Interview de Mehmet Sopaj, responsable de communautés méthodistes au Kosovo réalisée par Urs Schweizer:
Mehmet, tu es retourné de l'Albanie jusque dans ta patrie le 22 juin 1999. Comment se présente la situation là-bas?
«A Sallagrazhdë et dans sa région, la situation générale est calme. Les unités militaires serbes et les forces paramilitaires ont détruit partiellement ou totalement beaucoup de maisons pendant la guerre par le tir de grenades et par des mises à feu. Dans mon village, quasiment personne jusqu'ici n'a pu entamer la reconstruction. Les gens vivent aujourd'hui pour cette raison essentiellement dans des tentes ou dans des caves, où c'est pourtant particulièrement humide. Les conditions de vie sont très mauvaises. Sans l'aide d'organisations humanitaires nationales et internationales, l'approvisionnement minimal de nourriture ne serait pas assuré. Ce qui pèse aussi lourd dans la balance, -comme conséquence des événements dramatiques vécus, la guerre- ces sont les maladies psychiques et psychosomatiques, pour le traitement desquels il manque actuellement les médicaments nécessaires.»
Est-ce que les gens ont la possibilité dans ces circonstances de se préparer à l'hiver qui vient?
«Si les gens qui viennent de revenir chez eux doivent passer le prochain hiver, qui débute en règle générale autour du 15 octobre et est très froid et rigoureux, dans des tentes et des caves, alors une nouvelle catastrophe humanitaire s'annonce au Kosovo.»
Comment se portent les communautés méthodistes au Kosovo? Est-ce que la situation présente permet déjà la reprise de la vie de ces communautés?
«Pour l'heure, je n'ai de contacts réguliers qu'avec les frères et soeurs de la communauté de Sallagrazhdë, càd que je les visite dans leurs maisons et ruines, j'annonce l'Evangile à partir de la Bible et je prie avec eux. En outre nous avons repris ensemble, il y a environ un mois, la célébration d'un culte une fois par semaine. Pour ce qui est des frères et soeurs des communautés de Suharekë et de Prishtinë, où les deux locaux ont été détruits, jusqu'ici malgré diverses tentatives je n'ai pas pu établir le moindre contact. Je ne sais pas où ils se trouvent.»
De quelle nature sont tes espérances pour ce qui est de la réconciliation entre les Kosovars et les Serbes?
«Nous avons de grandes espérances pour ce qui est de la réconciliation et de l'amélioration des relations entre Kosovars et Serbes. Je crois que nous pouvons vivre ensemble au Kosovo. Mais il va falloir beaucoup de patience, parce que dans ma propre famille, nombreux ont été les gens à avoir perdu de chers hommes, femmes et enfants, parce qu'ils ont pillé leurs maisons et tous leurs biens ou parce qu'ils ont été eux-même blessés.»
Comment pouvons-nous vous aider?
«Vous pouvez nous aider à reconstruire les maisons endommagées et détruites. A part ça, nous aimerions aider à reconstruire l'école primaire de Sallagrazhdë, dont l'intérieur a été complètement saccagé et détruit. En outre nous avons besoin d'argent pour fournir de l'aide médicale en urgence. Puis nous souhaitons aussi être aidés pour l'achat de nourriture de base qui nous permettra de tenir jusqu'au prochain été, quand les cultivateurs du Kosovo récolteront à nouveau leurs propres céréales dans les champs. Nous avons l'espoir d'obtenir le nécessaire vital pour notre vie à venir avec notre Dieu et avec l'aide de nos frères et soeurs en Christ. Je vous remercie de tout coeur pour votre aide et vous souhaite la bénédiction de Dieu pour vous tous!
>Source: Kirche+Welt