Pour les 173 millions de Nigérians, le véritable enjeu des élections présidentielles est plus religieux que politique, tant le pays est partagé entre le Sud (d’influence chrétienne, développé et plus occidentalisé grâce au pétrole) et le Nord (à majorité musulmane, sous-développé, en partie sous la coupe des extrémistes de Boko Haram).
Chassé-croisé de population
Prudents, de nombreux chrétiens du Nord et musulmans du Sud se croisent pour rejoindre leur région d’origine, par crainte de représailles. Par conséquent, ils ne pourront pas voter, tel Sam Nwodo : « Nous avons peur. Nous craignons que ces élections provoquent la désintégration du Nigeria. Les deux candidats ont polarisé les électeurs sur l’appartenance religieuse. Que la victoire revienne à l’actuel président Jonathan, de culture chrétienne, ou au musulman Buhari, chacun redoute une éruption de violence, comme en 2011 aux dernières élections. »
Risque de conflit
A Kaduna, au centre du pays, les tensions sont très vives, comme le résume Donatus Ezenakwe, un commerçant : « Les musulmans veulent à tout prix que Buhari l’emporte, mais les supporters du président Jonathan brandissent la menace d’une guerre s’il n’est pas réélu. Le scénario est effrayant. » Dans cette même ville, pourtant, des responsables chrétiens et musulmans se sont unis pour mener une campagne contre le risque de conflit basé sur l’identité religieuse. Seront-ils entendus ?
Réfugiés : ils ne voteront pas
Ce qui est sûr, c’est qu’au moins un million et demi de déplacés, majoritairement chrétiens, n’auront aucun choix. Ils se contentent d’être en vie, depuis que les extrémistes ont pillé tous leurs biens avant de les chasser de leurs villages, au Nord du Nigeria.
Au Nigeria, 12 États du Nord ont instauré la charia depuis 15 ans. Le groupe extrémiste Boko Haram contrôle une zone plus étendue que la Belgique dans le Nord-Est du pays, et menace les populations frontalières des nations voisines : Cameroun, Niger et Tchad.
Légende photo : les chrétiens déplacés ne pourront pas voter.
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