plusieurs de ces enfants, entre six et quatorze ans, sont ardemment désireux d'être sauvés.
Plus de soixante sont venus à plusieurs reprises pour s'entretenir avec nous ; ils paraissaient très sincères.
A midi, j'ai prêché sur ce texte: «Le royaume des cieux est proche.» Tous semblaient profondément émus. Aussitôt que je fus descendu de chaire, je fus entouré de tout un groupe d'enfants. Tous se mirent à genoux. Je m'agenouillai à côté d'eux et me mis à prier pour eux. La flamme divine se communiqua d'un coeur à l'autre.
N'est-ce pas un phénomène absolument nouveau dans l'ordre spirituel? Dieu commence son oeuvre parmi les enfants. Il en a été de même en Cornouailles, à Manchester, à Epworth. Puis, des jeunes, la flamme de vie a gagné les aînés, de sorte que tous, petits et grands, connaissent Dieu et l'adorent.
Samedi 19 avril 1788. Nous sommes allés à Boston où j'ai prêché le soir dans une des plus élégantes chapelles du royaume devant un auditoire extrêmement attentif. Je reconnais que, dans aucune réunion méthodiste, on ne peut trouver de pareils chanteurs. Nous avons ici une centaine de garçons et de filles, choisis parmi les élèves de nos écoles du dimanche admirablement exercés au chant ; il est impossible de trouver un pareil choeur dans aucune chapelle, cathédrale ou salle de concerts. L'expression de plusieurs d'entre eux s'harmonise si bien avec la mélodie qu'il est impossible de décrire l'effet produit. Seul le chant des anges, dans la demeure de notre Père céleste, peut être plus sublime que celui-là.
Dimanche 20 avril 1788. (Boston) J'ai réuni, à trois heures de l'après-midi, de neuf cents à mille élèves de nos écoles du dimanche. Je n'ai jamais vu pareil spectacle. Ils étaient tous habillés avec propreté et simplicité. Ils se sont tous comportés avec beaucoup de sérieux. Beaucoup, garçons et filles, avaient de beaux visages. Quand ils chantaient, tous ensemble, sans qu'aucun fît entendre une note discordante, leur mélodie était plus parfaite que celle d'aucun théâtre.
Mais il y a mieux encore que leur talent musical. Beaucoup d'entre eux craignent Dieu et quelques-uns se réjouissent de la joie du salut. Ils sont un exemple pour toute la ville. Leur passe-temps habituel consiste à visiter les malades pauvres, à les exhorter, à les consoler et à prier avec eux. Souvent ils se réunissent au nombre de dix, trente ou quarante pour chanter et prier ensemble. Ils chantent et prient avec tant de ferveur qu'il leur est très pénible d'avoir à se séparer.
Source: LE MESSAGER CHRÉTIEN - JUIN 2003