<16.03.2000 La Conférence Centrale du Centre et du Sud de l'Europe de l'EEM se prononce sur la 'Charta Oecumenica'

Eglise Evangélique Méthodiste - The United Methodist Church

Conférence Centrale du Centre et du Sud de l'Europe (CCCSE)

CHARTA OECUMENICA

 

La Commission Théologique de la Conférence Centrale du Centre et du Sud de l'Europe a discuté le texte de la 'Charta Oecumenica' lors de sa session de travail annuelle à Budapest (15-17.11.1999). Le Comité Directeur de la Conférence Centrale a délibéré sur ce texte le 10.03.2000 et l'a adopté comme son texte après quelques modifications.

Nous voudrions tout d'abord dire notre gratitude et notre reconnaissance à la KEK comme à la CEE d'avoir adopté les suggestions du 2e rassemblement oecuménique européen de 1997 à Graz et de déployer autant d'efforts pour les mettre en oeuvre concrètement. Nous aimerions poser les questions suivantes, faire part des observations et des commentaires que voici.

1. Nous avons l'impression:

- que la mission de l'Eglise n'est pas suffisamment décrite (seul le point 4 l'aborde, sinon on parle des chrétiens pris individuellement ou du mouvement oecuménique);

- que l'on évite de différencier l'Eglise de la société (l'Eglise, le peuple, la nation sont considérés comme des grandeurs statiques, bien qu'ils ne cessent pas de changer);

- que le texte implique une compréhension de l'histoire spécifiquement européenne, sans le dire expressément (...).

2. Dans l'introduction, le «nous» désigne les Eglises membres de la KEK et les Conférences des Evêques catholiques romaines en Europe. Le document comprend un certain nombre de résolutions. Jusqu'à quel point ces résolutions ont-ils un caractère obligatoire? Est-il attendu des Eglises qu'elles les ratifient? Qui s'engage alors? Les responsables actuels des Eglises membres de la KEK, les Conférences actuelles patriarcales orthodoxes, les Synodes, les Conférences, les Unions? Chaque Conférence des Evêques pour elle-même? Est-ce qu'une Conférence des Evêques pour reprendre à son compte une de ces résolutions sans l'accord de Rome? Nous sommes prêts en tant que chrétiens méthodistes à nous engager, mais notre témoignage missionnaire et notre amour actif auprès des gens en souffrance ne doivent pas être entravés par une approche oecuménique mal comprise.

Deux questions: comment une Eglise peut-elle sérieusement interpeller une autre sur les engagements qu'elles a pris? De quelle manière les conflits naissants devraient-ils être résolus? Sans une médiation oecuménique, appelée de leurs voeux par les parties concernées, la 'Charta' reste un document positif sans conséquence pour la vie des Eglises. La KEK et la CEE devraient mettre ensemble en place une telle instance médiatrice.

3. Le document n'évoque que les missions de l'Eglise, il ne dit rien de ce qui constitue l'Eglise. Aussi qui détermine si telle communauté est une communauté chrétienne ou une secte (point 4)? Et sur la base de quels critères doit-on faire cette évaluation? Est-ce que la «concurrence» entre les Eglises doit toujours être «dommageable»? ne peut-il pas y avoir aussi une bonne concurrence dans le sens d'une saine émulation mutuelle dans l'obéissance et au service du Seigneur de l'Eglise? Pour nous, le but visé ne serait pas une unité comprise en terme d'«harmonisation» mais une unité en tension, déterminée par l'amour et la vérité, une unité appréciée, prise au sérieux, accueillie et portée dans les oppositions et les différences sans que jamais la communion n'en pâtisse.

4. Que veut dire l'affirmation de la «communion ecclésiale parfaite» (Point 6) et est-ce là vraiment le but des Eglises, qui sont membres de la KEK? Chez nous a percé la crainte qu'il soit demandé indirectement à chacun de renoncer à sa propre identité ecclésiale.

5. Etre prêt à reconnaître à chaque homme la liberté de conscience et de foi et son droit à chercher la vérité et à témoigner de cette vérité (Point 9) est important. Ce principe est-il aussi valable, quand un homme change d'Eglise pour de telles raisons (point 4)? Il est regrettable que le passage d'une Eglise à l'autre soit immédiatement interprété dans la Charta comme de la manipulation ou comme une contrainte. On devrait admettre en fait comme allant de soi après un si long temps de relations oecuméniques que des personnes puissent changer d'Eglises pour des raisons personnelles, sans que cela soit catastrophique. Nous avons aussi conscience qu'il y a beaucoup de pays dans l'Europe élargie sans histoire oecuménique commune en raison de la situation politique et où les relations oecuméniques sont à leur début.

6. Le point 9 devrait être en fait nommé «relation avec le judaïsme». Nous ne devrions pas seulement demander pardon à Dieu, mais aussi à nos frères et soeurs juifs. On devrait aussi ajouter un point 10, qui exprime notre désir conjoint d'entamer aussi des relations avec les musulmans comme avec les représentants d'autres religions qui soient empreintes de respect et visent la compréhension mutuelle. ...

10 Mars 2000»

>Source: CCCSE