LETTRE PASTORALE DU CONSEIL DES EVEQUES DE L’EGLISE METHODISTE UNIE


La Création renouvelée de Dieu : Un Appel à l’Espérance et à l’Action

Lettre pastorale du Conseil des Évêques de l’Église Méthodiste Unie1

    La création de Dieu est en crise. Nous, évêques de l’Église Méthodiste Unie, nous ne pouvons pas rester silencieux alors que le peuple de Dieu et la planète de Dieu souffrent. Ce monde naturel merveilleux est un don d’amour de la part de Dieu, le Créateur de toutes choses visibles et invisibles. Dieu nous a tous chargés d’en prendre soin, mais nous avons tourné le dos à Dieu et à nos responsabilités. Notre négligence, notre égoïsme et notre orgueil ont encouragé : 

  • la pandémie de la pauvreté et de la maladie ; 

    • la dégradation de l’environnement, et 

      • la prolifération des armes et de la violence.2

Malgré ces défis étroitement liés qui menacent la vie et l’espérance, l’œuvre créatrice de Dieu se poursuit. Pour entamer l’œuvre consistant à renouveler la création, nous devons nous-mêmes être renouvelés dans nos cœurs et nos esprits. Nous ne pourrons pas aider le monde avant d’avoir changé notre manière de vivre. 

    Dans la perspective de la rédaction de cette lettre et du document de base qui l’accompagne, nous, les évêques, nous avons écouté des milliers de méthodistes dans le monde entier. Vous nous avez demandé d’accompagner notre ministère de conduite par des actes concrets, de sensibiliser l’opinion publique et d’offrir un monde d’espérance afin de soulager notre chagrin, notre culpabilité et notre inquiétude. Parce que vous avez contribué à la substance de cette lettre, nous vous invitons dans quelques moments à participer à sa lecture en prenant part à la lamentation, à la confession et aux promesses. Les différences entre nous sont grandes, mais nous partageons une préoccupation commune et un appel commun.

Nous sommes tous peinés par l’état du monde, accablés par l’étendue des problèmes, et remplis d’anxiété face à notre avenir, mais Dieu nous appelle à agir et nous équipe pour le faire. Peu importe si les choses vont mal, l’œuvre créatrice de Dieu se poursuit. La résurrection de Christ nous assure que la mort et la destruction n’ont pas le dernier mot. Paul enseignait qu’à travers Jésus-Christ, Dieu offre la rédemption à toute la création et réconcilie toutes choses, « aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans le ciel. » (Col 1.203).  L’Esprit de Dieu est toujours à l’œuvre, partout dans le monde, combattant la pauvreté, restaurant la santé, renouvelant la création et réconciliant les peuples. 

    Conscients de la vision de Dieu pour la création, nous ne voyons plus une liste de problèmes isolés ayant un impact sur les gens, les plantes et les animaux, mais bien plutôt un système interdépendant qui « soupire et souffre les douleurs de l’accouchement. » (Rom 8.22). Les menaces contre la paix, les peuples et la terre sont étroitement liées et la vision de Dieu porte sur le bien-être de tous ces éléments. Nous, vos évêques, nous faisons cause commune avec un grand nombre de dirigeants religieux dans le monde en vue d’exiger une réponse plus complète à ces défis liés les uns aux autres.  Nous exhortons tous les méthodistes et toutes les personnes de bonne volonté à s’offrir en tant qu’instruments de l’Esprit rénovateur de Dieu dans le monde. 

Premièrement, orientons notre vie vers la vision sainte de Dieu !  Cette vision de l’avenir nous appelle à l’espérance et à l’action.  « En effet, moi je connais les projets que je forme pour vous, déclare l’Éternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l’espérance. » (Jer 29.11).  La résurrection de Christ nous assure que cette vision est vraiment une promesse de renouveau et de réconciliation. En tant que disciples de Christ, nous acceptons la promesse de Dieu comme notre raison d’être. Aussi voulons- nous nous consacrer à nouveau à la vision sainte de Dieu, en vivant chaque jour conscients de l’avenir que Dieu nous offre et de l’Esprit qui nous mène en avant. 

Deuxièmement, pratiquons la sainteté sociale et écologique ! Nous croyons que la sainteté personnelle et la sainteté sociale ne devraient jamais être dissociées. John Wesley prêchait que : « L’évangile du Christ ne connaît aucune religion, sinon la religion sociale. Aucune sainteté, sinon la sainteté sociale. »4  Par la sainteté sociale, nous devenons un canal de la grâce de Dieu dans le monde. Parce que la grâce, l’amour et la promesse de Dieu pour le renouveau englobent la création entière, nous pourrions aujourd’hui aussi parler de la « sainteté écologique ».  Nous pratiquons la sainteté sociale et écologique en prenant soin du peuple et de la planète de Dieu et en contestant les politiques et les pratiques qui négligent les pauvres, exploitent les faibles, accélèrent le réchauffement de la terre et encouragent la production d’armes. 

Troisièmement, vivons et agissons dans l’espérance ! En tant que peuple suivant la tradition de John Wesley, nous comprenons que la réconciliation et le renouveau font partie du processus de salut qui a déjà commencé. Nous ne sommes pas emprisonnés dans un monde déchu, mais intégrés à un processus divin en cours, auquel nous devons contribuer. Alors que nous répondons fidèlement à l’appel à l’action et à la grâce de Dieu, l’Esprit Saint nous guide dans ce renouveau. Dans un esprit de résurrection, nous nous réjouissons à la perspective du renouveau de la création entière et nous nous engageons en faveur de cette vision. Nous prions que Dieu accepte et utilise nos vies et nos ressources dans le sens d’un nouvel engagement pour un ministère de paix, de justice et d’espérance afin de vaincre la pauvreté et la maladie, la dégradation de l’environnement et la prolifération des armes et de la violence.

Avec l’aide de Dieu et avec vous comme nos témoins…

1.  Nous, vos évêques, nous nous engageons à répondre à l’appel de Dieu en approfondissant notre conscience spirituelle du fait que nous ne sommes que des intendants de la création.  Nous nous engageons à proposer une conduite fidèle et efficace dans ces domaines, aussi bien au sein de notre dénomination que dans nos communautés et nos pays.  

2. Nous nous engageons à faire de la vision de Dieu pour le renouveau de la création notre objectif. Avant chaque évaluation et prise de décision, nous nous poserons les questions suivantes : Est-ce que cela contribue au renouveau de la création de Dieu ? Toujours conscients de la différence entre ce qui est et ce qui devrait être, nous nous engageons à pratiquer « la sainte insatisfaction » wesleyenne.5 

3. Nous nous engageons à être en dialogue avec ceux dont les expériences sont radicalement différentes des nôtres et nous nous engageons à examiner notre conscience dans la prière. Par exemple, au sein du Conseil des Évêques, les cinquante évêques actifs aux États-Unis s’engagent à écouter et à apprendre des dix-neuf évêques actifs en Afrique, en Europe, en Asie et aux Philippines. Ils examineront en outre dans la prière le fait que leur pays consomme beaucoup plus que sa juste part des ressources du monde, est le plus grand producteur de déchets et le plus important fabriquant d’armes.  

4. Nous nous engageons à faire cause commune avec les dirigeants religieux et les personnes de bonne volonté qui partagent ces préoccupations partout dans le monde. Nous tisserons des liens et collaborerons avec des partenaires œcuméniques et interreligieux ainsi qu’avec des organisations communautaires et religieuses en vue de renforcer nos efforts communs.   

5. Nous nous engageons à défendre la paix et la justice dans les hautes sphères du pouvoir, aussi bien dans nos pays respectifs qu’au sein des organisations internationales.

6. Nous nous engageons à mesurer « l’empreinte carbone »6  de nos bureaux épiscopaux et de notre dénomination, à déterminer comment la réduire et à mettre en pratique les mesures qui en découlent. Nous encouragerons nos paroisses, nos institutions et les personnes affectées à nos différents ministères à faire de même. 

7. Nous nous engageons à faire de notre mieux pour fournir à nos conférences les ressources nécessaires pour diminuer radicalement notre exploitation collective de la planète, des peuples et des communautés, y compris l’assistance technique en matière de construction et de mise en œuvre de programmes, l’éducation et la formation, les ressources destinées aux jeunes et le réseautage en ligne.

8. Nous nous engageons à transmettre l’espérance dans notre apport et notre soutien continu aux nombreux ministères transformateurs de notre dénomination. Nous rendrons tous les jours grâce à Dieu pour les fruits de l’œuvre de l’Église Méthodiste Unie et de chacun d’entre vous.

9. Nous nous engageons à utiliser plus efficacement les sites internet de l’Eglise et des communautés afin d’inspirer les gens et de partager ce que nous avons appris.7 Nous nous félicitons des efforts de communication déployés pour propager les récits d’épreuves et de transformation vécus au sein de notre dénomination.

Avec ces promesses, nous répondons à l’invitation gracieuse de Dieu à participer au processus de renouveau. Dieu est manifestement déjà à l’œuvre au travers de personnes et de groupes dans le monde entier. Nous nous réengageons à participer à ces mouvements, les mouvements de l’Esprit. Des jeunes collectent avec enthousiasme des fonds pour fournir des moustiquaires à leurs « frères et sœurs » à des milliers de kilomètres de là. Des dockers refusent de décharger les armes légères passées en contrebande aux combattants armés impliqués dans des guerres civiles sur leur continent. Des gens de foi exigent actuellement une réforme agraire au nom des agriculteurs sans terre. Des enfants et des jeunes ont créé des « équipes vertes » dans l’église en vue de transformer nos bâtiments et nos ministères en témoignages d’une gestion saine et durable. Des partenaires œcuméniques et interreligieux continuent à exiger que les puissances nucléaires majeures réduisent leurs arsenaux, petit à petit et de façon vérifiable, en vue d’instaurer un monde plus sécurisé et totalement dépourvu d’armes nucléaires. Dieu est déjà en train de créer quelque chose de nouveau. Par cette lettre et le document qui l’accompagne, nous renouvelons notre engagement à participer à l’œuvre de Dieu et nous vous exhortons tous à faire de même. 

Nous demandons instamment à tous les méthodistes, toutes les paroisses et tous les responsables publics : « Voulez-vous participer à l’œuvre de Dieu pour le renouveau de la création ? » Nous sommes remplis d’espérance en raison de ce que Dieu peut accomplir à travers nous et nous prions pour que vous répondiez après chaque question : « Oui, avec l’aide de Dieu ! » 

Que la grâce de Dieu purifie notre esprit, fortifie notre volonté et guide nos actes. Que l’amour de Dieu, la paix du Christ et la puissance du Saint Esprit soient parmi vous, partout et à jamais, afin que vous puissiez être une bénédiction pour toute la création et tous les enfants de Dieu, en rétablissant la paix, en nourrissant et pratiquant l’espérance, en choisissant la vie et en venant à la vie éternelle. Amen.

Notes

1  La Conférence Générale de 2004 de l’Église Méthodiste Unie a demandé au Conseil des Évêques de publier des nouveaux documents et un guide d’étude semblable à l’appel historique des évêques de 1986, À la Défense de la Création : la Crise Nucléaire et une Paix juste. Il s’agit de la réponse du Conseil à l’acte de la Conférence Générale (Livre de Résolutions de 2004 de l’Église Méthodiste Unie : « Remplacer ‘À la Défense de la Création’ par un nouveau document et un guide d’étude »).

2 En 2002, le Révérend Dr William Sloane Coffin a dit en faisant allusion à un trio politique de menaces, « La dégradation de l’environnement, la pandémie de la pauvreté et un monde inondé d’armes constitueraient un trio plus vraisemblable et beaucoup plus dangereux. » The Chautauqua Appeal [l’Appel de Chautauqua], avec Joan Brown Campbell et Stephen J. Sidorak, Jr.

3 Sauf indication contraire, toutes les citations de la bible en français sont tirées de La Bible Segond 21 (en anglais de la New Revised Standard publiée par le Conseil National des Églises du Christ aux USA).

4 Hymns and Sacred Poems [Hymnes et Poèmes sacrés], 1739

5 « Lorsque… la perfection chrétienne devient l’objectif, naît une espérance fondamentale dans le fait que l’avenir peut surpasser le présent. Il en résulte une sainte insatisfaction face à l’état actuel des choses – une insatisfaction qui mène au seuil critique nécessaire pour continuer le processus de transformation individuelle. Cette sainte insatisfaction est en outre facilement transférable du plan individuel à celui de la société, où elle fournit une motivation constante à la réforme à la lumière « d’une voie plus parfaite » allant au-delà de tout statu quo. Runyon, Theodore, The New Creation: John Wesley’s Theology Today [La Nouvelle Création : La Théologie de John Wesley Aujourd’hui] (Abingdon, Nashville), 1998, p. 168.

6 Une « empreinte carbone » est une estimation de la quantité de gaz carbonique (un gaz contribuant à l’effet de serre) qui est produit pour permettre les activités de la vie quotidienne, y compris les voyages et la consommation d’énergie des ménages. Les empreintes carbones s’appliquent aussi à plus grande échelle aux compagnies, aux entreprises et aux pays .


 le 3 novembre 2009 à Lake Junaluska, Caroline du Nord, USA

EEMNI