Nous, les humains, nous exploitons la terre et détruisons l’environnement. Ce n’est pas une raison pour désespérer, nous dit l’évêque méthodiste Rosemarie Wenner (EEM Allemagne). En Afrique, elle a ressenti le courage des chrétiens prêts et prompts à changer le monde.
Nous aussi, nous contribuons à faire d’une goutte d’eau sur une pierre brûlante un courant de justice*. Le monde est petit. Je l’ai compris depuis peu en marge d’une réunion qui s’est tenue à Kinshasa en République démocratique du Congo. Sur le chemin de l’aéroport, notre chauffeur se faufilait dans la circulation qui était dense. Le smog était presque insupportable. J’ai vu une Mercedes Sprinter avec sur ses flancs une pub pour une entreprise horticole de ma ville natale. Combien de voitures circulent à Kinshasa sans être passées au contrôle technique ou qui dégagent plus de gaz d’échappement que permis. Des hommes d’affaires ingénieux ont vendu sans hésiter ce véhicule pour l’Afrique. Il semble être là-bas très utile. Mais la voiture détruit la même atmosphère dont nous vivons au Congo et en Allemagne.
Corps du Christ dans le « village global »
Avec cette expérience, je n’aimerais pas pointer mon doigt la population des pays de l’hémisphère sud. Qui va leur reprocher d’essayer de maîtriser la vie chaotique de tous les jours, en utilisant tous les modes de transport à leur disposition ? En outre, en tant que pays industrialisés, on utilise autrement plus d’énergie qu’eux et on est beaucoup plus responsable du réchauffement climatique que les pays africains.
La voiture, qui me rappelle mon pays natal à Kinshasa, me montre à quel point nous sommes imbriqués dans le monde du « village planétaire ». Cela est vrai dans un sens spirituel : en provenance de tous les continents, nous formons à nous tous le Corps du Christ ; bien que vivant dans des conditions différentes, nous ne faisons qu’un dans le Christ.
Et nous sommes liés les uns aux autres d’une manière très concrète : nous vivons tous sur la même terre. Beaucoup de nos ressources sont limitées et l’écosystème supporte de moins en moins la surexploitation des ressources à laquelle nous nous livrons à l’heure actuelle. Les gens souffrent aujourd’hui toujours plus de sécheresses et de catastrophes naturelles.
Il est grand temps de prendre conscience de ce qui sert au bien de tous les habitants du monde entier. Nous devrions soutenir par exemple une politique qui n’ait pas d’abord pour premier objectif la croissance économique de l’Allemagne. Nous devrions réduire notre consommation d’énergie. Nous devrions acheter de la nourriture et des vêtements produits autant que faire se peut dans le respect de l’environnement et dont les producteurs sont rémunérés équitablement.
«Mains libres»
« Mains libres » est la devise du programme lancé par la Mission méthodiste unie à l’occasion du Carême. « Au lieu de « toujours plus » et de « de plus en plus vite », nous serons heureux avec « assez pour vivre », de sorte qu’il y en ait assez pour tous — ici en Allemagne, à Kinshasa et ailleurs. Cela sonne comme un beau rêve d’un monde meilleur.
Quand nous étions au Congo, nous avions presque perdu l’envie de rêver face à la pauvreté, à la dégradation de l’environnement et au manque de perspective. Cependant, la prédication de l’évêque David Yemba de Kinshasa dans le culte d’ouverture de la réunion avait une touche d’espérance : « Des hommes changés par le Christ changent le monde », s’écria-t-il. Les disciples du Christ contribuent à faire d’une goutte d’eau sur une pierre brûlante un puissant fleuve de justice qui ne tarit jamais*.
Lundi 14 mars 2011
Traduction eemni
*NDLR : cf. le proverbe «les petits ruisseaux font les grandes rivières».