L’UEEL par rapport à la décision de l’EPUdF d’autoriser la bénédiction de couples de même sexe


Réaction de l’Union des Églises évangéliques libres (UEEL) à la décision du synode de l’EPUdF concernant la bénédiction de couples mariés de même sexe

Au cours de son récent synode national, l’Eglise protestante unie de France a voté un texte qui « ouvre la possibilité, pour celles et ceux qui y voient une juste façon de témoigner de l’Évangile, de pratiquer une bénédiction liturgique des couples mariés de même sexe qui veulent placer leur alliance devant Dieu. »

L'UEEL regrette cette décision qui nous semble procéder d'une dilution de la compréhension de la bénédiction et sa dissociation du « bien » défini par Dieu. Si bénir c’est poser un signe de l’amour de Dieu, peut-on pour autant le dissocier du « bien » du projet de Dieu pour les hommes et les femmes ? Nous nous rangeons volontiers aux conclusions proposées par la commission d’éthique protestante évangélique dans son document « Aimer mon prochain homosexuel », refusant à la fois le rejet des personnes homosexuelles et la bénédiction de leur union.C'est pourquoi nous voulons aussi dénoncer fortement toute homophobie. « Aime ton prochain comme toi-même » s’applique à tous et envers tous ! 

Nous craignons enfin que cette décision, qui risque d'être mal comprise au sein du protestantisme français et en dehors, porte un mauvais coup au lien fédératif qui unit les Églises membres de la Fédération protestante de France. Or nous sommes attachés à ce lien fédératif, qui implique la liberté d'interpellation réciproque dans le respect de la diversité des convictions.

Toulouse, le 20 mai 2015

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Des regrets…

Le pasteur Vincent Miéville, président de la commission synodale de l’Union des Églises évangéliques libres, s’est exprimé personnellement sur la décision synodale de l’EPUdF d’autoriser la bénédiction de couples de même sexe. C’était sur le blog de son Église PLV Magazine.

Dimanche dernier, le synode national de l’Eglise protestante unie de France a voté un texte qui « ouvre la possibilité, pour celles et ceux qui y voient une juste façon de témoigner de l’Évangile, de pratiquer une bénédiction liturgique des couples mariés de même sexe qui veulent placer leur alliance devant Dieu. »

Regret que l' @EPUdF décide d'autoriser la bénédiction de mariages homosexuels. Dénoncer l'homophobie n'est pas se conformer à la société...

— Vincent Miéville (@ueel_president) 17 Mai 2015

A l’annonce de cette déclaration, j’ai publié un tweet : « Regret que l’@EPUdF décide d’autoriser la bénédiction de mariages homosexuels. Dénoncer l’homophobie n’est pas se conformer à la société… » Certes, en 140 caractères, il ne permet pas de rendre compte de la complexité du sujet. Ce billet permettra peut-être de préciser ma pensée.

Il me semble que la façon dont les médias se sont emparés immédiatement de cette déclaration, en la relayant souvent mal, traduit la difficulté de comprendre la subtilité proposée par le texte de l’EPUdF. Le site Internet d’un grand hebdomadaire (Le Point) titrait même : « L’Église protestante de France dit oui au mariage gay » ! Si l’EPUdF représente une part importante du protestantisme français, elle n’est pas l’ensemble du protestantisme. Calquer la réflexion théologique sur le calendrier politique et médiatique me semble exposer aux risques d’amalgames. C’est déjà là un regret.

L’autre regret est lié à ce qui me semble être une dilution de la compréhension de la bénédiction et sa dissociation du « bien » défini par Dieu. Il faut certes refuser d’associer une pensée magique à tout geste ou parole de bénédiction. Mais si bénir c’est poser un signe de l’amour de Dieu, peut-on pour autant le dissocier du « bien » du projet de Dieu pour les hommes et les femmes ?

Mon tweet assumait toutefois aussi la dénonciation de l’homophobie. Même si aujourd’hui cette accusation est parfois trop systématique, elle ne me paraît pas toujours dénuée de pertinence à l’égard des Églises et des chrétiens. En témoignent certaines paroles lues ou entendues au temps du débat sur le « mariage pour tous ». Il faut le rappeler avec force : un chrétien ne peut pas être homophobe ! « Aime ton prochain comme toi-même » s’applique à tous et envers tous ! Et jeter au visage de son interlocuteur quelques versets bibliques sortis de leurs contextes n’est pas un gage de fidélité ou de discernement théologique mais peut être perçu, à juste titre, comme une agression.

Je me range donc volontiers aux conclusions proposées par la Commission d’éthique protestante évangélique dans son document « Aimer mon prochain homosexuel » : « La question de l’homosexualité divise aujourd’hui : il nous semble que deux attitudes extrêmes sont à exclure, celles des Églises qui rejettent sans autres considérations les personnes homosexuelles et celles qui bénissent leur union. Pourtant, entre ces deux extrêmes, il existe dans l’Église un espace pour l’accueil et l’accompagnement des personnes homosexuelles »

J’ajouterai encore un mot. Il faut reconnaître à nos frères et soeurs de l’EPUdF le souci du dialogue, la culture du débat et une volonté d’accueil de la diversité. Nos Églises évangéliques devraient sans doute y être plus attentives car le danger de la pensée unique pourrait bien s’y rencontrer parfois (souvent ?). Dans cette optique, je réaffirmerai avec conviction la nécessité du lien fédératif au sein de la Fédération protestante de France, dans le respect de la diversité des convictions… ce qui implique aussi la liberté d’interpellation réciproque. C’est la raison pour laquelle je me permets de le redire : je regrette la décision prise par le synode nationale de l’EPUdF.

Auteur : Vincent Miéville  18 mai 2015

PLVMagazine