Les Rudolph en mission auprès de l’Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) en Argentine nous informe de la situation de l'Eglise et de leur famille...
En mai et juin de cette année, les différentes assemblées régionales, puis l'Assemblée Générale (équivalent à la Conférence Annuelle (CA)) ont élu de nouveaux surintendants et une nouvelle évêque. La nouvelle équipe de travail se trouve en face de défis importants et s'est mise au travail sans attendre. La situation socio-économique du pays est telle qu'au sein même de l'Eglise, les responsables doivent faire des choix difficiles. Certains mois par exemple, le soutien financier pastoral est couvert avec beaucoup de retard. Malheureusement, pour l'Argentine, il ne s'agit pas simplement d'un problème financier. La crise profonde que traverse le pays entraîne des milliers de personnes dans une paupérisation grandissante. L'année scolaire a été, autre exemple, perturbée par une grève des enseignants de plus de 3 semaines d'affilée...
L'Eglise de Patagones est touchée comme le reste du pays par la même crise. D'un côté cependant, elle est un peu moins ressentie parce que bien des familles sont déjà à un niveau bien bas, tant social qu'économique. D'un autre côté, les conséquences de la crise se voient dans la désespérance et la lassitude des gens qui ne voient vraiment plus comment continuer, des jeunes qui ne s'intéressent plus à grand-chose, "à quoi bon ?" disent-ils. Trop de familles sont tellement préoccupées par tant de problèmes au quotidien qu'elles cherchent simplement à survivre avant de vivre. "Mais je voudrais simplement que ma famille vive sans être obligée de se demander si on mangera quelque chose ce soir!" Ce cri du coeur de l'un des amis de l'Eglise participant de temps à autre aux études bibliques résume la situation de beaucoup de familles. Le vestiaire organisé dans les locaux de notre Eglise n'a jamais été autant visité que dans ces derniers mois et pourtant il y a moins d'habits...
Quelle fonction a l'Eglise dans ces situations parfois limites? Recevoir, écouter, prier, pleurer, accompagner sont les verbes qui pourraient résumer ce rôle. Mais l'Eglise a également à coeur de "remplir l'avenir d'espérance" comme le dit une des chansons du recueil de la communauté. Au-delà de la belle formule, nous pouvons voir des signes, petits parfois mais réels, signes d'espérance, signes de joie, signes d'encouragement, signes du Dieu de la Vie dans nos vies... Certains enfants venus au club depuis quelques années sont maintenant présents au groupe de jeunes le vendredi soir, même au culte. Tel jeune de 14 ans, dont la mère nous a dit qu'elle "regrette de l'avoir fait" (sic!), en échec scolaire depuis le premier jour où il a mis les pieds à l'école, participe maintenant régulièrement à quelques activités dont le culte. Il se "sent bien à l'Eglise" comme il dit. Selon notre voisine, directrice de l'école qu'il fréquente plus ou moins régulièrement, il s'est calmé, répond moins de manière agressive que par le passé... Combien de Rodrigo, de Cristian, d'Eduardo sont de ces signes de Dieu, petits et fragiles, mais réels et encourageants, montrant qu'Il travaille là où nous avons parfois des doutes? Là encore nous pouvons constater que Dieu porte nos charges jour après jour...
Depuis le mois de juillet de cette année, je vais aider une Eglise à Bahia Blanca (grande ville à 280 km au nord d'ici) qui n'a pas de pasteur. Il s'agit d'une visite mensuelle de 2-3 jours, pour le culte, des réunions diverses et quelques visites. Par ailleurs, nous sommes en train de voir comment continuer le travail à Conesa (petite ville à 160 km à l'ouest d'ici) où je me rends également une fois par mois. Pour l'instant, au niveau régional rien n'est décidé. Nous verrons certainement lorsque nous reviendrons ici au mois de mars.
En tant que famille, nous avons traversé quelques difficultés ces mois-ci. En juillet, Lucie (5 ans) s'est cassée le coude et déplacée le poignet du côté droit. Elle a été opérée et n'a pas encore récupéré pleinement l'usage de son bras... ce qui ne l'empêche cependant pas de grimper aux arbres ! Ce même mois de juillet, des analyses sanguines ont révélé chez moi (Etienne) un dysfonctionnement de la glande thyroïde. Après avoir été traité en août à l'iode radioactif, les résultats semblent presque satisfaisants. Il faut encore attendre quelques semaines pour pouvoir parler de rétablissement...
Début septembre, j'ai eu un accident de circulation avec un monsieur au volant d'une voiture en mauvais état (sans assurance, sans immatriculation, sans ceintures...). Il venait de gauche et je ne l'ai pas vu. Malheureusement sa fille a été projetée hors de leur voiture et a eu une fracture multiple au tibia. La procédure légale, lorsqu'il y a des blessés, entraîne une séquestration de quelques jours des véhicules pour expertise. Mais la police locale n'ayant pas fait correctement son travail, cela a mis deux mois avant que l'on nous restitue la voiture. La procédure pénale suit maintenant son cours et prendra du temps. Nous sommes reconnaissants aux amis argentins qui nous ont accompagnés dans les différentes démarches administratives et judiciaires...
Cette même semaine de l'accident, alors que nous étions au culte, nous avons été cambriolés. Le voleur a pris notre ordinateur, deux appareils photos, divers accessoires audio... Là aussi, les amis nous ont soutenus et accompagnés. Une famille nous a prêté un vieil ordinateur, très lent, mais qui fonctionne et avec lequel nous pouvons travailler.
Début octobre, le plafond de notre salle de séjour est tombé sans prévenir. Anne était assise tranquillement quand une plaque du plafond d'un mètre cinquante sur un mètre vingt composée de béton, de briques et de sable s'est détachée. Plus de peur que de mal. Deux énormes poutrelles de fer traversent maintenant notre salon pour soutenir ce plafond...
Si ces différents événements nous ont tous un peu affectés, nous pouvons cependant dire que Dieu a porté nos charges jour après jour. Cette réalité s'est manifestée à de nombreuses reprises au travers de la famille et des amis, vous tous, qui, par un moyen ou un autre, nous ont témoigné leur affection par un signe d'amitié (courrier, téléphone, mail...). Merci beaucoup!
Vous dire que les enfants sont heureux, et nous avec eux, de rentrer pour revoir famille et amis est peu de choses. Certes, nous quitterons l'été austral pour vous rejoindre dans l'hiver alsacien, mais la chaleur des rencontres attendues nous réjouissent bien davantage...
Merci de bien vouloir continuer de penser dans vos prières à ce pays, aux chrétiens qui s'y trouvent luttant chaque jour pour garder un témoignage vivant et véritable. Sachant que Dieu continue de porter nos charges tout comme les vôtres, recevez nos meilleurs "saludos"!
Anne et Etienne
Eve, Noé et Lucie
Famille RUDOLPH
novembre 2001
Source: eemni