Du 17 au 21 janvier s'est tenue à Genève une session de travail des ONG (Organisation non-gouvernementales) et la réunion préparatoire 2000 comprenant l'évaluation des accords de Beijing. La participation méthodiste était non négligeable. Renate Bloem avait été chargée de présider cette réunion de travail des ONG. Les Méthodistes de Macédoine Christina Cekov et Carol Partridge étaient présentes. Une autre méthodiste, la juriste Claudia Bloem, siégeait également comme membre de la délégation gouvernementale suisse. Carol Partridge partage ses impressions par écrit dans ce qui suit. La traduction émane de Christina Cekov:
Une amie, (autour des 70 ans), a raconté à son pasteur qu'elle se sentait proche du frère aîné de la parabole du 'fils prodigue'. Toute sa vie, elle s'était appliquée à travailler fidèlement, mais personne ne semblait le prendre en compte. Personne n'avait tué le veau gras pour elle. «Abats toi-même un veau», lui dit alors le pasteur. Beaucoup de femmes au monde se sentent dévalorisées comme le frère aîné de la parabole. Et ce qui n'arrange rien, la «vie dissipée» que le plus jeune fils a menée et qui l'a conduit à dilapider ses biens, pourrait évoquer l'exploitation et les abus dont les femmes sont les victimes. Des femmes sont exploitées et victimes d'abus de par le monde, c'est jusqu'à nos jours la réalité. Que font les femmes contre cette situation? Elles abattent leur propre veau. La Conférence, qui vient de se tenir aux «Nations Unies» à Genève, est un signe de l'engagement des femmes à prendre leur cause en main. La Conférence, réunissant les ONG, prélude à une réunion préparatoire régionale convoquée dans la foulée, a commencé le 17/18 janvier avec une session de deux jours. 648 femmes de 51 pays y ont pris part. Avec pour objectif d'évaluer l'impact de la rencontre de Beijing. Elle s'est concentrée sur quatre points essentiels: les femmes et l'économie, les mécanismes institutionnels pour la promotion des femmes, les femmes et la violence (violence domestique, traite des femmes et violence exercée contre les femmes et les situations de conflit) et les femmes à des postes influents. Les représentantes des ONG ont mis l'accent sur les dossiers importants à suivre, les succès remportés et les défaites subies et ont cherché ensemble quelles suites donner aux accords de Beijing, qui ont été signés en 1995 à la Conférence Mondiale des Femmes.
Le groupe de travail des ONG a présenté ses rapports et ses motions au groupe préparatoire. La rencontre préparatoire régionale, qui s'est tenue du 19 au 21 janvier, avait été organisée par l'«Economic Commission for Europe» -ECE- (North America) (ou 'Commission Economique pour l'Europe') (Etats Unis) à la demande de l'Assemblée Générale des Nations Unies avec pour objectif l'évaluation à l'échelle régionale de l'accord de Beijing.
Cette commission- une des cinq commissions régionales des Nations Unies- , qui réunit les pays du nord suivants, le Canada, les USA, l'Europe occidentale, Centrale et Orientale et les pays indépendants de l'Ancienne Union Soviétique, y compris la Mongolie et la Turquie (soit un total de 54 pays). Ce n'est donc pas une institution américaine. (Les autres commissions régionales sont l'Afrique, l'Asie occidentale, l'Asie orientale et le Pacifique, l'Amérique Latine).
Plus de 550 représentants de quelques 250 organisations non gouvernementales ont pris part à la rencontre préparatoire.
J'ai eu le privilège de vivre l'ensemble de la Conférence en tant que collaboratrice de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) en Macédoine. Avec Christina Cekov, la présidente du Carrefour Féminin méthodiste en Macédoine, j'ai représenté la "World Federation of Methodist and Uniting Church Women" (WFMUW). La WFMUW a le statut de membre consultatif auprès des Nations Unies, un statut, que toutes les ONG n'ont pas. Renate Bloem de Genève est la représentante de la Fédération Mondiale auprès de l'ONU à titre de bénévole. Elle est précisément la présidente du Comité des ONG pour le statut des femmes auprès des Nations Unies et a été l'organisatrice principale de la Conférence. Son discours de bienvenue à la réunion de toutes les représentantes des ONG a fortement impressionné toutes les participantes de la Conférence. «Les voix des ONG doivent être entendues et reconnues», expliquait-elle; «leur rôle ne doit pas être minimisé». Au cours de la rencontre préparatoire, chacun de ces quatre thèmes ont été présentés par des commissions distinctes. Chaque commission était composée de trois ou quatre expertes du domaine concerné, avec au minimum un expert du gouvernement et des ONG, de même qu'un référant indépendant.
Suite à quoi eurent lieu des discussions et des débats entre les Etats membres et les représentants des ONG. Au minimum, trois représentants des différentes ONG ont traité de chaque problématique et se sont assurés que les revendications spécifiques à chaque troupe de travail soient présentées en Assemblée plénière de la réunion préparatoire. Cette rencontre préparatoire inclura dans son rapport les résolutions et les recommandations qu'elle aura formulées. Les gouvernements participants ont confirmé encore une fois leur engagement par rapport aux buts et soucis exprimés dans les accords de Beijing et reconnu leur rôle essentiel dans l'application de ces résolutions. Ce faisant, le rôle important des ONG a été à cette occasion également confirmé. Des pays comme la Macédoine à la démocratie naissante et à l'économie en pleine transition sont assurés de l'attention et du soutien général nécessaire comme jamais. Comme les femmes sont plus actives dans les services sociaux financés en majorité par l'Etat, elles sont souvent plus touchées que les hommes par des réductions de salaire et par le chômage. En plus, beaucoup de femmes ont à présent aussi la responsabilité du suivi des personnes âgées, des enfants et des malades sans obtenir le moindre soutien de l'Etat. Il a été souligné que ces problèmes économiques contribuent à des conflits armés, à des crimes organisés et à renforcer le nombre des réfugiés. Autant de facteurs supplémentaires à un regain de violences à l'encontre des femmes et à leur exploitation.
Après cinq sessions de 9h00 à 16h00, les casiers des participantes ont été chargés de papiers et de rapports: nos «têtes fument» sous le poids des informations et des idées en circulation. Nous étions fatiguées. «Abattre notre propre veau» n'est pas toujours une tâche si facile; cette fois, cela a été plus du travail qu'une fête. Mais nous nous réjouissons quand un jour toutes les femmes pourront jouir de tous les droits de l'homme. Nous continuerons de travailler dans cette perspective. La session de travail des ONG et la réunion préparatoire régionale ont servi à la préparation de la session exceptionnelle de l'Assemblée plénière de l'ONU prévue sous le titre «Femmes 2000: égalité de traitement, développement et paix pour le 21e siècle», qui aura lieu en juin à New York.
Carol Partridge
>Source: Renate Bloem & EMKNI