France: une cinquantaine d’associations chrétiennes dénoncent la logique économique du projet de loi sur l’immigration et l’intégration

Le quotidien à travers son journaliste Fabrice Tassel évoque “la croisade” lancée par une cinquantaine d’associations chrétiennes contre la loi Sarkozy sur l'immigration


La première offensive contre le projet de loi sur l'immigration et l'intégration est assez inattendue. Lundi, soit une semaine avant que les députés n'entament, le 2 mai, l'examen du texte, un collectif réunissant une cinquantaine d'associations chrétiennes lancera un appel à la vigilance. «Cet appel s'adressera au gouvernement et au ministre concerné, et vise à sensibiliser l'opinion publique sur les risques que cette loi risque d'engendrer», a indiqué vendredi un porte-parole du Secours catholique.


Les présidents du Secours catholique, du Comité catholique contre la faim et le développement, ou encore de la Cimade seront présents à cette conférence de presse. Et, selon le Figaro de vendredi, les trois présidents du Conseil des Eglises chrétiennes de France, Mgr Jean-Pierre Ricard pour les catholiques, Jean-Arnold de Clermont pour les protestants et Mgr Emmanuel pour les orthodoxes, vont écrire à Villepin pour s'opposer à ce projet. Ce courrier sera rendu public en début de semaine.


« Fragilisation». Au centre de leurs préoccupations, le regret que «la logique économique», selon la formule du président de la Fédération protestante de France, guide ce projet de loi, et l'inquiétude face au durcissement des conditions du regroupement familial, jusqu'ici pierre angulaire de la politique d'immigration en France. Le projet de loi Sarkozy prône un changement de cap profond, puisqu'il vise à adapter les flux migratoires aux besoins économiques du pays, afin de s'éloigner d'une logique «d'immigration subie».


Le ton utilisé se veut même menaçant, puisque Jean-Arnold de Clermont souhaite que Dominique de Villepin renonce à ce texte «supplémentaire» et espère une mobilisation «du même type» que celle contre le CPE. «Ce projet de loi est une fragilisation considérable pour les migrants et leurs familles», a-t-il aussi déclaré, critiquant «la connotation électoraliste, une fois de plus», de ce projet, à un an de la présidentielle.


Ce n'est pas la première fois que l'Eglise a manifesté son opposition à ce projet. Dès le 6 avril, à Lourdes, l'épiscopat français s'était dit «pas d'accord» avec ce texte. Des rencontres ont ensuite eu lieu place Beauvau, sans parvenir à dissiper l'inquiétude de la hiérarchie de l'Eglise chrétienne.


Coup de bluff. En dépit d'un courrier que leur a adressé ces derniers jours Nicolas Sarkozy, plusieurs voix ont réaffirmé ces réticences : «Nous ne sommes pas convaincus. Tout cela va dans le sens d'une opinion qui est malgré tout frileuse», a déclaré l'évêque de Saint-Denis, Mgr Olivier de Berranger. Conscient du poids de l'Eglise sur le sujet, Nicolas Sarkozy, tout en justifiant son projet, a assuré que ce texte serait «utilement amendé». Les initiatives prévues lundi montrent que ce coup de bluff n'a pas convaincu.


samedi 22 avril 2006


Source: Libération