Bénin, Cotonou: Les Eglises africaines appelées à la confession et à la repentance publiques

Les délégués et les représentants d´Eglises, de conseils chrétiens nationaux et d´organisations oecuméniques de quatorze pays d´Afrique centrale et occidentale, réunis à Cotonou au Bénin, ont appelé les Eglises du continent africain à confesser publiquement leurs actes de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d´intolérance qui y est associée et à s´en repentir. 


Le séminaire régional, tenu à Cotonou du 27 au 29 mars dernier, a été organisé par le Programme de lutte contre le racisme (PLR) du Conseil oecuménique des Eglises et par la Conférence des Eglises de toute l´Afrique (CETA). Il avait pour but de donner aux Eglises et aux institutions oecuméniques d´Afrique centrale et occidentale l´occasion de participer à la préparation, l´analyse et la discussion des questions qui seront examinées durant la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l´intolérance qui y est associée. Celle-ci aura lieu à Durban, en Afrique du Sud, du 31 août au 7 septembre prochain, sous les auspices du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l´homme (HCDH). 


Les quarante délégués, hommes et femmes, et parmi eux des représentants de la jeunesse, ont déclaré qu´aujourd´hui comme hier les peuples d´Afrique restaient exposés aux diverses manifestions du racisme, du tribalisme et à d´autres formes de discrimination et d´intolérance. Hélas, ont-ils déploré, l´Eglise du continent a échoué dans sa mission qui consiste à prêcher et à vivre la Bonne nouvelle du Royaume de Dieu dans un climat de paix, d´amour, de justice, de réconciliation, de communauté et de respect des droits de la personne. 


Bien qu´officiellement le commerce des esclaves, la colonisation, l´impérialisme et l´apartheid appartiennent à un passé révolu, le continent africain, ont-ils affirmé, continue d´être le théâtre d´actes de discrimination fondés sur la race, la couleur de peau, le sexe, l´appartenance tribale et ethnique, le niveau d´instruction, la condition sociale, et ce non seulement dans les milieux politiques, économiques et culturels mais aussi dans l´Eglise. 


Pour les délégués, ces pratiques constituent le principal héritage du passé colonial et missionnaire ; or le nouvel ordre mondial, les programmes d´ajustement structurel mis en place dans la plupart des pays africains, la mondialisation et le rôle du marché qui font échec à la primauté du droit et à la naissance de la démocratie n´ont fait qu´allonger la liste des nouvelles formes de discrimination et d´oppression. 


Selon les participants à la réunion régionale de Cotonou, les chrétiens d´Afrique n´ont pas su «faire naître d´esprit de communion et de solidarité» entre les divers groupes ethniques vivant dans une même communauté. «Nous nous repentons de nos péchés et nous demandons à Dieu et à nos frères et soeurs dans nos communautés de nous pardonner», ont-ils confessé. 


En plus de confesser publiquement les actes de racisme, d´oppression et d´autres formes de discrimination et d´intolérance et de s´en repentir, les délégués et les représentants des Eglises et des conseils chrétiens présents à Cotonou ont appelé les Eglises d´Afrique, leurs Eglises soeurs dans le monde et les sociétés et départements missionnaires à dédommager leurs victimes pour le tort qu´ils leur avaient causé. 


Parmi ces victimes figurent les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables de la société, c´est-à-dire les femmes et les jeunes des deux sexes, les personnes déplacées par les guerres, les migrants, les membres des communautés autochtones et des minorités ethniques. 


«Nous devons garder présent à l´esprit que les femmes souffrent deux à trois fois plus des conséquences de ces phénomènes» que sont le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l´intolérance qui y est associée, a souligné Battu Jambawai de la CETA. 


Les participants ont déclaré qu´il y a encore en Afrique des Eglises qui perpétuent cette discrimination contre les femmes parce qu´elles n´autorisent pas leur ordination. Ils ont recommandé que les Eglises du continent accordent une place spéciale aux femmes et aux jeunes dans leurs programmes d´éducation, de formation et de développement. 


Ils ont également lancé un appel aux Eglises et aux organismes oecuméniques pour qu´ils commencent à introduire la condamnation du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l´intolérance qui y est associée dans leurs programmes de formation théologique et de formation au ministère, dans les études bibliques et dans les programmes de l´école du dimanche ; ils ont aussi exhorté la CETA et le COE à contribuer à cette démarche. 


Le COE est actuellement en train de réaliser une Etude oecuménique sur le racisme dont il présentera les conclusions en septembre 2002 à son Comité central. Pauline Muchina, qui travaille sur la question pour le COE, a appelé les Eglises à participer activement à cette étude ainsi qu´à la préparation de la Conférence mondiale contre le racisme à Durban. 

Source: COE