L'Evêque de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) du Centre et du Sud de l'Europe s'exprime sur les turbulences observées actuellement dans le domaine de l'oecuménisme.
En août et en septembre 2000, l'Eglise Orthodoxe russe s'est prononcée sur l'oecuménisme dans une Déclaration et, dans la foulée, l'Eglise Catholique Romaine publie un document portant cette fois sur le pluralisme religieux (Dominus). Les deux documents émettent une même idée forte: chacune de ces Eglises estime être à elle seule la véritable Eglise du Christ. Ce n'est pas nouveau, mais c'est le simple prolongement de ce qui nous a toujours été déclaré. On peut regretter que ces deux Eglises restent fidèles à leur conception exclusive de l'Eglise, et qu'elles ne manifestent pas non plus d'ouverture 3000 ans après la venue du Christ. Mais je ne comprends pas l'excitation protestante autour de ces récentes Déclarations. Dans l'oecuménisme que nous pratiquons sur le terrain, nous sommes toujours conscients de ce qu'en matière d'ecclésiologie nous sommes loin d'être unis. Nous oublions trop facilement la manière dont nous avons procédé durant ces dernières décennies pour résoudre le problème de la reconnaissance réciproque. Nous avons toujours évité la question de l'ecclésiologie. Mais nous avons construit une plate-forme commune, qui nous a permis d'avoir entre nous des échanges fraternels malgré une ecclésiologie différente. Le Concile de Vatican II avancé le concept de "koinonia" (communion fraternelle) pour définir la cohabitation entre Eglises. Le Conseil Oecuménique a repris ce concept en 1991 et en 1993 et désigné ainsi la plate-forme pour toute collaboration oecuménique sur le terrain: "koinonia désigne la relation dynamique prévalant entre croyants, relation qui se fonde dans la participation à la réalité de la grâce de Dieu» (rapport officiel de la 5e Assemblée Plénière de «Foi et Constitution», Genève 1994). Dans le cadre du dialogue entre Méthodistes et Catholiques Romains, la question de l'unité des Eglises a aussi été abordée à l'aide de ce concept de "koinonia": «Nous avons découvert que le concept et l'expérience de «koinonia» comptent pour modèle de l'unité à suivre».
Si jamais la question de l'ecclésiologie devait revenir au premier plan dans le dialogue oecuménique, alors je n'attends pas des autres qu'ils se rapprochent de moi. J'aimerais mieux comprendre leur propre perception de l'Eglise et j'espère que nous vivrons et élaborerons avec plaisir la "koinonia" comme plate-forme pour une collaboration oecuménique sur le terrain, - même si les Eglises n'auront pas encore unifié leur ecclésiologie.
Henri Bolleter, Evêque de l'Eglise Evangélique Méthodiste du Centre et du Sud de l'Europe
>Source: Secrétariat de l'Evêque de l'EEM