Par Josh Tinley*
Quand C.S. Lewis a publié en 1950 son premier livre pour enfants, "le Lion, la Sorcière et l’Armoire magique", amis et critiques ont tous craint que le théologien populaire ait fait un faux pas dans sa carrière. Plus de 50 ans plus tard, le Lion et les six autres romans connus collectivement sous le nom de "Chroniques de Narnia" constituent l’œuvre la plus connue et la plus largement lue de C.S. Lewis.
Avec la sortie le 9 décembre du film (le 21 décembre en France), "Les Chroniques de Narnia : le Lion, la Sorcière et l’Armoire Blanche" de Walt Disney et de Walden Media, les Évangéliques Méthodistes se tournent vers ce classique chrétien plein de fantaisie pour y trouver matière à inspiration et formation spirituelles.
"Nous devons soutenir des films comme celui-là," dit Mike Quimby, le pasteur auprès des jeunes à l’Église Évangélique Méthodiste Bemus Point à l’ouest de New York. Bemus Point distribue des tracts pour encourager ses membres à voir le film et à y amener leurs amis.
"Lewis a touché tant de personnes au fil des années avec beaucoup de ses œuvres, mais le plus souvent par ses fictions," dit Gavin Finefield, un pasteur presbytérien dans l’Iowa qui étudie Lewis et Narnia avec les jeunes de sa congrégation, en utilisant le matériel produit par la Maison d’édition évangélique méthodiste. "Les gosses le comprennent."
"Le comprendre" met en évidence ce qui sépare "les Chroniques de Narnia" du "Seigneur des Anneaux" de J.R.R. Tolkien abordé de façon plus littéraire et critique (adapté à l’écran par le réalisateur Peter Jackson), auquel Narnia est souvent comparé. Tous les deux sont des épopées pleines de fantaisie écrites par des auteurs ouvertement chrétiens et devenues des films populaires. Mais si les thèmes chrétiens sont dans le meilleur des cas énigmatiques dans "le Seigneur des Anneaux", on soutient clairement un parallèle entre l’histoire du Christ et «le Lion, la Sorcière et l’Armoire magique?». Les six autres livres de la série font aussi écho aux principaux récits et doctrines chrétiens. "Je pense que C.S. Lewis et J.R.R. Tolkien se différencient essentiellement dans la manière dont ils glissent dans leur récit des allusions à la foi chrétienne," dit Jodie P. Boyer, qui mène une étude sur le Lion par le biais de la Wesley Foundation à l’Université de l’Illinois. " Personnellement, j’ai constaté que Narnia 'vous rebat un peu les oreilles' avec le christianisme, tandis que dans les livres de Tolkien les allusions sont beaucoup moins évidentes. Bien sûr, il fallait s’y attendre, puisque l’auditoire visé est très différent."
La réaction de l’église à la version cinématographique du Lion n’est pas sans rappeler sa réaction au film de Mel Gibson (2004), "la Passion du Christ." Beaucoup considèrent la perspective d’un film chrétien à grand succès comme une excellente occasion pour l’évangélisation et l’éducation chrétienne. Et à la différence "de la Passion" plutôt controversée et décriée, »le Lion, la Sorcière et l’Armoire magique?» est loin d’être une œuvre controversée parmi les critiques, le clergé et les érudits et plus facile d’accès au pratiquant moyen.
Six églises évangéliques méthodistes dans tout le pays (États Unis), y compris l’église Bemus Point à New York, organisent diverses rencontres en avant-première de la sortie du film. Ces événements donnent aux membres de ces communautés la chance de voir des clips du film, d’en savoir plus sur le "making of" du film et d’obtenir du matériel promotionnel.
"Les clips du film étaient merveilleux, vraiment merveilleux," dit LeaAnne Montel, responsable du ministère parmi les enfants à l’ Église Évangélique Méthodiste de Petoskey (Mich). Ces rencontres préliminaires à la sortie du film "valaient la peine." L’église de Petoskey, Mich., prend une part active au Festival annuel C.S Lewis, un événement devenu populaire avec la sortie du film. Le festival a été mené en partie par l’Église Petoskey et l’église continue à être intimement impliquée dans cet événement. Cette année, un spécialiste de C.S. Lewis, David Neuhouser, de l’Université Taylor à Upland, Ind., dirige des ateliers pour enfants et adultes et prêche sur le film à l’Église Petoskey le week-end.
Plusieurs autres congrégations évangéliques méthodistes projettent sur le thème de Narnia des études bibliques, des classes d’École du dimanche et une série de sermons. Le pasteur Greg Hazelrig, un pasteur évangélique méthodiste au Mississippi, fait une série de courts sermons, de saison, sur le Lion intitulés "Noël à Narnia," dans lesquels il imagine la vie sans Noël.
"Dans le livre, il n’y a aucun Noël avant qu’Aslan ne vienne à bout de la sorcière," dit Hazelrig en référence à la malédiction de la Sorcière Blanche qui maintient toujours l’hiver à Narnia, sans le moindre Noël.
Visiter Narnia
Le Lion, la Sorcière et l’Armoire magique est une histoire pour enfants. De ce fait, les enfants en âge de fréquenter les classes d’École du dimanche la trouveront à leur goût. L’Église Évangélique Méthodiste d’Edmond, juste à l’extérieur de Seattle, a récemment fait travailler directement l’École du dimanche sur Narnia un mois durant.
Comme dans le Lion, les enfants de l’Église d’Edmond sont passés par une porte en bois, ont marché dans une forêt jusqu’à un réverbère où ils ont rencontré et partagé le thé avec un faune, M. Tumnus. Pendant une leçon sur la tentation, ils ont appris comment faire des loukoums, des bonbons utilisés d’habitude par la Sorcière Blanche pour séduire Edmond dans Narnia.
Marta Schellburg, pasteure associée et en charge du ministère auprès des enfants à l’église d’Edmond, a coordonné ce cycle ambitieux de rencontres d’École du dimanche. Dans l’esprit de Lewis lui-même, Schellburg s’est bien gardée de traiter l’histoire comme une allégorie, dans laquelle chaque détail et événement auraient son importance plus ou moins grande pour les chrétiens.
"Ils ont choisi (le symbolisme) eux-mêmes et c’était leur cadeau à notre intention," dit-elle. "Il était étonnant de voir ce qu’ils prenaient dans Narnia : ' vous savez, précise la pasteure Marta, Aslan est mort comme Jésus — Aslan est mort pour sauver Edmond.?» Quoique "les Chroniques" aient été écrites pour des enfants, beaucoup de jeunes et adultes évangéliques méthodistes ont aussi trouvé du sens dans le conte de fées de Lewis. La Maison d’édition évangélique méthodiste a publié deux documents d’études électroniques basés sur le Lion, la Sorcière et l’Armoire magique pour les jeunes. On donne des outils aux jeunes pour qu’ils puissent explorer les thèmes chrétiens de l’histoire après avoir visionné ensemble en groupe le film. L’autre document est une étude du livre sur quatre semaines qui aborde de près les thèmes de la tentation, la persévérance, l’espoir et le salut.
Sarah Arthur, membre laïque évangélique méthodiste et auteur du livre ?»Marche à pied à travers l’Armoire magique?» (lit. Walking Through the Wardrobe), un livre édifiant destiné aux jeunes et aux jeunes adultes basé sur ?»Le Lion, la Sorcière et l’Armoire magique?», dit que les récits comme les Chroniques de Narnia sont de bonnes façons de réintroduire l’Évangile auprès des adolescents.
"Beaucoup de jeunes avec qui nous travaillons dans l’église se battent contre l’indifférence," dit Arthur. "Ils ont entendu l’essentiel de l’évangile tellement de fois qu’il n’a plus aucune signification pour eux personnellement, pour peu qu’il en ait jamais eu un jour. (Le lion), c’est le genre d’histoire qui exige pour ainsi dire 'la levée de l’incrédulité ', qui fait baisser le potentiel de défense habituel suffisamment longtemps chez un jeune pour que son imagination soit à nouveau touchée."
Arthur espère aussi que sa contribution poussera les adolescents à explorer d’autres œuvres de Lewis plus abouties.
La foi d’un enfant
Boyer, qui mène une étude avec des étudiants, constate que les adultes sont tout excités à l’idée de redécouvrir les histoires de leur enfance.
"Beaucoup des gens dans mon étude ont noté que, quand ils lisent les livres comme des enfants, ils ne voient pas l’allégorie," dit-elle. Quoique Boyer soit d’accord avec les critiques affirmant que Lewis n’était pas un grand auteur de récits féeriques, elle pense que les Chroniques de Narnia sont géniaux et peuvent aider les adultes à avoir "la foi comme un enfant."
"J’ai d’abord lu (le Lion) à l’école primaire," dit Heather Futrell, étudiante à l’Université d’aérospatiale de l’Illinois, faisant des remarques sur Narnia à la Wesley Foundation du campus. "Je ne m’étais jamais imaginée qu’autant de métaphores chrétiennes étaient disséminées partout dans le livre et quand j’ai commencé à les chercher, elles vous sautent à la figure. Ces livres, c’est une manière et non des moindres d’expliquer à des gosses une partie significative de la foi chrétienne et d’inspirer aussi d’excellentes discussions de groupe au cas échéant."
"Je suppose que l’on pourrait enseigner à un enfant l’amour de Dieu et le sacrifice du Christ par ' les Chroniques', (mais) nous autres, à l’université et étudiants de troisième cycle ont choisi ce livre à part et découvert toujours de nouvelles questions auxquelles nous ne pouvions pas répondre," a dit Kristen Ehrenberger, un étudiant du troisième cycle d’histoire à l’université.
Bien sûr, beaucoup d’adultes prennent le temps de relire le Lion, la Sorcière et l’Armoire magique seulement parce que c’est maintenant un film de première catégorie. "Personnellement", déclare Boyer, "j’apprécie vraiment la tendance actuelle, l’adaptation de livres au cinéma parce qu’ils encouragent en réalité les gens à lire. Je n’avais pas lu ' le Seigneur des Anneaux ou ' Narnia ' avant que je n’aie découvert qu’on allait en faire des films et je ne regrette pas qu’on m’ait poussé quelque peu à relire des livres que je dois avoir lus il y a longtemps déjà."
Les églises qui n’auront pas été partie prenante cette fois, auront d’autres occasions pour amener le monde mythique de C.S. Lewis dans la vie de leur congrégation : on planifie d’ores et déjà l’adaptation au grand écran des six autres histoires de Narnia.
*Tinley est un auteur indépendant à Nashville, Tenn., engagé à la Maison d’édition évangélique méthodiste, où il était le producteur de deux produits dérivés concernant Narnia.
Le 9 décembre 2005
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Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)