BEAUCOUP DE CHRÉTIENS SONT MENACES DE PERSÉCUTION QUOTIDIENNEMENT

Pendant presque deux décennies, le Sri Lanka a été le théâtre d'une guerre civile ethnico-religieuse opposant les Tamil principalement de religion hindoue aux cingalais, en grande partie bouddhistes et liés au pouvoir. 


Depuis qu'en décembre 2002 un cessez-le-feu est entré en vigueur, 63,000 personnes ont été tuées dans les combats.


Les chrétiens constituaient traditionnellement une cible de choix. Ils font de nouveau l'objet d'une hostilité générale. Les bouddhistes représentent 70 % de la population, soit 20 millions de personnes. Des moines bouddhistes intimident des pasteurs chrétiens et leurs congrégations. Des églises sont incendiées et plastiquées. On a mis le feu à des campements de jeunes.


Bien que seul 1% de la population Sri lankaise soit évangélique, le christianisme se développe rapidement. Les Assemblées de Dieu comptent à elles seules 85,000 membres et plus de 350 lieux de culte différents à travers cette île située à quelques 50 milles au sud-est de l'Inde.


En août, la Cour suprême du Sri Lanka a réitéré que le Bouddhisme était la religion officielle du pays et que les chrétiens n'avaient pas le droit fondamental d'évangéliser. Le même mois, des foules conduites par des moines bouddhistes ont attaqué des églises pentecôtistes dans quatre villes sri lankaises. Malgré cela, les étudiants du Collège Biblique de Colombo, (capitale), proclament courageusement le Christ dans cet environnement principalement bouddhiste.


La persécution n'est pas un phénomène nouveau au Sri Lanka. Par exemple, il y a 15 ans, deux extrémistes ont tiré sur le Pasteur Lionel Jayasinghe et l'ont tué quand il est allé ouvrir la porte de sa maison de Tissamaharama. La veuve de Jayasinghe a continué à diriger leur église toute seule; l'année dernière, des radicaux ont mis feu à une autre église.


"Des millions de chrétiens vivent dans le monde entier dans la crainte constante d'une persécution ou d'une conversion obligatoire, dans la peur devant leurs gouvernements ou devant l'action de membres de groupes d'autodéfense locaux," écrit Philip Jenkins dans "The Next Christendom: The Coming of Global Christendom." "Dans toutes ces diverses situations, des croyants ordinaires sont amenés à comprendre pourquoi ils ont à subir ces souffrances et ils le font en renouant avec la langue familière de la Bible et du christianisme primitif."


Selon l'organisation Portes Ouvertes, engagée dans le soutien aux chrétiens persécutés, 200 millions de chrétiens dans le monde entier souffrent dans leur corps pour leur foi, tandis que 300 millions autres croyants souffrent de discrimination à cause de leurs croyances.


Todd M. Johnson, directeur du Centre d'Étude sur le Christianisme Mondial de South Hamilton, Massachusetts, dit que 160,000 chrétiens meurent "prématurément en situation de témoins" chaque année. Selon Johnson, le 20ème siècle avait plus de martyrs que les précédents 19 siècles combinés; rien qu'entre 1920 et 1950, 15 millions de chrétiens sont morts dans des camps de concentration soviétiques. "Le fait que ces gens ne sont pas allés devant un juge ne signifie pas qu'ils n'étaient pas des martyrs," dit Johnson, l'auteur de "World Christian Trends".


La persécution, cependant, n'est pas d'habitude planifiée, comme s'il existait un plan d'extermination systématique des chrétiens. La religion peut être ou ne pas être un facteur de guerre civile entre des factions belligérantes. "Parfois les chrétiens subissent les conséquences de guerres civiles, non pas à cause de leur foi, mais juste parce qu'ils servent le Seigneur dans une localité où surviennent des conflits ethniques," déclare Russ Turney, directeur régional des Assemblées de Dieu Asie / Pacifique. "Le conflit touche n'importe quel habitant de ces contrées."


Mike McClaflin, directeur régional des Assemblées de Dieu Afrique est d'accord avec son collègue: "on a tué des chrétiens rien que parce qu'ils étaient simplement au mauvais endroit au mauvais moment."


La persécution est un mode de vie dans beaucoup de nations où une religion est dominante et elle n'entraîne pas toujours la perte de sa vie, de sa maison ou d'un édifice religieux. Dans ses formes plus subtiles, la persécution peut impliquer diverses privations: le croyant se voit fermer toute perspective de promotion sociale, certains programmes d'éducation lui sont refusés comme la portion de nourriture nécessaire à sa subsistance quotidienne.


En Indonésie récemment, les autorités locales ont refusé d'accorder la permission à une congrégation de se bâtir une église sur la terre en sa possession. En fait, les voisins ont déposé impunément des ordures sur la propriété. Et néanmoins, les croyants ont érigé une tente sur le site et continuent à y célébrer le culte.


Dans la Corée du Nord communiste, qui représente le pays persécuteur N°1 selon Portes Ouvertes, toute forme de piété chrétienne manifeste est punissable de mort.


Dans les quatre autres pays communistes restants, on passe de la répression la plus féroce à différents stades de liberté. Le gouvernement considère comme un défi à relever et à combattre n'importe quelle idéologie qui semble attirer du monde. Récemment, on a ordonné la fermeture de 350 églises dans la région montagneuse au Nord du Viêt-Nam.


Une tactique de plus en plus commune, y compris dans des démocraties, consiste à rendre illégale toute conversion, le passage de la religion dominante au christianisme, quand les chrétiens minoritaires gagnent des disciples. Cinq Etats en Inde, la plus grande démocratie du monde, ont promulgué des lois pour empêcher les Hindous de se convertir au christianisme. Au Pakistan, des chrétiens ont été emprisonnés pour avoir prétendument injurié le fondateur de l'Islam Mohammed, ils encourent la peine de mort.


À Cuba, l'oppression est vraiment plus politique que religieuse, selon Richard Nicholson, responsable des Assemblées de Dieu en Amérique Latine et directeur régional dans les Caraïbes. "L'idéologie du socialisme, par sa nature et principes, exclut l'église," dit-il.


Souvent les autorités licencient des ouvriers professionnels compétents, le jour où ils apprennent qu'ils sont chrétiens. "On ne les frappe pas, on ne brûle pas leur maison, mais c'est certainement une forme de persécution," dit Jerry Parsley, directeur régional d'Eurasie / Assemblée de Dieu. "Cela ne ressemble pas à l'ancienne ère communiste, quand les gens avaient dû jurer fidélité à l'Etat ou perdre leur travail."


En Erythrée, en août dernier, 62 adolescents munis de Bibles ont été arrêtés dans un camp de formation militaire et enfermés dans des conteneurs en fer jusqu'à ce qu'ils abjurent leur foi.


Des guérilleros colombiens n'assassinent pas les chrétiens à cause de leurs convictions per se. Ils voient plutôt les églises comme des lieux où les gens peuvent être mobilisés. Les chrétiens sont donc considérés comme une force d'opposition potentielle à leur cause. Quand les chrétiens sont perçus comme des éléments subversifs, les responsables du gouvernement peuvent en éprouver de la crainte. "Quelques pasteurs et ouvriers souffrent simplement pour le seul fait d'être mal compris," dit Turney. "Cela fait partie du prix à payer si l'on veut vivre l'évangile."


Les églises passent par une forte croissance en beaucoup d'endroits, bien qu'on cherche à les éliminer. En effet, les chrétiens et les églises deviennent souvent plus forts quand survient la persécution.


C'est un fait que dans beaucoup de pays, les citoyens chrétiens - et les ouvriers étrangers qui sont chrétiens - ne peuvent pas librement célébrer le culte. Et légalement, ils peuvent seulement partager le Christ par le jeu de l'amitié. Mais parfois, malgré le danger, les évangéliques se réunissent quand même pour célébrer le culte. Dans un hôtel du Viêt-Nam, le dimanche de Pentecôte, par exemple, plus de 2,000 Pentecôtistes se sont réunis pour célébrer le culte.


On peut aider ces croyants d'autres pays mis en grande difficulté par la prière. C'est le maître mot de la Semaine Internationale de Prière pour l'Église Persécutée fixée du 10 au17 novembre. Les chrétiens sont aussi encouragés à financer par leurs dons l'envoi de littérature chrétienne et de médicaments aux chrétiens de ces pays opprimés.


"Au 21e siècle, les gens doivent être libres de penser, de parler et de croire tant qu'ils ne font pas de mal aux autres," dit Parsley. "Quand des Bouddhistes, des Musulmans ou des Hindous viennent aux Etats-Unis, rien ne leur interdit de se livrer à leurs pratiques religieuses." Mais peu de nations ont voulu imiter les façons de faire de l'Amérique, où le paysage religieux est pluraliste.


La persécution sera-t-elle toujours de mise? McClaflin croit que oui. "La pauvreté sur le continent africain crée un environnement favorable à une persécution durable: elle durera jusqu'à la fin des temps," dit-il. "Il est quelque peu surprenant de constater que la persécution demeure toujours aussi répandue après la chute des principaux dictateurs mondiaux," dit l'auteur Johnson. "Le 20ème siècle était épouvantable pour la liberté religieuse. Je ne sais pas si nous pouvons nous attendre à beaucoup mieux au cours du 21e siècle."


L'auteur Jenkins est convaincu que pour beaucoup de chrétiens le risque de mourir pour sa foi sera de mise chaque jour. "Le martyr n'est pas simplement un sujet de recherche historique, c'est une perspective réelle," écrit Jenkins dans "The Next Christendom." "Alors que nous entrons dans le nouveau siècle, la situation va probablement empirer plutôt que s'améliorer."


-- John W. Kennedy

Source: Today's Pentecostal Evangel - par mail