Bryantsville, un village de 500 habitants dans le Kentucky, USA, vivait et vit presque exclusivement de l'exploitation du tabac. Il y a quelques mois, l'United Methodist Church (UMC), forte de 75 membres, a acquis à des conditions avantageuses un bout de terrain. En réalité, il n'y avait là rien d'extraordinaire, si une loi n'avait pas établi en 1930 que sur cette terre une tonne de tabac pouvait être exploitée et vendue. Le propriétaire précédent n'avait rien su de cette «attribution» et avait affermé cette terre à un prix beaucoup trop bas. Dans un premier temps, la communauté s'est réjouie de cet avantage financier. Mais alors survinrent les problèmes. Car la position officielle de l'UMC s'oppose clairement au tabac. Dans les Principes Sociaux (, nous lisons (3.11): «Nous respectons notre tradition de discipline personnelle stricte et de responsabilité sociale; au vu des preuves indubitables concernant les effets dévastateurs du tabac à fumer et à priser sur la santé des personnes de tous les groupes d'âges, nous recommandons à chacun et à chacune de renoncer totalement au tabac. Nous insistons pour que les responsables de l'éducation et de la communication utilisent les moyens à leur disposition pour promouvoir cette abstinence; Par ailleurs, nous reconnaissons les effets nocifs de l'inhalation passive de la fumée et prônons donc l'interdiction de fumer dans les lieux publics et sur le lieu de travail.» La société américaine ne pense pas autrement sur ce chapitre.
«Nous avons discuté de la chose et beaucoup prié», disait le pasteur James Williams. Cette portion de terre serait restée en friche et quelqu'un d'autre en dehors de Bryantsville en aurait profité. La part de tabac aurait aussi pu être offerte à un cultivateur. Mais personne ne voulut la prendre sans dédommagement. Une vente aurait entraîné pour l'Eglise une rentrée d'argent sale. Aucune de ces solutions ne satisfera pleinement la bonne conscience de la communauté. Et c'est ainsi qu'on se décidera de la vente du contingent de tabac au seul membre de l'Eglise, qui avait encore des capacités et de l'intérêt pour cela. Les quelques 1800 dollars obtenus en échange n'ont été qu'une partie infime de sa valeur véritable. Il n'y eut pas pour autant à Bryantsville de démissions ni de l'animosité dans le rang des membres malgré le caractère délicat de l'affaire.
Le pasteur Williams, qui entre temps dessert une autre église, pense qu'une église doit toujours faire ce qui est juste, et qu'elle doit simultanément se comporter avec tact au contact d'hommes acculés à des problèmes de conscience, sans avoir rien commis de mauvais.
Source: United Methodist News Service