Par M. Garlinda Burton*
Décidée par la dénomination il y a 30 ans, l'interdiction d'ordonner des hommes gays et des lesbiennes reste en vigueur, mais les dirigeants évangéliques méthodistes constatent qu'il existe une forte minorité de chrétiens fidèles qui, basés sur la Bible, expriment avec force leur désaccord avec la position officielle.
C'est pourquoi les évêques évangéliques méthodistes, réunis du 28 avril au 3 mai, ont pris part au premier des quatre forums de discussion organisés sur cette question dans toute l'Eglise. Ces rencontres visent à créer un "espace ouvert, plein de grâce" où les gens doivent pouvoir s'exprimer, manifester leur désaccord et prendre conscience des "profondes blessures" subies par l'Eglise à ce sujet.
Pendant près de 20 ans, le Règlement de l'Eglise a contenu une disposition interdisant l'ordination de personnes "se déclarant elles-mêmes comme pratiquant l'homosexualité" et a prôné "la fidélité dans le mariage et le célibat vécu seul". Tout en reconnaissant "la valeur sacrée des personnes homosexuelles", la loi de l'Eglise condamne les pratiques homosexuelles comme étant "incompatibles avec l'enseignement chrétien".
Lors de la Conférence Générale (CG) 2000, une série de votes sur l'homosexualité - et des manifestations pro-gays - ont eu lieu dans une atmosphère particulièrement tendue. Par la suite, les délégués ont demandé à la Commission sur l'Unité chrétienne et les Affaires interreligieuses de la dénomination, ainsi qu'au Conseil des évêques, de promouvoir un débat sur ce sujet à l'échelle de l'Eglise. But de l'opération: proposer aux paroisses un modèle de dialogue honnête, réfléchi, remplaçant les disputes du type gagne/perd sur un thème qui est considéré par beaucoup comme étant actuellement la question la plus controversée au sein de la dénomination.
Lors de leur session de printemps, les membres du Conseil des évêques, groupés autour de tables, ont échangé leurs sentiments et leurs points de vue théologiques quant à une affaire dont de nombreuses personnes craignaient qu'elle puisse déchirer en deux la dénomination, forte de 9.7 millions de membres. Leurs commentaires répondaient à deux documents de travail présentés par des académiciens respectés, le pasteur Billy Abraham, de la Perkins School of Theology de Dallas et le pasteur Donald Messer de la Iliff School of Theology de Denver.
Citant Galates 3, 28-29, Messer déclara que l'inclusion de toutes les personnes est "un préalable à l'existence de l'Eglise de Jésus Christ une, catholique et apostolique". Il a aussi demandé aux évêques d'étudier si, de même que notre façon de voir aujourd'hui le divorce a subi un changement "dramatique", il n'y aurait pas une "nouvelle révélation ou une compréhension nouvelle, venant de Dieu" au sujet de l'identité sexuelle?
Abraham a répondu en disant que l'Evangile du Christ "ne porte pas sur l'inclusion ou l'exclusion. Il ne porte même pas sur le sexe". Par contre, a-t-il dit, l'Eglise - et ses évêques - est appelée à faire en sorte que "la Parole de Dieu, manifestée pour nous en Christ, s'accomplisse et soit mise en pratique". Il a souligné que "la Parole divine définitive et ultime " affirme clairement et uniquement l'union sexuelle entre partenaires hétérosexuels mariés.
L'évêque retraité Richard Looney, de Lake Junalaska, Caroline du Nord, a pris la défense de la position de l'Eglise. "Je veux espérer que notre position actuelle pourra être comprise comme empreinte d'amour. Nous n'avons pas de panneaux à l'entrée de nos églises disant: 'Entrée interdite aux homosexuels' . Nous avons une position sur l'homosexualité pratiquée et elle est en accord avec les Ecritures".
Les trois autres forums, organisés à l'échelle de l'Eglise, engloberont des membres du Conseil général des ministères, des jeunes et de jeunes adultes, ainsi que des gens de couleur ayant des responsabilités dans la dénomination. Les organisateurs espèrent promouvoir ainsi des débats semblables aux niveaux régional et local de l'Eglise.
Les évêques ont également consacré une journée à étudier le racisme et ses effets sur leur travail et leur vie. Ils ont débattu du défi que représente l'affectation de pasteurs sans tenir compte des frontières raciales et ont souligné la nécessité, pour les paroisses et les pasteurs, d'une formation et d'une préparation accrues afin d'assurer le succès des nominations trans-raciales.
Dirigé par le pasteur Chester Jones, responsable exécutif de la Commission religion et race - un organe de toute l'Eglise - la rencontre a mis les évêques au défi d'examiner dans quelle mesure leurs propres pratiques dans le processus d'affectations ou de promotions au sein du corps pastoral contribuent à promouvoir ou, au contraire, à éradiquer le racisme?
L'évêque William Dew, qui dirige le diocèse de Phoenix a été l'un de ceux qui a fortement souligné l'importance de la formation et de l'information dispensés aux églises locales lorsqu'il s'agit de recevoir et de collaborer avec un pasteur d'une race et d'une culture différentes de celles de la congrégation. "On ne peut jamais suffisamment préparer une église à cette expérience".
Il a également vivement encouragé ses collègues à identifier les églises et les pasteurs prêts à relever le défi d'une affectation trans-raciale et à leur donner un "appui visible" avant, pendant et après le processus de d'affectation.
Dans une église qui se prépare à recevoir un pasteur issu d'un autre groupe racial, le rôle du pasteur actuellement en poste dans cette circonscription "joue un rôle déterminant quant à savoir si la transition sera harmonieuse ou pas", a dit l'évêque Joel Martinez du diocèse de San Antonio (Texas). "Ces affectations trans-raciales sont fondamentales pour l'avenir de l'Eglise; il faut par conséquent collaborer avec tous les pasteurs et le cabinet, pour faire en sorte qu'elles soient une réussite”.
Pour l'évêque G. Lindsey Davis, du diocèse d'Atlanta, il reste que c'est la ténacité et l'engagement des évêques qui détermine le succès des pasteurs affectés au-delà des frontières raciales.
"La principale pierre sur laquelle achoppent les affectations trans-raciales est à nos pieds", a-t-il dit. "Le racisme restera un problème si nous n'avons pas le courage moral de faire ce que nous devons faire”.
Le Conseil des évêques comprend quelque 150 évêques en fonction et retraités des Etats Unis, d'Afrique, d'Europe et des Philippines.
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*Burton est le directeur du Service de presse évangélique méthodiste
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Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)