France: L’immigration face à la loi en France avec Michel Wecker (Cimade, Alsace)

 Du répressif au respect

<La France et la Suisse privilégient sur l'immigration une approche essentiellement sécuritaire et répressive ainsi qu’un discours musclé, ce qui entraîne « une déshumanisation inquiétante » selon Laurent Giovannoni, nouveau secrétaire général de la Cimade au journal Réforme avec pour conséquence des drames et des souffrances supplémentaires et le renforcement de la précarité sur le plan juridique et social. De loin, nous préférerions une attitude autrement plus équilibrée, que des mesures soient prises par exemple qui n’occulteraient pas la protection (internationale et sociale) et l’aide à l’insertion. En fidélité à nos valeurs républicaines, qui sont de surcroît foncièrement chrétiennes. jp.w


<<L’immigration face à la loi en France

Entretien avec Michel Weckel, (Cimade — Alsace)

Propos recueillis par Béatrice Sigrist


En dix-sept années de vécu comme responsable de la Cimade alsacienne, Michel Weckel a reçu dans son bureau des centaines de personnes venant poser les premiers jalons d’un parcours souvent difficile en France. Ce parcours, entre première demande et dernier recours, il souhaite le fixer par l’écrit. Son ouvrage, qui devrait paraître bientôt, s’inscrit dans un contexte changeant depuis les lois de décembre 2003, dites « de Villepin » traitant de l’immigration.

Après avoir précisé la différence entre migration et demande d’asile, qui implique un réel aspect de « persécution » politique, il expose point forts et points faibles de cette nouvelle législation.

Ayant aboli la « demande d’asile territoriale », complexe dans sa mise en œuvre car gérée directement par le préfet et qui n’avait selon lui pas fait ses preuves, M. Weckel souligne que la loi raccourcissant le délai de dépôt pour une première demande (21 jours désormais), a permis un traitement plus rapide de chaque dossier et l’audition effective des personnes concernées, malgré l’aspect contraignant de la formulation du dossier (il faut faire parler les personnes d’un vécu très douloureux, identifier la source de la coercition, travailler avec des traducteurs, etc.). Les personnes peuvent espérer ne plus rester aussi longtemps sans réponse à leur demande, trois, quatre années parfois dans le passé.

Ce qui n’a pas changé et s’est aggravé par endroits, c’est la prise en charge sociale des personnes. Pour M. Weckel, « l’Etat ne fait pas son travail », car les conditions d’hébergement restent précaires, en nombre insuffisant, de même les possibilités de répondre à ses besoins vitaux (manger, se laver,…) qui sont souvent pris en charge par les associations caritatives (de droit privé), débordé par les demandes.

Ainsi, malgré des avancées intéressantes, il reste beaucoup de chemin à faire, pour considérer enfin la parole de la personne comme fondamentale de sa démarche.


4 avril 2005

Source: EEMNI/ENroute